vendredi 28 décembre 2012

TRANSCENDANCE

Éditorial – Le Matin Transcendance ! - Les années passent et se ressemblent en Haïti. Comme si le temps haïtien semble s’être figé dans la déclinaison navrante et mortifère du même et du pareil. Le « système » que le candidat Joseph Michel Martelly se proposait d’abattre semble l’avoir ba… 2012-12-27 17:34:05 - Les années passent et se ressemblent en Haïti. Comme si le temps haïtien semble s’être figé dans la déclinaison navrante et mortifère du même et du pareil. Le « système » que le candidat Joseph Michel Martelly se proposait d’abattre semble l’avoir battu et abattu une fois devenu président. Il a plus continué le mal réprouvé qu’il n’a institué le bien recherché. L’Haïti « Tèt kale » a beaucoup donné, en 2012, dans le désordre institutionnel, le flou populiste entre l’autoritarisme et le « lese grennen », les gesticulations intimidantes, les déclamations péremptoires, les promesses chimériques, les mises en scène médiatiques et le faire-semblant burlesque. Cette théâtralisation tragi-comique du pouvoir n’a fait que retarder les échéances et mettre à nu l’incapacité des élites gouvernantes à transformer Haïti et l’engager dans la modernité. La politique-spectacle a montré ses limites au contact de la réalité. Le grand décollage promis a constitué, jusque-là, en un grand décalage entre les résultats et la propagande officielle. La croissance économique n’a été que de 2.9%. Toutes les prévisions optimistes des latino-américains pour notre pays et les chansons roses et fleuries du pouvoir se sont muées pour les agents économiques en lamentations et en ballades de pendus. Avec cette performance économique des plus médiocres de l’équipe Martelly-Lamothe que nous ont révélée les statistiques indépendantes, le pays a droit à un changement de cap en 2013. Inévitablement. Un aggiornamento est nécessaire. Les adaptations cosmétiques à partir de mutations de personnel, de démissions forcées, de replâtrage gouvernemental extravagant dans la forme, et trompeur sur le fond, ou d’opérations vendettas des clans en litige, ne changeront pas la tonalité maussade du climat sociopolitique. Plus et mieux devront être faits dans la sphère des politiques publiques. Les Haïtiens s’ennuient. Les portefeuilles des uns et des autres se rétrécissent. La courte période des fêtes a coïncidé avec une saison de grognes prolongée. Haïti a été, en effet, une République de grognards en 2012. Et pour cause. Les belles et élégantes femmes haïtiennes qui peuplent nos rues nous disent que le pays regorge d’assez de salons de beauté pour qu’on en fasse un d’un gouvernement. Il faudra des changements réels. Non des maquillages. Les bonnes intentions sont, pourtant, là. On eût dit même qu’il n’y a que des « Mères Theresa » et des « Papas bon cœur » au sommet de l’État. Toute politique sociale annoncée au bénéfice du « petit peuple » s’accompagne de louanges et de cérémonies dithyrambiques bruyantes envers les chefs bienfaiteurs. Ce qui manque, c’est une orchestration savante et sophistiquée de l’art de gouverner et une vision sobre et authentiquement transformatrice du pouvoir et du social. Des compétences sont aussi là, éparses et diverses, dans de hautes fonctions et les antichambres. Elles sont saluées, pour la plupart, dans cette édition spéciale du Matin. Nous reconnaissons, toutefois, que le logiciel humain, doctrinal et idéologique à même d’ordonner les élans et pulsions solitaires et de faire fonctionner efficacement et harmonieusement la machine gouvernementale, fait terriblement défaut. Les improvisations désordonnées ont fini par enlever tout ordre à la direction de l’État. D’où cette impression de dérive dans la conduite des affaires de la Nation. Haïti n’a pas connu que des ratés en 2012. De nombreux acteurs du social, du politique et de l’économique se sont admirablement signalés dans des domaines variés durant cette année défunte. Ils sont aussi salués ici sans esprit d’exhaustivité. Ce sont des modèles de courage, de dévouement, de créativité et de performance à émuler en 2013. Malgré les défaillances individuelles et les contraintes structurelles qui ont limité le champ et la portée de leurs actions. Une nouvelle année lourde en désagréments pour notre pays se pointe. Nous ne pouvons qu’émettre le vœu que le pouvoir se transcendera pour se faire neuf, dans son paraître et son être, dans l’accomplissement de ses grandes missions. Le même devoir de transcendance s’imposera à tous les Haïtiens qui devront autant se faire nouveaux, dans leur essence, dans l’impérieuse œuvre collective d’édification d’une Haïti nouvelle. Daly Valet

mercredi 26 décembre 2012

QU'AVONS-NOUS FAIT DE NOTRE INDEPENDANCE? (1/1/1804 - 1/1/2013)

