jeudi 27 décembre 2007

L'ONCLE SAM (1823-2004)

(Extrait de "Le Monde Diplomatique")

MANIERE DE VOIR - AMERIQUE LATINE REBELLE

1823 (2 décembre). Formulation de la doctrine Monroe : sous prétexte de lutter contre les ingérences européennes, Washington entend instaurer son hégémonie sur tout le continent.
1824. Intervention des Etats-Unis à Porto Rico.
1831. Intervention en Argentine.
1846-1848. Guerre entre le Mexique et les Etats-Unis, qui s’emparent de la moitié du territoire mexicain – soit les Etats actuels de la Californie, du Nouveau-Mexique et de l’Arizona, ainsi qu’une partie de l’Utah, du Nevada et du Colorado.
1852-1853. Les marines débarquent en Argentine et au Nicaragua, secoués par des troubles, pour y protéger les intérêts américains.
1854. Un navire américain détruit la ville portuaire de San Juan del Norte (Greytown), au Nicaragua, en représailles à une offense faite au ministre-résident américain.
1855. Les armées américaine et européenne interviennent en Uruguay pour protéger les intérêts des Etats-Unis..
1860.Washington envoie des troupes en Colombie, où vient d’éclater une révolution.
1867. Les marines occupent Managua et León, au Nicaragua.
1891. Les troupes américaines affrontent les rebelles nationalistes au Chili et débarquent dans l’île de Navassa (Haïti) – revendiquée par les Etats-Unis –, après le soulèvement de travailleurs noirs.
1894. Occupation de Bluefields, au Nicaragua, après la prise du pouvoir du général « libéral » José Santos Zelaya, hostile aux Etats-Unis.
1896. Les marines débarquent dans le port de Corinto, au Nicaragua, en proie à des troubles politiques.
1898. Les Etats-Unis soutiennent la guerre d’indépendance des Cubains contre les Espagnols, auxquels ils déclarent la guerre après la destruction de l’USS Maine à La Havane. A l’issue du conflit, Madrid cède, entre autres, Porto Rico à Washington. Les Américains mettent en place un gouvernement militaire d’occupation à Cuba.
1899. Les troupes américaines et britanniques prennent le contrôle de San Juan del Norte et de Bluefields, au Nicaragua.
1902. Les Etats-Unis évacuent Cuba. En vertu de l’amendement Platt, ils en conservent la tutelle ainsi qu’un droit d’intervention, et se voient octroyer Guantánamo et l’île de Bahia Honda.
1903. Corollaire à la doctrine Monroe : le président Theodore Roosevelt octroie aux Etats-Unis le droit d’exercer « un pouvoir international de police ». Les marines occupent Puerto Cortés, au Honduras, et Saint-Domingue, en République dominicaine. Une « rébellion » protégée par l’US Navy déclare l’indépendance du Panamá (vis-à-vis de la Colombie).
1904. Le Panamá concède aux Etats-Unis l’usage à perpétuité du canal.
1906. Les Etats-Unis interviennent à Cuba à la suite de troubles consécutifs aux élections. Ils administreront l’île jusqu’en 1909.
1907.Washington dépêche des troupes au Honduras pour protéger ses intérêts, menacés par la guerre qui oppose le Honduras au Nicaragua.
1908. Les troupes américaines débarquent au Panamá afin de prévenir tout risque d’insurrection pendant les élections.
1909. Les marines sont envoyés au Honduras, où règne une guerre civile, afin de protéger les compagnies bananières américaines. Des troupes sont aussi dépêchées au Nicaragua, où Zelaya est « démissionné ».
1911. Les Etats-Unis interviennent de nouveau au Honduras.
1912. Les marines débarquent à Cuba après une révolte des travailleurs du sucre. A l’appel du président Adolfo Diaz, les Etats-Unis installent également des troupes au Nicaragua. Elles se retireront en 1925.
1914. L’armée américaine occupe plusieurs mois Veracruz, au Mexique, où la révolution a éclaté quatre ans auparavant.
1915. Des troupes sont envoyées en Haïti, en état d’insurrection. Le pays est placé sous protectorat jusqu’en 1934.
1916. Les Etats-Unis forment un gouvernement militaire en République dominicaine. L’occupation du pays prendra fin huit ans plus tard. Washington lance plusieurs offensives dans le nord du Mexique contre Pancho Villa.
1917. Les marines interviennent à Cuba pour réprimer une insurrection populaire et garantir les exportations de sucre.
1918. L’armée américaine occupe la province panaméenne de Chiriqui après des troubles consécutifs aux élections.
1919.Washington envoie les marines au Honduras pour y assurer l’« ordre public » pendant les élections. Des troupes entrent également au Guatemala, où un conflit oppose les syndicats au gouvernement.
1921. Les forces américaines prennent position des deux côtés de l’isthme de Panamá après un différend frontalier entre le Panamá et le Costa Rica.