Soumis à Tout Haiti le 25 Décembre 2012 - Pratt Vernio Memnon --- Le Congrès des Clairières avec Boukman Dutty, les défaites des Espagnols et du général anglais Maitland aux mains du général Toussaint Louverture, l'héroïque résistance du général Henry Christophe face à l'expédition de Leclerc, la brillante révolte menée par le général Alexandre Pétion contre les Français au Haut-du-Cap, la sanglante bataille de la Crête-à-Pierrot gagnée par le général Jean-Jacques Dessalines, l'historique bataille de Vertières avec le général Capois-la-Mort qui scella la victoire des noirs de Saint-Domingue, enfin, autant de luttes antiesclavagistes livrées avec éclat et succès par les pères fondateurs jusqu'à l'apothéose de 1804. Alors, comment expliquer qu'après de tels glorieux faits d'armes et de telles prouesses historiques inédits dans l'histoire de l'humanité qu'Haïti soit aujourd'hui l'un des dix-sept pays les plus faibles de la planète et le seul pays moins avancé de l'Amérique ? On s'était fait à l'idée, dès sa création, que notre nation ne serait jamais parfaite, car elle est composée et dirigée par des humains ; des humains qui sont capables du meilleur autant que du pire. Mais on savait que les erreurs et les abus du passé nous rappelleraient toujours notre besoin de nous améliorer sans cesse, d'apporter les ajustements nécessaires, le cas échéant, et, finalement de toujours préserver notre patrie aux fins de la remettre intégralement aux mains des générations naissantes et futures. C'est d'ailleurs un gage de survie, de continuité et d'épanouissement pour toute société organisée. On s'était également fait à l'idée que la vie nationale collective ne serait pas facile ; tant de choix à faire, de défis à relever, de responsabilités à assumer. Mais on espérait voir germer dans le cœur de chaque citoyen haïtien un incoercible sentiment de profond amour pour leur pays, une exigence, voire une obligation de le chérir et de le protéger. J'entends déjà vos commentaires; oui, mais l'amour des Haïtiens pour leur pays est connu de tous. C'est tout à fait vrai. Les musiciens l'ont chanté et les poètes l'ont immortalisé. C'est encore juste. Toutefois cet amour qu'ont les Haïtiens pour cette terre qui les a vus naître, est-il un amour vrai caractérisé par un patriotisme authentique? Un patriotisme authentique qui exprime notre civisme et notre participation citoyenne, et surtout qui fait appel à notre capacité de servir notre pays sans rien attendre en retour sinon que la fierté citoyenne d'avoir contribué au bonheur de notre nation, car il n'y a pas de plus grande expression de patriotisme que de se mettre au service de son pays et que chaque personne qui détienne une responsabilité dans notre société se souvienne qu'elle est, avant tout, au service des autres. Notre insouciance a entrainé le pays dans des conflits de valeurs, des changements culturels troublants avec comme conséquence une radicale remise en question de nos traditions historiques, une déliquescence de l'État qui plonge le pays dans une gouvernance malsaine, dans une déchéance des valeurs ancestrales qui caractérisent depuis toujours notre société. Le peuple haïtien assiste médusé et impuissant, depuis environ trois décennies, à une dégradation accélérée de ses modes de vie et à un effritement prononcé de cette liberté fécondée et née du sacrifice surhumain des esclaves, nos pères et nos mères. Nous sommes à un point de non-retour. Notre terre natale est malade et menacée. Comme citoyens et citoyennes, comment nous situer, où donc devons-nous nous positionner par rapport à tout cela ? Comment orienter notre réflexion pour affronter les défis du XXIe siècle ? Une chose est certaine, si nous voulons réellement donner à notre pays un regain d'énergies citoyennes, ranimer la fierté patriotique commune, retrouver cette liberté reçue en héritage et transformer cette ère difficile en une ère agréable, nous devons nous y investir immédiatement et massivement dans ce qui constitue la raison existentielle de notre patrie : défendre et protéger la dignité de l'homme haïtien ; une dignité dont la valeur est inaliénable et universelle. Le philosophe Kant ne nous a t'il pas enseigné que la dignité de l'être humain est sacrée ? Il y a des pratiques à abandonner, à éradiquer : les ambiguïtés dans nos choix politiques, la course effrénée vers l'argent et le pouvoir, l'iniquité de notre système judiciaire, l'agriculture de subsistance imposée à nos paysans, l'extrême concentration de la richesse dans des mains pas trop nationalistes, la centralisation à outrance de la bureaucratie publique. Il y a aussi des choses à cultiver et à faire grandir irrémédiablement : la souveraineté nationale, la stabilité politique, le dialogue national permanent et continu ainsi que l'émergence d'une économie durable et endogène. En ce sens, Haïti se situe exactement au point de rencontre de ces deux références au temps : célébrer son histoire pour réveiller son esprit de grandeur et définir ses priorités d'avenir pour gagner la bataille du XXIe siècle. Pour cela, il nous faut rénover notre présent dévasté par nos inconséquences pour le rendre apte à regarder l'avenir avec sérénité, reprendre l'itinéraire authentique tracé par les pères de la patrie et arrimer notre quotidien à la promotion d'une société égalitaire et respectueuse de leurs rêves. Ainsi nous aurons réveillé dans la conscience nationale les idéaux de grandeur endormis depuis trop longtemps et trop profondément dans notre mémoire collective. ... ne dit-on pas que les peuples matures regardent toujours leur passé avec honnêteté, respect et inspiration...? Alors, à défaut de pouvoir changer le passé, inspirons-nous-en et engageons-nous ensemble à construire le futur. Ce chantier collectif fait appel à toutes les strates sociales haïtiennes. Des politiciens, qui doivent définir les normes d'une réelle démocratie, pas n'importe laquelle, une démocratie qui fera enfin décoller cette refonte de notre système politique initiée au tournant des années quatre-vingt et qui est porteuse de grands espoirs pour la nation, aux acteurs de la finance, qui doivent également revisiter notre système économique, revoir tout son mode de fonctionnement ; et cette fois, pas de demi-mesure pour satisfaire quelques ambitions personnelles: nous devons prendre à bras-le-corps l'élaboration d'une nouvelle architecture économique destinée à doter le pays d'une classe moyenne nombreuse, entreprenante et instruite. Les universitaires doivent y participer, y contribuer, eux aussi, en transmettant à nos jeunes une formation solide et authentique, car une démocratie forte et une économie saine requièrent la contribution de citoyens instruits. Et quant aux jeunes, porteurs de grandes valeurs pour l'avenir de notre pays, ils doivent avoir l'audace d'un Toussaint et la détermination d'un Capois pour pouvoir résister à l'appât de la facilité financière que leur offre la déchéance sociale. Qu'ils sachent aussi que l'ascension du pays vers la rédemption se trouve entre leurs mains. Naturellement, la gent masculine doit comprendre et admettre que tout cela ne se fera pas sans la participation sensible des femmes haïtiennes. Elles sont incontournables, "non-indexables" car c'est par elles que la prospérité économique arrivera puisqu'elles ont toujours été et sont encore les poumons de notre pays. Je vous en conjure, mesdames, soyez des femmes d'action et de cœur, des femmes d'acharnement et de persévérance afin d'imprégner la pensée économique nationale d'une nouvelle sensibilité sociale et surtout d'infuser un peu de sagesse et d'équilibre à la politique haïtienne longtemps désertée par le sens de la répartie. Est-ce utopique de croire encore en un rêve commun, en un idéal commun, en une nation commune? Est-ce farfelu de croire qu'Haïti puisse être à la fois un pays fier de son passé, satisfait de son présent et confiant dans son avenir? Non, le miracle est encore possible si, animés d'un patriotisme sincère, mais austère, d'un dévouement civique et sans limites, nous acceptons d'y consentir les sacrifices politiques adéquats, nous acceptons d'y déployer les efforts sociaux requis, nous acceptons d'y dépenser les énergies citoyennes nécessaires au lieu de nous accrocher à nos convictions obscurantistes, jusqu'au-boutistes et rétrogrades ou mieux à la peur d'être dépassés par un futur incertain. Nous avons le devoir de transformer le pays, l'obligation d'achever notre indépendance et pour que cela soit possible, il nous faut nous tenir les uns à côté des autres formant une véritable nation unanime, tricotée à mailles serrées. Nous devons panser nos "blessures sociopolitiques" et retisser nos fragiles liens sociaux, nous libérer de nos peurs et vaincre chacune des résistances des uns et des autres afin de rétablir le juste équilibre et une connexion féconde entre les diverses couches sociales, politiques et économiques de la nation haïtienne, avoir un comportement patriotique, un respect toujours plus grand de l'autre. Nous devons nous donner les moyens de nos ambitions et ses moyens sont entre autres : un nouveau rapport d'équilibre entre les hommes et les femmes, des leaders forts et engagés au côté du peuple, une démocratie citoyenne vigoureuse et authentique. C'est alors et alors seulement que le rêve d'une Haïti plus humaine et plus juste totalement libérée de l'exploitation économique, de la dictature politique, de l'exclusion sociale, des querelles intestines, trouvera écho en nos âmes et consciences et conséquemment, non seulement, on ravira à la communauté internationale tout espoir de nous réoccuper, mais, encore et surtout, on confirmera au monde entier que notre indépendance n'a pas été un accident de l'histoire. Que la célébration de ce 1er janvier 2013 réveille notre conscience citoyenne pour trouver réponse à la question suivante : que voulons-nous faire de notre pays ? C'est de notre conscience citoyenne que jaillira en effet la réponse. Il n'y a ni de bonnes, ni de mauvaises réponses, mais seulement des gestes patriotiques dynamiques et des actions citoyennes hardies et ambitieuses à la hauteur de nos talents et de nos compétences. Que les dieux tutélaires de la nation nous guident et nous protègent! Pratt Vernio Memnon