1924. Des troupes débarquent au Honduras après une révolte populaire lors des élections.
1925. Au Panamá, les marines répriment violemment la grève générale qui agite le pays.
1926. Les troupes américaines occupent à nouveau le Nicaragua, qu’elles ont quitté un an auparavant, pour consolider le pouvoir de Diaz affaibli par l’agitation politique qui secoue le pays.
1927. Les marines affrontent la guérilla de Cesar Augusto Sandino lors de la bataille d’Ocotal, au Nicaragua. Celui-ci les tiendra en échec jusqu’à leur départ, en 1933, et sera assassiné l’année suivante sur ordre du général Anastasio Somoza, soutenu par Washington.
1932. Des navires américains croisent au large du Salvador après un soulèvement communiste dans le pays.
1933. Le président Franklin D. Roosevelt annonce qu’il veut substituer la politique du « bon voisinage » à celle du « gros bâton ».
1934. Fin du protectorat américain sur Cuba.
1947. Les Etats-Unis déploient des bombardiers B-29 après l’élection de Tomas Berreta à la présidence uruguayenne.
1950. Les marines écrasent la rébellion en faveur de l’indépendance à Porto Rico.
1954. Des exilés guatémaltèques entraînés par la CIA au Honduras et au Nicaragua renversent le président progressiste du Guatemala, Jacobo Arbenz, accusé d’être un « agent de Moscou ». Le colonel Castillo Armas instaure une dictature militaire.
1958. Les troupes américaines interviennent au Panamá après une mobilisation nationaliste.
1960. Le président Dwight Eisenhower donne son approbation à l’étude d’un programme d’action clandestine contre Cuba. Le 19 octobre, Washington promulgue un embargo sur le commerce avec l’île.
1961. Echec du débarquement de militants anticastristes, entraînés et équipés par les Etats-Unis, dans la baie des Cochons, à Cuba.
1962. Le 25 janvier 1962, l’Organisation des Etats américains (OEA), « ministère des colonies de Washington », exclut Cuba. Toutes les relations commerciales, diplomatiques et aériennes entre l’île et les autres pays du continent (sauf le Mexique) sont interrompues. Eclatant le 14 octobre, la « crise des fusées » oppose La Havane et Moscou à Washington.
1964. Les marines écrasent une révolte au Panamá en faveur de la restitution du canal. Encadrée par ses conseillers américains, l’armée colombienne attaque la « République indépendante » de Marquetalia, dont les combattants créeront ultérieurement les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).
1965. Au nom du « danger » communiste, les Etats-Unis envoient vingt mille soldats en République dominicaine pour réprimer une insurrection dirigée par une fraction de l’armée qui proteste contre le renversement de Juan Bosch.
1966. Les « bérets verts » interviennent contre les rebelles au Guatemala.
1967. Ernesto Che Guevara est tué par l’armée bolivienne, qu’épaulent les Etats-Unis.
1973. Le président chilien Salvador Allende trouve la mort lors du coup d’Etat mené par le général Augusto Pinochet, aidé militairement par Washington.
1980-1992. Les Etats-Unis offrent un soutien militaire au gouvernement salvadorien, en lutte armée avec la guérilla du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN).
1983. Les marines débarquent dans l’île de Grenade après la prise du pouvoir par le général procubain Hudson Austin.
1984. Les forces américaines minent les eaux de plusieurs ports du Nicaragua, dirigé depuis 1979 par les sandinistes, qui se préparent à organiser les premières élections générales pluralistes et qu’ils remporteront peu après avec 66 % des voix.
1986. Les Etats-Unis sont condamnés pour « usage illégal de la force » au Nicaragua par la Cour internationale de justice de La Haye. Scandale de l’« Irangate » : vente illégale d’armes à l’Iran pour financer les contras (groupes contre-révolutionnaires nicaraguayens).
1989. Les troupes américaines envahissent le Panamá et chassent le général Manuel Noriega du pouvoir au terme d’une semaine de combats.
1992. La loi Torricelli renforce le blocus de Cuba.
1994. Les Etats-Unis interviennent militairement en Haïti afin de rétablir à la tête du pays le président Jean-Bertrand Aristide, renversé en 1991.
1996. La loi Helms-Burton durcit notamment les sanctions à l’égard des pays commerçant avec Cuba.
2002.Washington participe en sous-main au coup d’Etat tenté, le 11 avril, contre le président vénézuélien Hugo Chávez.
2004. Les Etats-Unis, aidés par la France, démettent le président Aristide de ses fonctions et occupent Haiti.