jeudi 20 décembre 2012

BILAN DE L'ANNEE 2012

Michel Soukar: BILAN DE L'ANNÉE 2012 - Publié le jeudi 20 décembre 2012 18:30 - Ecrivain Michel Soukar - L'année 2012 est marquée par une série de scandales, de conflits, de crises, de désastres aussi bien humains que naturels. I. PLAN POLITIQUE - Conquis au nom du changement et basé sur un programme axe sur 5 «E» : Education, Emploi, Environnement, État de Droit et Énergie, le Pouvoir Exécutif s'est enlisé dans une série d'affaires, de conflits, de scandales et de crises à répétition, entrainant dans son sillage les deux (2) autres Pouvoirs de l'Etat : le Législatif et le Judiciaire . A. POUVOIR EXECUIF - Depuis l'adoption de la Constitution du 29 mars 1987, le Peuple haïtien soupire après un changement qui tarde à se concrétiser. Pour la Vérité et pour l'Histoire, c'est l'homme d'affaires Daniel Gérard Rouzier qui, désigné Premier Ministre par le Président Joseph Michel Martelly, avait synthétisé et résumé le programme du Gouvernement en 4 «E», auxquels est venu se greffer un cinquième. Dans ses interventions publiques, il avait clairement indiqué qu'il allait s'inspirer des recommandations du rapport de la Commission sur la Compétitivité, formée sous le Gouvernement de René Préval, pour étoffer son programme de Gouvernement. Mais on connait le sort réservé au choix de Monsieur Rouzier. Parmi les quatre (4) Premiers Ministres désignés par le Président Joseph Michel Martelly, deux (2) ont bénéficié des faveurs du Parlement. Il s'agit de Garry Conille et de Laurent Salvador Lamothe. Durant les quatre (4) mois passés comme Chef de Gouvernement, Monsieur Conille n'a pas eu le temps de doter les 5 «E» d'un contenu réel. 1. Des «E» Vides. - Contrairement au Président Préval qui avait formé des Commissions pour réfléchir sur des thèmes d'intérêt commun, le Président Martelly change de méthode. Il a opté plutôt pour l'organisation de semaines de réflexions sur ces thèmes. C'est ainsi qu'il y a eu consécutivement des semaines de réflexion sur le Tourisme, la Construction, l'Éducation, le Logement, l'investissement, etc. Mais aucun document n'est sorti de ses réflexions. Sous le Gouvernement dirigé par le Premier Ministre Lamothe, les réunions se sont accélérées. Il ne se passait une semaine sans qu'il ne fût organisé un colloque ou un séminaire dans un des hôtels de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Pourtant, les «E» sont vides. Les slogans ont pris le pas sur les programmes : a) Éducation : le problème est mal posé. La question de l'adéquation entre l'offre et la demande scolaire et celle de la qualité de l'enseignement ne sont pas abordées ; b) Emploi : il n'existe ni politique ni programme tendant à créer des emplois et à réduire le chômage dans le pays ; c) Environnement : encore absence de politique et de programme destinés à réduire la vulnérabilité du pays dans ce domaine ; d) État de Droit : la primauté du droit et l'égalité de tous devant la Loi sont des vœux pieux ; e) Énergie : c'est la confusion. Personne ne sait qui du nouveau Ministre délégué a l'Energie, qui de l'ED'H est chargé de la définition de la politique dans ce domaine crucial. C'est plutôt la propagande politique qui occupe l'espace médiatique. Cette propagande s'articule autour de slogans creux comme «Ti Manman Chérie, Aba Grangou, Katie Pam Poze, Banm Limie Banm Lavi, Ede pep, etc. » Les Conseils de Gouvernement et des Ministres sont retransmis en direct à la radio et à la télévision. La Télévision Nationale cesse d'être «la Chaine du Service Public». Elle est devenue depuis sa fusion avec la Radio Nationale et le changement à la tête de sa Direction Générale, «tantôt «la vue et l'image du changement», tantôt le son et la vue de la Nation.» D'autres stations de Télévision privées lui ont même emboité le pas. Serait-on revenu au temps des «Affaires publiques» sous Duvalier ? 2. Affaires, Scandales, et Conflits - L'année 2012 débute sur un conflit latent entre les Pouvoirs Législatif et Exécutif. La rentrée Parlementaire du deuxième lundi de janvier 2012 s'annonçait chaude. Avant son ajournement, la Chambre des Députés avait promis de se prononcer sur le cas de l'arrestation du Député Anel Belizaire. Rien n'en fit! Les quatre cent millions de gourdes, débloqués à l'occasion des fêtes de fin d'année, ont eu raison de l'affaire Belizaire. C'est plutôt le Sénateur du Nord, Moise Jean-Charles, qui passait à l'action en remettant en question la nationalité du Président de la République et de certains Ministres et Secrétaires d'Etat du Gouvernement Martelly-Conille. D'entrée de jeu, le Senat avait décidé de former une commission d'enquête sur la question. Cette commission avait axé son travail sur l'analyse des documents de voyage de tous les membres du Pouvoir Exécutif. Cette question de nationalité a créé beaucoup de tension et de confusion au sein du Pouvoir Exécutif. Le Président de la République et certains Ministres étaient contre la soumission des documents de voyage à la Commission Sénatoriale d'enquête. Mais, le Premier Ministre Conille était pour. Jusqu'à présent, on attend le rapport de la Commission Sénatoriale. D'autres conflits interpersonnels s'accentuaient au sein du Pouvoir Exécutif. Le Premier Ministre Garry Conille affichait ouvertement des différences de vue très marquées avec le Président de la République sur des points comme l'arrestation du Député Belizaire, la double nationalité et la publication de la Constitution de 1987 amendée. M. Conille a rendu visite au Député Belizaire au Pénitencier National le soir de son arrestation. Il était pour la communication des passeports des Membres de son Gouvernement à la Commission d'Enquête Sénatoriale et pour la publication de la version amendée de la Constitution de 1987. Le conflit entre le Président et son Premier Ministre avait laissé le stade de ragots pour se manifester en plein jour. Un incident très grave s'était produit. Le Président de la République débarque en pleine soirée à la Résidence officielle du Premier Ministre à Musseau, au moment ou celui-ci offrait un diner en l'honneur de certains Parlementaires, question peut-être de soigner sa base. La Presse a fait état d'échanges de propos disgracieux entre le Président de la République et certains Parlementaires présents ou absents. Selon les analystes politiques, le conflit entre le Président de la République et le Premier Ministre Conille avaient atteint un point de non retour. Ce point de vue était corroboré par l'absence remarquée du Premier Ministre aux festivités commémoratives du Carnaval national, organisé aux Cayes. L'annonce de la démission du Premier Ministre Garry Conille et son acceptation par le Président de la République ne s'étaient pas fait attendre. La Presse locale se faisait déjà l'écho des noms de candidats au poste de Premier Ministre. C'était ceux de Messieurs Laurent Lamothe, Thierry Mayard-Paul et de Madame Anne-Valérie Timothée Milford. Apres les consultations d'usage avec les Présidents des deux branches du Parlement, Monsieur Laurent Salvador Lamothe, Ministre des Affaires Etrangères du Gouvernement Martelly-Conille, était désigné par le Président de la République pour remplacer le Premier Ministre Garry Conille, démissionnaire. Mais une question fusait de toutes parts : Monsieur Lamothe remplissait-il les conditions requises à l'Article 157 de la Constitution de 1987 pour être nommé Premier Ministre ? De sérieux doutes subsistaient sur sa nationalité haïtienne, sa résidence dans le pays au cours de cinq (5) années consécutives. Seule la condition relative à l'âge était remplie. Mais, la question était posée différemment au sein du Pouvoir Législatif. L'approbation du choix de M. Lamothe était assujettie à quatre (4) conditions : la soumission des documents de voyage du Président de la République à la Commission Sénatoriale, la publication de la version amendée et corrigée de la Constitution de 1987, la participation directe au Gouvernement et l'octroi de postes aux proches des Sénateurs et des Députés. La question de la nationalité du Président de la République était réglée. Au cours d'une cérémonie, réunissant au Palais National des Membres du Cabinet Ministériel et des Représentants du Corps Diplomatique et de Religion pour la Paix, le Président Martelly, accompagnée de sa femme, étalait ses passeports haïtiens sur une table devant les cameras de la presse et sous les regards des journalistes présents. Le clou de la cérémonie était le témoignage de l'Ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique du Nord, disant que le Président Michel Martelly n'avait pas la nationalité américaine et qu'il est Haïtien. Puis, les Représentants de Religion pour la Paix, une organisation réunissant un Evêque de l'Eglise Catholique Romaine, un de l'Eglise Apostolique, un Pasteur de cultes réformés et un Prêtre Vodou, étaient chargés de communiquer les documents au Sénat. La publication de la version amendée et corrigée de la Constitution de 1987 était chose acquise. Elle devait simplement attendre la ratification du choix du Premier Ministre et de sa Déclaration de Politique Générale. Aucun doute ne subsistait non plus sur la question du partage du pouvoir. De nombreux Sénateurs étaient pressentis comme Ministres. Quant à la question d'octroi de postes aux proches de Sénateurs et de Députés, elle était également réglée. Pratiquant la diplomatie d'affaires, le Ministre des Affaires Etrangères Laurent S. Lamothe a rempli les couloirs des Représentations Diplomatiques et Consulaires à l'étranger de nouveaux fonctionnaires, proches parents et allies Sénateurs et de Députés. Ce n'est pas étonnant d'entendre que des proches parents de députés nommés dans la diplomatie s'adonnent au trafic de visas. C'est la diplomatie d'affaires! Comme prévu, la ratification du choix du Premier Ministre Laurent Salvador Lamothe et celle de son Énoncé de Politique Générale s'étaient effectuées sans surprise par les deux (2) branches du Parlement. Au Sénat, cette ratification était facilitée par la présence et la collaboration des 10 Sénateurs dont le mandat allait arriver à expiration : Jean Hector Anacasis (ouest), Joseph Lambert (Sud-est), Nenel Cassy (Nippes), Yvon Bissereth (Sud), Michel Clerié (Grande-Anse), Youri Latortue (Artibonite), Kely C. Bastien (Nord), Evallieres Beauplan (Nord-d'Ouest), Rodolphe Joazile (Nord-d'Est) et Edmonde Supplice Beauzile (Centre). Comme pour créer de l'Emploi, le Président Martelly et le Premier Ministre Lamothe ont formé un Cabinet Ministériel pléthorique, composé d'une trentaine de Ministres et de Secrétaires d'Etat. Par exemples, un Ministère à la Pauvreté est créé à côté du Ministère des Affaires Sociales, un Ministère à la Condition Paysanne est créé à côté du Ministère de l'Agriculture, des ressources Naturelles et du Développement Rural, le Ministère de la Défense est séparé de celui de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales. En plus de la duplication de postes et de fonctions, a-t-on réfléchi au poids du Gouvernement sur le Budget de la République ? Quelques temps plus tard, un conflit de personnalité entre le Premier Ministre Lamothe et le Ministre de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales, M. Thierry Mayard-Paul, a abouti au renvoi de ce dernier et à un replâtrage du Cabinet Ministériel. Le Premier Ministre s'attribue le Portefeuille de la Planification et de la Coopération Externe, le Ministre de la Planification passe aux Affaires Sociales. Le Ministre des Affaires Sociales devenait Ministre de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales. Débouté