L'AFRIQUE DIT "NON"

By Ignacio Ramonet

Ainsi donc, au grand dam de l’arrogante Europe, l’inimaginable s’est produit : dans un élan de fierté et de révolte, l’Afrique, que certains croyaient soumise parce qu’appauvrie, a dit « non ». Non à la camisole de force des accords de partenariat économique (APE). Non à la libéralisation sauvage des échanges commerciaux. Non à ces ultimes avatars du « pacte colonial ».
Cela s’est passé à Lisbonne, en décembre dernier, lors du IIe sommet Union européenne - Afrique, dont l’objectif principal était de contraindre les pays africains à signer de nouveaux traités commerciaux (les fameux APE) avant le 31 décembre 2007, en application de l’accord de Cotonou (juin 2000), qui prévoit la fin de la convention de Lomé (1975). Selon celle-ci, les marchandises en provenance des anciennes colonies d’Afrique (et des Caraïbes et du Pacifique) entrent dans l’Union quasiment sans droits de douane, à l’exception de produits sensibles pour les producteurs européens comme le sucre, la viande et la banane.
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a exigé le démantèlement de ces relations préférentielles, ou alors leur remplacement – seul moyen, selon l’OMC, de préserver la différence de traitement en faveur des pays africains – par des agréments commerciaux fondés sur la réciprocité (1). C’est cette seconde option qu’a retenue l’Union européenne, le libre-échange intégral camouflé sous l’appellation « accords de partenariat économique ».
Autrement dit, ce que les Vingt-Sept exigent des pays d’Afrique (et de ceux des Caraïbes et du Pacifique (2)), c’est d’accepter de laisser entrer dans leurs marchés les exportations (marchandises et services) de l’Union européenne, sans droits de douane.
Le président sénégalais Abdoulaye Wade a dénoncé ce forcing et a refusé de signer. Il a claqué la porte. Le président de l’Afrique du Sud, M. Thabo Mbeki, l’a immédiatement soutenu. Dans la foulée, la Namibie a également pris la courageuse décision de ne pas signer, alors qu’une augmentation des droits de douane de l’Union européenne sur sa viande bovine marquerait la fin de ses exportations et la mort de cette filière.
Même le président français, M. Nicolas Sarkozy, qui avait pourtant eu des mots fort malheureux à Dakar en juillet 2007 (3), a apporté son appui aux pays les plus opposés à ces traités léonins : « Je suis pour la mondialisation, je suis pour la liberté – a-t-il déclaré –, mais je ne suis pas pour la spoliation de pays qui, par ailleurs, n’ont plus rien (4). »
Cette fronde contre les APE – qui suscitent, au sud du Sahara, une immense vague d’inquiétude populaire ainsi qu’une intense mobilisation des mouvements sociaux et des organisations syndicales – a porté. Le sommet s’est terminé sur un constat d’échec. M. José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, a été contraint de céder et d’accepter la revendication des pays africains de poursuivre le débat. Il s’est engagé à reprendre les négociations en février prochain.
Cette cruciale victoire de l’Afrique est un signe supplémentaire du moment favorable que connaît le continent. Au cours des dernières années, les conflits les plus meurtriers se sont terminés (seuls demeurent ceux du Darfour, de la Somalie et de l’est du Congo), et les avancées démocratiques ont été consolidées. Les économies continuent de prospérer – même si les inégalités sociales demeurent – et sont pilotées par une nouvelle génération de jeunes dirigeants.
Autre atout enfin : la présence de la Chine, qui, investissant massivement, est sur le point de supplanter l’Union européenne au premier rang des fournisseurs du continent africain, et qui, par ailleurs, pourrait devenir, dès 2010, son premier client, devant les Etats-Unis. Il est loin le temps où l’Europe pouvait imposer de désastreux programmes d’ajustement structurel. L’Afrique se rebiffe désormais. Et c’est tant mieux.

Ignacio Ramonet.

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(1) Lire Alternatives économiques, Paris, décembre 2007.
(2) Les pays des Caraïbes ont accepté, le 16 décembre 2007, de parapher un APE avec l’Union européenne.
(3) Dans son discours à l’université de Dakar, le 26 juillet 2007, M. Sarkozy avait déclaré : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire (...), jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. » Lire Anne-Cécile Robert, « L’Afrique au kärcher », Le Monde diplomatique, septembre 2007.
(4) Le Monde, 15 décembre 2007.
Édition imprimée — janvier 2008 — Page 1
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mardi 25 décembre 2007

VOEUX DE PAIX ET PROSPERITE

Le blog SANSSOUCI365 souhaite ses voeux les meilleurs de paix, de prospérité au peuple et gouvernement haïtiens. Que cette nouvelle année nous apporte réconciliation, bonheur, la paix dans les rues, dans les quartiers, les villes, les campagnes, les communes, les sections rurales, les écoles etc! Que les hommes de robes prennent la décision ferme de prêcher l'amour fraternel et que les haïtiens cessent de s'entre-tuer. Seulement les bonnes nouvelles de Jésus Christ, Dieu se faisant Homme peuvent changer le coeur des hommes. "Aime ton prochain comme toi -meme" il proclamât deux milles ans de cela et ces mots sonnent encore plus fort aux oreilles des hommes. Simple message mais profond.

Joyeux Noël & Bonne Année 2008!