sur la question de la nationalité, le Sénateur Moise Jean-Charles contre attaquait sur l'ensemble de dossiers : la milice rose, la vie chère et la corruption. Sur la question de l'armée, il était bien servi dans ses dénonciations par la mobilisation des membres des anciennes Forces Armées d'Haïti (FAd'H) et de jeunes postulants dans certaines régions du pays, notamment à Port-au-Prince, à Saint-Marc et au Cap-Haitien. Ces derniers déambulaient lourdement armés dans des camionnettes dans plusieurs villes du pays sans être inquiétés. Au Cap-Haitien, ils ont occupé les locaux désaffectés de l'Organisme de Développement du Nord (ODN). Ils ont même reçu la visite de l'ex-chef rebelle Guy Philippe le 18 mai. Ceux de Port-au-Prince ont une fois tenté de s'introduire au Parlement. Les réponses du Gouvernement Martelly-Lamothe paraissaient à la fois timides et contradictoires. Cependant, on apprenait un bon matin que les ex-FAd'H ainsi que les jeunes postulants avaient abandonné leurs campements. De gré ou de force ? En fin d'année, des rumeurs circulaient dans la presse sur la formation d'un groupe de pression au Cayes, dénommé « le Police ». Le Sénateur Moise Jean-Charles abandonnait le Sénat pour prendre la tête de manifestations populaires contre la vie chère et les malversations se donnant libre cours dans l'entourage du Président Martelly. Il était rejoint dans sa croisade non seulement par d'autres Sénateurs mais aussi par deux (2) jeunes avocats du Barreau de Port-au-Prince, Mes Newton St-Juste et André Michel. Ces derniers avaient décidé d'intenter une action en justice contre la Première Dame de la République et son Fils ainé pour usurpation de titres et détournement de fonds publics. Ils accusaient la Première Dame et son fils de gérer des fonds du Trésor pour financer des programmes sociaux sans titre ni qualité. Le Parquet près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince avait décidé de classer l'affaire sans suite, en application du principe de l'opportunité des poursuites. Cependant, leur action avait porté le Gouvernement à regrouper ses prétendus programmes sociaux sous le vocable «Ede Pep». La gestion et l'exécution de «Ede Pep» sont confiées au Fonds d'Assistance Economique et Sociale (FAES). Cependant, ce n'est pas la Mission du FAES de gérer ni d'exécuter ce genre de programme. Le risque de dévoyer la mission de cette institution, créée conjointement par l'Etat haïtien et les Institutions Financières internationales, est énorme. Il en est de même de l'utilisation abusive des fonds du Programme Petro Caribe à des fins humanitaires. Autant d'éléments qui apportent de l'eau au moulin des organisations internationales reportant sur la perception de la corruption. Sur la question de la corruption, l'environnement politique haïtien s'envenimait, suite aux révélations d'une journaliste d'investigation de la République Dominicaine du nom de Nuria Piera. Selon elle, un Sénateur-investisseur dominicain, Felix Bautista, aurait financé la campagne électorale de deux candidats finalistes aux élections présidentielles haïtiennes en mars 2011, Mr Martelly et Mme Manigat. Les réactions des prétendus bénéficiaires haïtiens étaient trop molles, pour dissiper les doutes entretenus des deux côtés de la frontière. A la même époque, le Département d'Etat Américain publiait son Rapport annuel sur la situation des Droits Humains en Haïti. Ce Rapport dénonçait la corruption au sein des instances gouvernementales haïtiennes. D'autres rapports venaient amplifier la situation de la corruption dans le pays. Cependant, celui de Transparency International a fait état de progrès dans le classement du pays (165e sur 176 pays) par rapport a l'année passée. 3. Crises à Répétition - Le Pouvoir Exécutif semblait oublier que l'année 2012 était une année électorale. En plus du tiers du Senat, il fallait renouveler les Assemblées locales, les Conseils d'Administration des Sections Communales et les Conseil Communaux. L'organisation de ces élections nécessite la mise en place d'un autre Conseil Electoral, après la débâcle de celui présidé par Gaillot Dorsinvil. Entre temps, malgré les protestations des Associations des Maires issus des dernières élections et des organisations de la société civile, le Ministère de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales Thierry Mayard-Paul amorçait un mouvement de remplacement des Conseils communaux élus par des Conseils intérimaires ; question d'accorder des postes aux proches du pouvoir et de se débarrasser de candidats potentiels encombrants. En publiant la version amendée de la Constitution de 1987, le Pouvoir Exécutif affichait clairement son option pour la formation d'un Conseil Electoral Permanent (CEP). Pour ce faire, il fallait des représentants des 3 Pouvoirs de l'Etat : Législatif, Exécutif et Judiciaire. Cette décision renforçait la division au sein du Sénat de la République et de la classe politique haïtienne. Au niveau du Législatif, le Senat est amputé de 10 membres, ce qui rend mathématiquement impossible la désignation des représentants du pouvoir Législatif au CEP permanent, sans une réduction éventuelle du quorum. La désignation des représentants du Pouvoir Judiciaire passe par la mise en place du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ). La formation du CSPJ suppose la nomination des Juges à la Cour de Cassation. Sur ce point, l'Exécutif s'est montré très actif. L'effectif de la Cour de Cassation est complété. Le Président de la République ne tardait pas à former et à installer le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire. Cette installation répondait à un triple objectif : doter le pouvoir judiciaire d'un organe de gestion ; renforcer l'indépendance et la séparation des pouvoirs ; promouvoir le renforcement de l'Etat de Droit. Mais l'objectif immédiat demeurait la constitution du CEP permanent. Le Conseil Supérieur du pouvoir Judiciaire (CSPJ) est constitué. Ses Membres prêtent serment et sont installés, conformément à la loi régissant son fonctionnement. Des tensions ne tardaient pas à s'installer entre le Ministère de la Justice et le CSPJ sur la nomination récente de magistrats dans le système. Le CSPJ effectuait son premier faux pas. Quatre (4) membres sur 9 procédaient à la sélection des Représentants de l'Institution au Conseil Electoral Permanent (CEP). Cette désignation était contestée par de nombreux secteurs sociaux et politiques du pays. Malgré les protestations des secteurs des Droits Humains, de la Société Civile et de la Fédération des Barreaux haïtiens, les noms des personnes sélectionnées sont transmises à l'Exécutif. Le Pouvoir Exécutif n'avait pas tardé à designer ses Représentants et à publier un Arrêté nommant 6 des 9 Membres du Conseil Electoral Permanent (CEP). Une nouvelle crise s'installe aussi bien au sein du CSPJ, de la Classe Politique que du Parlement qui s'abstient de designer ses Représentants. Le Président du CSPJ, Me Anel Alexis Joseph, est voué aux gémonies. Le Senat adopte une Résolution réclamant son remplacement ainsi que celui de 2 autres juges, Mes Kesner Michel Thermezi et Frantzy Philemenont, nommés à la Cour de Cassation, en dehors des normes légales. Ces pressions semblaient porter fruit. Quelques semaines plus tard, le CSPJ procédait au choix de 3 nouveaux Représentants au CEP. L'Exécutif va-t-il rappeler l'Arrêté de nomination des 6 Membres du CEP ? Par ailleurs, devant l'impossibilité de convoquer le Parlement en session extraordinaire, l'Exécutif avait décidé d'engager des négociations directes avec le Parlement, bénéficiant encore des bons offices de Religion pour la Paix. A la première rencontre, chaque partie avait décidé de désigner 3 membres pour le lancement des discussions devant aboutir à la mise en place du CEP (permanent, provisoire, de consensus ou de transition). Qui sait ? De toute façon, l'année 2012 se terminera sans l'organisation des élections et renforce la perception d'instabilité des institutions. 4. Instabilité et Insécurité - Le poste de Commissaire de Gouvernement de Port-au-Prince est devenu celui le plus instable du pays en 2012. Plus de 4 Commissaires se sont succédé à la tête du Parquet près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince. Me Jean-Renel Senatus, qui avait pris le pari de combattre la délinquance juvénile dans sa juridiction, avait été révoqué par le Ministre de la Justice pour insubordination. Le Commissaire congédié n'avait pas manqué de s'en prendre à la personnalité de son Ministre de Tutelle, Me. Jean Renel Sanon. La machine de l'insécurité n'a pas chômé non plus en 2012. Tout le monde en pâtit. Ses victimes se recrutent dans toutes les classes sociales. Avocats, Juges de Paix, Policiers, gens d'affaires, étudiants, simples citoyens sont tombés. Un des cas le plus retentissant est celui de l'assassinat du policier Walky Calixte. Les réactions de la population ne s'étaient pas fait attendre : trafic automobile perturbé, route de carrefour paralysé, arrêt de travail ou grève au sein de la Police Nationale d'Haïti (PNH). Le Député Rodriguez Séjour était pointé du doigt dans cette affaire. Le Député était interrogé par le Cabinet d'Instruction. On ne saurait passer sous silence les cas d'assassinat de Me. Durand Jeanty et de Venel Joseph. Ce dernier était un ancien Gouverneur de la Banque Centrale de 2001 à 2004. En fin d'année, l'assassinat de l'étudiant Damael D'Haiti, en pleine fête des bleus à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de l'Université d'Etat d'Haïti, jetait la communauté estudiantine de la capitale dans l'émoi. Le kidnapping reprenait du service et s'était même intensifié. A Port-au-Prince, deux (2) membres de la famille de l'homme d'affaires Robert Moscosso étaient enlevés. Une semaine plus tard, on annonce le démantèlement d'un puissant réseau, dirigé par l'homme d'affaires Clifford Brandt. Cette nouvelle avait jeté l'émoi dans la société haïtienne. Les enquêteurs de la Direction de la Police Judiciaire soupçonnaient la participation dans le réseau de policiers en service actif et/ou révoqués. Quelques-uns étaient mis en isolement et d'autres remis à la justice. A Jacmel, un enfant de 3 ans était enlevé et son oncle tué par les ravisseurs. Elle a été libérée contre rançon. A carrefour, une fillette était enlevée sur la cour de son école. Ces nouvelles ne sont pas de nature à créer un climat propice à l'investissement dans le pays. C'est dans de contexte qu'intervenait le remplacement du Directeur General de la Police Nationale. En effet, en Août 2012, le mandat de Monsieur Mario Andresol comme Commandant en Chef de la Police nationale d'Haïti (PNH) prenait fin. Le Président de la République ne tardait pas à jeter son dévolu sur l'Inspecteur General Godson Orelus, dont le choix a été ratifié par le Senat de la République, conformément à la Constitution. Suite à son installation, 79 policiers faisaient l'objet d'une décision de renvoi de la PNH, Cette mesure faisait suite à l'évaluation (vetting) réalisée en 2008 par la MINUSTAH sur un groupe de 3300 policiers environ. Inutile de décrire la confusion que cette décision de révocation avait créé dans le pays, juste quelques jours après le démantèlement du gang Brandt. B. POUVOIR LEGISLATIF - Plusieurs questions divisent les Pouvoirs Législatif et Exécutif. Citons, par exemples, celle du renouvellement du mandat de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d'Haïti (CIRH), celle de la publication de la version amendée de la Constitution de 1987, celle de la formation du Conseil Electoral Permanent (CEP). Cette dernière semble être la plus épineuse. Depuis l'adoption de la Constitution de 1987, aucun des deux Pouvoirs ne veut concéder le contrôle de la formation du CEP permanent à l'autre. En début d'année, le Senat et la Chambre des Députés se dotaient de nouveaux Bureaux. Le Sénateur Simon Dieuseul Desras succédait au Sénateur Jean Rodolphe Joazile comme Président du Sénat et le Député Levaillant Louis Jeune succédait au Député Sorel Jacinthe à la Présidence de la Chambre des Députés. Le bilan du Parlement au cours de l'année 2012 n'est pas brillant. Très peu de lois ont été votées. A la Chambre des Députés, les groupes parlementaires se métamorphosent comme des chrysalides. Le groupe Parlementaire pour la Stabilité et le Progrès (PSP) remplaçait le Groupe Parlementaire pour le Renouveau (GPR). En face, il y a le groupe Parlementaire pour le Renforcement Institutionnel (PRI). Le PSP constitue la nouvelle majorité dont le Premier Ministre Lamothe a besoin pour supporter son Programme de Gouvernement. La malice populaire soupçonne les membres du PSP d'être à la solde du Pouvoir Exécutif. Ce que semble leur reprocher également leurs collègues PRI. Mais le PRI semble avoir un prix. Ses membres se sont donnés en spectacle en organisant un concert de Klaxon dans la cour de la Primature pour réclamer le décaissement de 10 millions de gourdes prévus dans le budget de la République pour les communes de leur juridiction. La situation n'est pas différente au Sénat de la République. Amputé de 10 membres dont le mandat a expiré depuis mai, le Sénat éprouve du mal à organiser une séance. Les 20 Sénateurs restant sont divisés sur la question de la formation du Conseil Electoral Permanent (CEP). Mathématiquement, il est impossible au Sénat de réunir le nombre de voix nécessaire (20) pour designer les membres du CEP permanent, le Président ne votant pas. Des négociations sont en cours en vue de trouver un consensus sur la composition d'un CEP de transition devant organiser les élections pour le renouvellement du tiers du Sénat et des collectivités territoriales. Ces négociations risquent d'achopper sur le statut des Membres désignés par le Pouvoir Judiciaire. C. POUVOIR JUDICIAIRE - La Constitution de 1987 prévoit l'existence d'un Pouvoir judiciaire indépendant et impartial en Haïti. Mais, ce n'est pas chose aisée. Depuis 2007, plusieurs lois ont été votées en vue de la création et du renforcement de ce Pouvoir. L'existence d'un tel Pouvoir est indispensable à la création d'un véritable État de Droit. En 2012, des efforts ont été déployés en ce sens. Les postes vacants à la Cour de Cassation ont été comblés. Le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) a été formé. Mais, son fonctionnement n'est pas facile. Aucun Ministre de la Justice n'est prêt à se soustraire de la gestion du Pouvoir Judiciaire. Des tensions persistent entre le CSPJ et le Ministère de la Justice sur la question de la nomination des juges. Cependant, le CSPJ a commis son plus grand faux pas à l'occasion de la désignation de ses représentants au Conseil Electoral Permanent (CEP). Ne s'étant pas entendu sur le choix de ces représentants, 4 des 9 membres du CSPJ ont laissé la salle pour infirmer le quorum. Les 4 membres restants ont voté en l'absence de majorité le choix des 3 Membres du Pouvoir Judiciaire au sein du CEP. Les protestations ne se sont pas fait attendre. Le CSPJ est paralysé à sa naissance. La Fédération des Barreaux et les Organismes de Droits Humains avaient rappelé leur représentant. Le Président de la Fédération des Barreaux introduisait une action devant la Haute Cour de Justice contre Me Anel Alexis Joseph, à la fois Président de la Cour de Cassation et Président du CSPJ. Parallèlement, le Sénat adoptait une Résolution, réclamant la destitution du Magistrat ainsi que la révocation de deux autres juges de la Cour de Cassation, nommés en dehors des normes constitutionnelles. Autant de pressions qui ont porté le CSPJ à reconsidérer son choix initial et à procéder à un second vote. Mais, le problème reste entier. Les trois représentants désignés initialement s'accrochent à leur poste. Deux acteurs risquent de débloquer la situation : l'aboutissement des négociations entre les Pouvoirs Législatif et Exécutif et le dernier scandale qui éclabousse Me. Josué Pierre-Louis. En fin d'année, Me Josué Pierre-Louis, Président du CEP (Présidentiel, Permanent, Provisoire) fait l'objet d'une accusation de viol sur la personne de Mademoiselle Marie Danielle Bernadin, son assistante administrative. Rappelons que Me. Josué Pierre-Louis avait perdu son portefeuille de Ministre de la Justice au début de l'année 2012, suite à l'arrestation du Député Anel Belizaire. Est-il sur le point de perdre son Poste de Président du CEP de 6 Membres à la fin de la même année ? Son image et sa réputation sont mises à mal par une dénonciation d'un cas de viol de la part des institutions de défense des Droits Humains RNDDH et SOFA ? L'impunité continuait d'être la marque de fabrique du système judiciaire haïtien. De l'assassinat de Jean Dominique à celui de Guiteau Toussaint, aucun procès n'a encore été organisé. La situation des droits humains ne s'est pas améliorée non plus. Les cas de Calixte Valentin et de l'ancien Maire de Thomonde sont là pour en témoigner. La situation carcérale est préoccupante. La détention préventive prolongée persiste. C'est l'Expert indépendant des Nations-Unes pour les Droits de l'Homme, Michel Forst qui est venu tirer la sonnette d'alarme en fin d'année. Pas de développement économique sans une justice indépendante et impartiale. PLAN ÉCONOMIQUE - Sur le plan économique, le Bilan de l'Année 2012 n'est pas rose. La sécheresse qui a sévi de mai à août 2012 a grandement affecté la production agricole du pays. De plus, le pays a été sévèrement affecté par deux (2) tempêtes tropicales. Isaac et Sandy ont porté des coups très durs à l'agriculture haïtienne. Des jardins ont été dévastés, des têtes de bétail emportées et des vies humaines perdues. Le Parc Industriel de Caracol a été inauguré. Un millier d'emploi direct y est créé par la Firme Coréenne SEA. Les travaux d'aménagement de l'aéroport du Cap-Haitien progressent. L'avion transportant le Secrétaire d'Etat américain, Mme Hilary Clinton et son Mari Bill Clinton y a atterri sans problème. Mais pour des raisons de sécurité, l'avion a été se garer en République Dominicaine. Le gouvernement clame sur tous les toits que le pays est ouvert aux affaires. Pourtant, l'environnement des Affaires ne s'est pas amélioré. Haïti continue de battre les records de mauvais classement dans les rapports publiés par les institutions internationales. Avec la recrudescence de l'insécurité, les Ambassades des pays amis continuent de déconseiller le voyage de leurs ressortissants en Haïti. Tous les efforts de promotion entrepris par le gouvernement sont affectés par le climat d'insécurité et les manifestations de rues dans plusieurs régions du pays. Les Fonds du Programme Petro caribe sont une dette à long terme que les générations futures doivent rembourser. Le Gouvernement aurait dû les utiliser à des fins plutôt productives. Les infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires sont encore défaillantes. L'électricité, le téléphone et les nouvelles technologies de l'information et de la communication ne sont pas encore au point. Cette année, le Gouvernement a introduit à temps son Projet de Loi des Finances au Parlement, soit le 30 juin 2012. Cette Loi 2012-2013 a été voté séparément par chacune des deux branches du Parlement haïtien. Mais pour devenir une loi, le document doit être voté dans les mêmes termes par les deux branches. En application du Décret de 2005 sur la Comptabilité et le Budget et suite à un accord avec le Parlement, le Gouvernement a publié le document. Une controverse est née sur la nature du document publié dans le Journal officiel, Le Moniteur. En tout cas, le Budget 2012-2013 de 131 milliards de gourdes est en application depuis le 1er octobre 2012. Le pays fait face à une échéance critique sur le plan de la lutte contre le blanchiment d'argent. Le Groupe d'Action Financière de la Caraïbe (GAFIC) doit évaluer les progrès accomplis dans ce domaine par l'Etat haïtien. La loi modifiant celle de 2001 n'est pas encore votée. Le désaccord entre l'Exécutif et le Parlement sur la formation du Conseil Électoral entrave la tenue de la séance convoquée à l'extraordinaire. L'instabilité politique et sociale n'est pas de nature à favoriser l'investissement direct étranger en Haïti. Entre temps, les prix des produits de première nécessité augmentent sur le marché national. Le déficit commercial se creuse avec les principaux partenaires commerciaux. Le chômage continue d'affecter un fort pourcentage (60-70%) de la population active du pays. Le pays est sous la menace de l'insécurité alimentaire. La Mission du Fonds Monétaire International (FMI) a revu à la baisse les prévisions de croissance économique pour 2012. Le pays ne connaitra pas la croissance et le développement économique si la justice n'est pas indépendante et impartiale. Le pays ne connaitra pas la croissance et le développement économique si le droit de propriété n'est pas garanti, si la section communale n'est pas dotée d'une police qui protège la terre, la culture et l'élevage des paysans. Comme partout ailleurs dans la Caraïbe, le Tourisme peut être le moteur de notre développement. Mais, il ne peut se développer dans un environnement malsain, insalubre, insécurisant et instable. Le problème est chez nous et en nous. Nos dirigeants doivent favoriser la stabilité et la paix sociale en privilégiant le dialogue, le renforcement des institutions et le respect des échéances électorales. II. PLAN SOCIAL Le peuple haïtien, dans sa grande majorité, vit dans une misère abjecte. La paupérisation des couches moyennes de la population s'accélère. Cependant, le peuple haïtien a eu droit à deux grands exercices carnavalesques : le carnaval national, organisé aux Cayes et le carnaval des fleurs, organisé au Champ de Mars. Seules l'éducation et le travail sont de nature à redonner sa dignité au peuple haïtien. Les programmes sociaux mis en œuvre actuellement par le Gouvernement Martelly-Lamothe sont des palliatifs. Les personnes déplacées par le séisme du 12 janvier 2010 qui occupaient l'espace des principales places publiques de Port-au-Prince et de Pétion-Ville ont été relocalisées dans le cadre du Programme 16/6. Mais le camp de déplacés de Canaan ne cesse de s'étendre. Le Gouvernement a déclaré l'Etat d'urgence d'un mois pour venir en aide aux victimes, après le passage de la tempête tropicale Sandy. Sa durée vient d'être prorogée d'un mois (5 décembre 2012-5 janvier 20013). Le Gouvernement doit réduire sa taille et utiliser plus rationnellement les ressources du budget national à des fins de création d'emploi, cesser les voyages tous azimuts, en grand nombre, aux frais du contribuable, lesquels déplacements ne rapportent pas grand-chose. Enfin, les valeurs morales se sont effritées davantage au cours de cette année. La dépravation des mœurs s'est accélérée. Il suffit de parcourir les journaux et scruter les informations circulant sur les réseaux sociaux pour s'en convaincre. Souhaitons que le Peuple haïtien se réveille et se mette debout pour réclamer et favoriser la moralisation de la Gouvernance politique, économique et sociale du pays. A Consulter: Michel Soukar: BILAN de L'ANNEE 2008 Ecouter Michel Soukar : 28 Novembre 1980, Vague de répression visant journalistes et hommes politiques par le régime de Jean Claude Duvalier

mercredi 19 décembre 2012

EDDY-MICHEL DANIEL, DETENTEUR DE LA MEDAILLE DU MERITE AGRICOLE

Eddy-Michel Daniel, détenteur de la médaille du Mérite agricole - Le Nouvelliste | Publié le : 2012-12-18 - Gérard Jeanty Junior Jounty003@yahoo.fr - Eddy-Michel Daniel - On naît avec l'esprit entrepreneurial. On le developpe au contact des influences extérieures. C’est le credo du géniteur de l’Agro Haïti, Eddy-Michel Daniel. Ce dernier s'adonne à l’agriculture. Et rien qu’à cela. A travers son entreprise Agro Haïti, Eddy-Michel veut contribuer à la modernisation de la production alimentaire dans le pays. Son génie se trouve dans la création. Il consacre son temps à créer de nouveaux produits, dans le domaine agricole, pour plaire aux consommateurs. Le propriétaire de Agro Haïti fait du marketing l’axe principal de ses activités. Dans le domaine agricole, il s’est résolu à ne rien négliger: la production, la transformation, la distribution et la commercialisation. Eddy-Michel a pris le produit dans son aspect multidimensionnel. Fraîchement sorti de l’université, Eddy-Michel Daniel a mis sur pied une entreprise spécialisée dans l’importation et la distribution d’un outil servant à mesurer l’humidité des terres cultivables. Epaulé par sa femme, le chef de l’entreprise Agro Haïti lutte pour que la production agricole nationale prenne un nouvel essor. « Je veux contribuer à la modernisation de la production agricole en Haïti. En ce sens, je veux que nous présentions des produits de qualité, comparables ou supérieurs à ceux des autres pays. Je veux aussi que nous progressions dans la transformation et la capacité d’exporter des produits plus compétitifs sur le marché mondial, en termes de qualité et de prix. C’est l’unique façon pour nous de franchir cette étape de production artisanale », soutient-il. A cet effet, Eddy-Michel a fait des études de marché l’une des activités privilégiées de Agro Haïti. « Je les ai entreprises souvent pour comprendre et connaître les goûts et les désirs des consommateurs. Et comme leurs goûts changent constamment, je fais toujours des mises à jour pour présenter de nouveaux produits, des produits capables de répondre à leur besoin », a révélé Eddy-Michel qui fait du marketing le pilier de ses activités. Homme courageux et déterminé, il ne recule pas devant les difficultés. Au contraire, il dit aimer les difficultés puisqu’un entrepreneur doit y faire face quotidiennement. Pour les surmonter, il confie avoir exercé sa capacité d’invention et de création. C’est ce qui lui a permis de devancer ses compétiteurs. Le secteur agricole est l’unique champ dans lequel Eddy-Michel travaille comme professionnel. Il ne se voit pas exercer d’autres professions. « Je retomberai encore dans ce que je suis en train de faire. Car toutes mes activités ont toujours été en relation avec la production agricole, de la ferme à la fourchette », répond-il au cas où il devrait faire quelque chose d’autre. Eddy-Michel se présente comme un homme discipliné qui exécute les choses à la perfection. Le chef de l’entreprise Agro Haïti révèle aussi son défaut : « Je ne sais pas quand dire non. » Quand il prend la route pour se rendre à sa ferme à Thomonde, il s’arrête pour contempler le lac de Péligre. C’est, dit-il, un endroit capable d’attirer de nombreux touristes. Outre le lac, il considère également la rivière qui traverse sa ferme comme un endroit qui pourrait attirer des visiteurs. En famille, Eddy-Michel ne vit qu’avec sa femme. Cette dernière est le cerveau de l’entreprise Agro Haïti. Elle a décroché un diplôme en contrôle de qualité des produits alimentaires et pharmaceutiques aux Etats-Unis. Au sein de l’entreprise, sa femme, dont il s’est gardé de citer le nom, s’occupe de la transformation des produits alimentaires et des études de sol dans les fermes pour déterminer les types d’engrais appropriés. Souvent, le directeur de Agro Haïti se trouve accompagné de sa femme pendant des voyages d’affaires. Et quand il doit voyager seul, cela ne pose pas de problème au sein de sa famille. La lecture constitue le passe-temps favori d’Eddy-Michel Daniel. Ses livres préférés sont ceux qui sont devenus des best-sellers. Il s’intéresse surtout aux livres traitant du monde des affaires, de la gestion, du contrôle de qualité et de la production agro-industrielle. Eddy-Michel est un mordu du football américain. Il apprécie les musiques en vogue dans les différents pays où il a vécu. Eddy-Michel aime aussi les peintures traditionnelles qui représentent les activités journalières. Le géniteur de Agro Haïti avoue avoir réalisé tous ses rêves, sauf celui qu’il caresse ces derniers temps: contribuer à la modernisation de la production alimentaire en Haïti. Gérard Jeanty Junior Jounty003@yahoo.fr

mardi 18 décembre 2012

VOEUX DE FIN D'ANNEE 2012

L’An 2012 arrive à sa fin. Le temps s’en va, le temps s’en vient. Il s’en vient le temps pour que s’en aille le temps des incertitudes, de l’analphabétisme, de corruption, des inégalités, des souffrances, du racisme, de crises, de scandales, de manipulations, des faux slogans, de la faim, des homicides inutiles, des faux prophètes, de la dénonciation fortuite, de la démagogie, de l’insouciance, de la gabegie administrative, de la peur, du kidnapping, de l’insécurité, et des mensonges politiques. Pour que s’installe le temps de l’espoir, de l’abondance, de l’amour, du respect réciproque, du progrès, de la sécurité, et de la maturité politique. Les désastres naturels d’une part nous rappellent la fragilité de la vie et de la vanité des biens terrestres. Le dernier en date, cyclone Sandy, a ravagé sept pays, incluant 24 des 50 Etats des Etats-Unis d’Amérique. Les pertes en vie humaine ont été estimées à 253 et un déficit monétaire de 65,6 milliards de dollars américains selon Wikipédia. Les évènements politiques internationaux d’autre part ont changé le cours de l’histoire de certains pays. Deux ans et 11 mois après le tremblement de terre, Haïti essaie encore de remonter la pente. Elle vit de crises en crises, de scandales en scandales, de crises en scandales, et de scandales en crises. Pas un moment de répit, pas un moment pour sérieusement pencher sur la construction d’un pont sur l’avenir. Une chose est certaine, les hommes politiques haïtiens n’ont jamais raté une occasion durant toute l’histoire de ce pays pour manquer une opportunité. Véritable cercle vicieux. Joyeux Noel et Bonne Année 2013. LeGrand Parisien Salvant, MBA West Palm Beach, Florida

mercredi 21 novembre 2012

HAITI: ENTRE LA RAISON HISTORIQUE ET LA DERAISON POLITIQUE

18 NOVEMBRE 1803---------18 NOVEMBRE 2012 HAITI: ENTRE LA RAISON HISTORIQUE ET LA DERAISON POLITIQUE, Par Me Jean-Henry Céant - 18 Novembre 1803 est une date marquante de notre histoire qui consacre la naissance de la Nation Haïtienne. C’est également, une date marquante de l’histoire de l’humanité, puisqu’elle prend acte de la défaite du colonialisme et de l’esclavagisme, et permet la redéfinition du concept de LIBERTE applicable désormais à tous les peuples. De ce point de vue, l’exemplarité de la première révolution anti-esclavagiste et colonialiste d’Haïti est chose évidente. Cette victoire, ce succès font d’Haïti un symbole. Nous en sommes conscients et notre culture porte la marque de ce passé de gloire et d’héroïsme. Mais de cette date à nos jours, bien des évènements ont pris place, qui ont mis à mal la geste de 1804 et ont fait de ce pays le seul PMA d’Amérique, et, selon une expression consacrée, l’exemple à ne pas suivre. C’est qu’aujourd’hui Haïti est terre d’exclusion et d’instabilité. Et au-delà de 1915, Haïti a sur son sol les troupes des Nations-Unies et connait une souveraineté limitée. La réflexion s’impose donc à nous, sans aucune concession. Il est urgent de comprendre, pour corriger, pour redéfinir, pour aller de l’avant. Car, il est question aujourd’hui de l’existence même de la Nation. Il est question d’un nouveau défi à relever, celui d’arrêter la marche vers la désagrégation d’Haïti, et d’assurer le bon fonctionnement du régime démocratique, garant des droits et des devoirs de tous les Haïtiens, au sein d’un nouveau monde en développement. La problématique de ce qui a pris l’allure d’une tragédie est bien le constat d’un succès historique, mal géré. C’est celui d’une dérive aux multiples visages. Je la pose et la traduis ainsi: Entre la raison historique et la déraison politique, Haïti se débat. Entre l’entrée glorieuse dans l’histoire et la déraison de choix politiques aux effets destructurants qui conduisent aux désastres. En effet, pour entrer dans l’histoire, nos ancêtres ont su analyser, discuter, comprendre et faire les choix décisifs. Malgré tout ce qui les poussait à la mésentente en un moment critique où tout séparait et portait à la division: l’oppression coloniale, les stigmates de l’esclavage, les luttes de classes et de races, les préjugés de couleur, etc..., les faits sont là. A leur gloire : Toussaint, Dessalines, Pétion et Christophe sont des symboles à niveau peu égalé de ce que les valeurs de générosité, de courage, de solidarité, de compromis peuvent réaliser. Si l’histoire a un sens, qui s’oriente contre vents et marées sociaux, économiques et politiques, vers l’accomplissement de l’Être, alors, Toussaint, Dessalines, Christophe, Pétion ont été les génies de la RAISON HISTORIQUE sur cette terre, au bénéfice du Bien-Être des Haïtiens et bien plus, de tous les peuples. Oui, La Raison Historique que les artisans du colonialisme et de l’esclavagisme ont voulu accaparer et manipuler pour en faire un Droit de commandement et d’oppression à l’encontre des autres peuples. Ce Droit de commandement, Haïti l’a brisé et redéfini. Sans aucune démagogie, ni fausse modestie, il est juste de dire, de reconnaitre, de proclamer qu’Haïti est une part de l’humanité sans qui, la totalité de l’humanité se comprendrait mal. Nous sommes un maillon de la chaine qui lie les nations entre elles, la borne qui consacre le moment fondamental de la redéfinition de la liberté, fondement de l’histoire,fondement de l’essence humaine. Tout homme est Homme. « TOUT MOUN SE MOUN ». Mais la liberté, la raison, l’a-t-on oublié, sont également choses humaines, et en tant que telles sont choses complexes qui, lorsqu’elles ne sont pas gérées, dans le sens du bien-être individuel et des intérêts de la cité, conduisent à des chemins d’errance et d’instabilité. C’est le cas d’Haïti, durant les deux siècles postérieurs à 1804. La Déraison Politique s’est installée, à travers les guerres intestines, les luttes fratricides pour le pouvoir, les pressions et interventions internationales, la permanence du régime dictatorial, le choix de politiques à courte vue et contraires aux intérêts nationaux. Du triptyque Liberté-Egalité-Fraternité, seul le premier occupera le discours dominant et conduira à des pratiques finalement liberticides, car non adossées aux autres pôles. La Société des Armes prendra définitivement le pas sur la Société des Lois et du Droit, logeant Haïti à l’enseigne d’une société, au modèle social épuisé, inégalitaire, non-fraternel, et anachronique, prélude à ce qui, de plus en plus, apparaîtra comme un ETAT EN FAILLITE. Ce parcours hors des voies du progrès et de la stabilité institutionnelle, je la présente et je la conceptualise de la façon qui suit, en montrant bien son fonctionnement analogue à un mécanisme de dérèglement à l’oeuvre. I.- « La Raison Historique de 1804 » a liquidé les rapports esclavagistes et le statut colonial. Mais qu’observe t-on ? Certes, l’esclavage a vécu chez nous au point, comme l’écrit Price Mars, que le paysan Haïtien ne se souvient même pas que ses ancêtres ont été esclaves à Saint-Domingue. C’est vrai ! Cependant, quel est aujourd’hui, le statut du monde rural, quelle est la part faite au monde rural au regard de l’éducation, du logement, de l’alimentation, de la sécurité, bref…de ses droits inaliénables dans le contexte du régime démocratique? Qu’en est-il, également, des conditions de vie dans les bidonvilles et les ghettos? En raccourci, nous constatons que l’assistanat tient lieu de politique économique, dans le contexte d’une souveraineté limitée assurée par la présence des forces des Nations-Unies sur le territoire Haïtien. II-« La Raison Historique de 1804 » a mis, certes fin, au statut colonial, mais la « Déraison Politique » a assuré le cheminement, à travers notre culture politique, de l’exclusion et de la stigmatisation qui caractérisent les relations entre les composantes sociales et économiques de la population. Il est évident que l’apartheid n’est pas, du fait des particularités de notre Histoire, une réalité sociale haïtienne, mais ses dérivés tels que l’exclusion, la stigmatisation sont bien présents et nuisent au progrès et à l’établissement de la paix sociale. Paysans, Jeunes, Femmes, nos trois majorités en sont les premières victimes. Ici, plus qu’ailleurs, une paupérisation inacceptable frappe à coups redoublés à nos portes, dans le contexte d’une économie anémiée, la « DERAISON POLITIQUE », dictant des politiques de type pompier occasionnel, partial et partiel, en dehors d’une planification indispensable à la réussite d’objectifs de progrès salutaires. III- « La Raison Historique de 1804 » a fait de l’UNITE le fondement social du pays. L’Union Fait la Force, telle est notre devise. Mais que constatons-nous? Des exigences d’unité et de progrès à construire, nous sommes passés à des politiques fondées sur des préjugés tels que le Noirisme, le Mulâtrisme, … . C’est bel et bien, l’expression du refus de la construction sociale et économique. C’est le choix du laisser-aller historique qui privilégie l’inégalité, la misère et l’anarchie. Opposées, ces deux conceptions d’origine Saint-Domingoise et d’inspiration coloniale, n’hésitent pas à s’allier, à s’unir pour bloquer toute tentative de redéfinition allant dans le sens de la démocratie et des droits humains. IV- « La Raison Historique de 1804 » commandait la défense de l’indépendance. Mais « La Déraison Politique » a vite fait de changer cette exigence en permanence de la Raison d’État et ses conséquences anti–démocratiques et de monopole de la direction politique. De l’Armée des vainqueurs, nous avons abouti à un militarisme dénaturé et désorienté, au service de l’intérêt des oligarchies qui se succèdent au pouvoir, devenu lieu de partage dans une dynamique de coteries. V- « La Raison Historique de 1804 » impliquait un partage équitable des terres, à côté des grandes propriétés à mettre en valeur en vue d’assurer les bases économiques de la nation. De liquidations en malversations, nous sommes parvenus à un système de parcellisation en milieu rural, équivalent de la bidonvilisation en milieu urbain. En peu de mots, c’est le constat de l’anarchie, qui définit les contours d’un ensemble environnemental qui a atteint le seuil de la catastrophe, comme cela se démontre à la moindre pluie entrainant destruction physique et perte de vies humaines. Là aussi, là également, et cela peut s’observer à l’oeil nu, « La DERAISON POLITIQUE » tient en échec « LA RAISON HISTORIQUE de 1804 ». Que faut-il ajouter de plus sinon que, de la Défense d’Haïti, nous sommes passés à la nonouverture sur le monde et le progrès; de la geste révolutionnaire de 1804, nous sommes passés à des postures de comédiens. Ce sont de durs et tragiques constats à voir en face, et sur lesquels il n’est plus possible de garder silence. Mieux, des constats qu’il importe aujourd’hui de contrer, de combattre, afin de replacer Haïti dans la ligne de son destin, en assurant une sortie d’Haïti de « La Déraison Politique ». Ce n’est certes, pas chose facile. Et nul gouvernement, nul parti ou groupement politique, nul citoyen, ne saurait seul mener cette réorientation à bien.Cette réorientation exige : engagement, consensus et compromis. Elle tirera tout le bien possible d’un dialogue nécessaire, franc, serein, loin de toute arrogance, entre partenaires nationaux et internationaux ouverts aux horizons d’un monde solidaire et en permanente concertation, tenant compte positivement de la géopolitique et de l’Amitié Internationale vraie. Car le mal est profond, qui a conduit Haïti à cette errance. Mais oeuvre humaine, elle doit être combattue avec succès par les Haïtiennes et Haïtiens afin de réaliser cet accord entre « La Raison Historique de 1804 » et le progrès. C’est plus qu’un devoir. C’est notre mission. Non réalisée, Haïti ne sera plus qu’un fait de mémoire. Oui, c’est cette rupture porteuse du nouveau statut démocratique que les fils responsables de cette terre doivent s’engager à réaliser, par les seules armes de l’entente, de l’éducation et de la détermination. 18 novembre 1803, qu’on le rappelle, fut une création, le produit d’un parcours de luttes, de combats. A travers Vertières, Barack Obama donne la main à Toussaint Louverture, Martin Luther King et Nelson Mandela. L’acquis fondamental sur lequel repose l’Universalité de la DECLARATION DES DROITS DE L’HOMME ET DU CITOYEN a des racines profondes en Haïti. 18 novembre 1803 a ouvert une marche vers le progrès et la libération. Aux Haïtiens et Haïtiennes d’aujourd’hui d’affronter les défis du XXIe siècle. Pour finir, je redis qu’Haïti est une création des Haïtiens, une part essentielle de l’humanité, un jalon sur la route de l’accomplissement de l’Histoire Universelle. Haïti, si je puis m’exprimer ainsi, est un Humanisme. A nous de consolider cet Humanisme, en définissant cette nouvelle politique de progrès, garante du régime démocratique inscrit dans notre charte Fondamentale de 1987. Il est temps que « La Raison Historique » en Haïti, l’emporte sur « La Déraison Politique ». Que la démocratisation et la Modernisation de nos institutions tournent résolument dos aux traditions et pratiques de l’Etat Patrimonial, générateur de sous-développement et d’aliénation. Voilà ce que nous enseigne la commémoration du 18 novembre 1803. 1804 a tracé la voie, à nous de la paver pour qu’enfin nous marchions vers les rives de l’essentiel où s’articulent : DEVELOPPEMENT, MODERNITE, RESPECT DES VIES ET DES BIENS, au demeurant la construction de l’être haïtien digne de son passé et fier de son appartenance à la communauté d’hommes de droits et de devoirs. Port-au-Prince, Haïti, le 18 Novembre 2012 Me Jean-Henry Céant Leader Politique

jeudi 15 novembre 2012

AFFAIRE BRANDT - RNDDH

Actualités - Affaire Brandt : le gouvernement Martelly-Lamothe savait quel gang avait enlevé les jeunes Moscoso, mais n’en a informé la DCPJ que sur injonction d’une “haute fonctionnaire US”, selon le RNDDH - Détails Catégorie : Actualités Publié le mercredi 14 novembre 2012 13:00. - Le chef du "CAT TEAM" basé au Palais national recevait chez Brandt un salaire supérieur à celui d'un ministre, révèle l'organisme de droits humains Le 22 octobre 2012, le richissime homme d'affaires Clifford H. BRANDT, impliqué dans l'enlèvement suivi de séquestration contre rançon de Nicolas MOSCOSO et de Coralie MOSCOSO, est arrêté par des unités spécialisées de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), dans l'enceinte même de son entreprise, Compagnie Haïtienne de Moteurs, sise à Delmas 2. Face à l'ampleur de ce dossier, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) se fait le devoir de partager avec les communautés nationale et internationale, la reconstitution historique des faits, par la publication du présent rapport. I. Reconstitution des Faits - Le 16 octobre 2012, dans la soirée, Nicolas MOSCOSO et Coralie MOSCOSO âgés respectivement de vingt-deux (22) et de vingt-trois (23) ans, montés à bord de leur véhicule Subaru Impreza, de couleur grise, immatriculée AA-07561, se rendaient chez leur tante lorsqu'ils sont enlevés par des hommes armés, vêtus d'uniformes de la Police Nationale d'Haïti (PNH). Ils sont sommés de laisser leur véhicule et de monter à bord de celui de leurs ravisseurs, une Toyota Land Cruiser portant l'inscription Service de l'Etat. Le lendemain, soit le 17 octobre 2012, une plainte est déposée à la DCPJ. Le Parquet près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, informé formellement, ordonne la tenue d'une enquête célère. Le même jour, aux environs de minuit, les kidnappeurs prennent contact avec la famille MOSCOSO et réclament une rançon de deux millions cinq cent mille (2.500.000) dollars américains contre la libération des victimes. Rapidement, il est établi que l'homme d'affaires Clifford H. BRANDT, membre d'une des plus riches familles du pays est impliqué dans ce cas d'enlèvement suivi de séquestration contre rançon. Il en est même l'instigateur. Il est à la tête d'un gang considéré comme l'une des plus grandes associations de malfaiteurs du pays. Trois (3) jours après cet enlèvement, l'Inspection Générale de la PNH, le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique ainsi que le Secrétaire d'Etat à la Sécurité Publique détiennent des informations relatives au cas d'enlèvement et savent qu'il s'agit d'une opération menée par le puissant gang dirigé par Clifford H. BRANDT. Cependant, ils choisissent de ne pas intervenir pour des raisons non élucidées. Face à ce laxisme, une haute Responsable de l'Administration Américaine, sollicitée par la famille des victimes, contacte les autorités haïtiennes et exige que le gouvernement haïtien apporte secours aux victimes. Ce n'est que suite à cette injonction que le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) fournit les informations relatives au dossier à la DCPJ et ordonne que suites nécessaires y soient données. Il faut souligner que la collaboration des Compagnies de téléphonie, notamment, de la DIGICEL, a permis aux enquêteurs de la DCPJ de remonter à plusieurs personnes dont Cliford H. BRANDT, Edner COME connu aussi sous le nom de Jackson TRAVELINO, respectivement numéros I et II du gang, Ernst PIERRE, Franck SINTERINE, Frediane JEAN, Sawadienne JEAN, Junior CHARLES, Odens MARCEL, Elissoit CHARLES, alias I, Jean Marc MURAT, Jean BERNARD alias JB, etc. C'est ainsi que, le 22 octobre 2012 des unités de la DCPJ, aidées d'agents de la Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) et accompagnées du juge de paix de Delmas, Me Samson JEAN, se rendent à la Compagnie Haïtienne de Moteurs et procèdent à l'arrestation de Clifford H. BRANDT. L'enquête policière révèle aussi l'implication de plusieurs agents de la PNH. Au total, quinze (15) individus sont arrêtés et mis en détention pour enlèvement et séquestration contre rançon, trafic illégal d'armes à feu, faux et usage de faux, usurpation de titre, association de malfaiteurs, détention illégale d'armes de guerre, enrichissement illicite, blanchiment d'argent, menaces de mort. Il s'agit : • De cinq (5) policiers : 1. Marc-Arthur PHEBE, Responsable de CAT Team au Palais National 2. Jacques Darly MICHELAIS, A4 3. Fritz ARISTIDE, A4 4. Oneste GABELUS, A3 5. Gérald FONTELUS, A1. • De dix (10) autres individus : 1. Clifford H. BRANDT 2. Ricot PIERRE-VAL, alias Dje, alias AG, connu aussi sous le nom de Edson FORGUE 3. Carlo Bendel SAINT FORT 4. Carline RICHEMA, concubine de Ricot PIERRE-VAL 5. Evince LARRIEUX, 6. Berthony DUMEZIL, ancien policier 7. Sawadienne JEAN 8. Franck SINTERINE 9. Junior CHARLES 10.Ernst PIERRE Suite à ces arrestations, le Secrétaire d'Etat à la Sécurité Publique, Réginald DELVA dénonce par la voie des ondes, l'existence d'une liste de plus de vingt (20) personnalités dont lui-même, sur lesquelles pèse une menace d'enlèvement aux fins d'exécution. II. Cas des policiers arrêtés dans le cadre de ce dossier - Voici la fiche signalétique des cinq (5) policiers arrêtés dans le cadre de ce dossier. • Marc-Arthur PHEBE, policier, responsable de CAT Team au Palais National, est aussi responsable de la sécurité de la famille BRANDT ainsi que des usines. Il a sous ses ordres environ quatre vingt dix (90) employés parmi eux, quatre (4) policiers. Il reçoit un revenu mensuel de deux cent vingt mille (220.000) gourdes, soit un salaire supérieur à celui d'un ministre, pour un travail partiel. • Jacques Darly MICHELAIS, A4 travaille à temps partiel dans une compagnie de sécurité dénommée Société Générale de Sécurité (SGS). Il assure la sécurité d'un (1) des enfants de BRANDT, Caroline BRANDT. Pour ce travail, il touche sept mille cinq cents (7.500) gourdes chaque quinzaine. Il est introduit dans le secteur par un ami policier du nom de Gamaliel SYLVAIN. • Fritz ARISTIDE, A4, policier de la 5ème promotion est introduit dans le groupe de sécurité par un ami ancien policier, Berthony DUMEZIL. Il reçoit par mois quinze mille (15.000) gourdes. Il est affecté au Commissariat de Port-au-Prince. • Oneste GABELUS, A3, policier de la 14ème promotion affecté au Commissariat de Port-au-Prince est intégré dans le secteur par son collègue Fritz ARISTIDE. Il touche sept mille cinq cent (7.500) gourdes chaque quinzaine. • Gérald FONTELUS, agent de la PNH, 19ème promotion affecté à Brigade d'Intervention Motorisée (BIM), est introduit dans le secteur par Marc Arthur PHEBE. Il assure la sécurité de certains membres de la famille BRANDT. Par ailleurs, depuis l'arrestation de Clifford H. BRANDT, au moins deux (2) policiers ont perdu la vie le 9 novembre 2012. Il s'agit de Patrick MATHIEU et de Yves Michel BELLEFLEUR. Ce dernier aurait été éliminé pour ne pas avoir l'opportunité de fournir des informations supplémentaires sur le fonctionnement de ce grand réseau de malfaiteurs. III. Saisies effectuées dans le cadre du dossier - Dans le cadre de ce dossier, plusieurs objets sont saisis par la PNH dont entre autres, des armes de guerre, des armes de poing, des sommes d'argent, des uniformes de la PNH et de la DEA, etc. Ils sont transférés à la Justice pour instruction judiciaire : • Quatre (4) chargeurs fusil M4 contenant cent dix-huit (118) cartouches de calibre 5.56 mm • Cinq (5) duplicata de reçus de transfert Money Gram pour un montant total de quinze mille (15.000) dollars américains • Trois (3) Galil • Un (1) FAL • Un (1) M16 • Un (1) Uzi • Cinq (5) pistolets dont deux (2) Gluck, deux (2) Beretta • Un (1) revolver • Un (1) magnum 357 • Trente-huit (38) chargeurs avec munitions • Une (1) carte d'identification du Palais National, dont la date d'expiration est le 21 avril 2012, émise au nom de Clifford H. BRANDT, Conseiller du Président • Un (1) véhicule blindé Rexton de couleur noire, immatriculée BB-53142 • Une (1) Toyota Land Cruiser blanche • Une (1) PickUp Mazda BT 50 • Trois mille huit cent (3.800) dollars en monnaie américaine • Six (6) pantalons d'uniforme de la PNH, cinq (5) maillots avec inscription DCPJ, dix (10) gants tactiques de couleur noire • Six (6) jackets de couleur noire en nylon • Douze (12) genouillères, cinq (5) cagoules noires, six (6) casques balistiques, six (6) paires de bottes noires de combat, cinq (5) ceinturons noirs, un (1) képi Swat Team • Onze (11) maillots avec inscription Drug Enforcement Administration (DEA) • Une (1) carte falsifiée DEA • Quatre (4) maisons sont mises sous scellé • Treize (13) téléphones. IV.Informations sur la maison ayant servi à la séquestration des victimes - La maison ayant servi à la séquestration des victimes est située sur l'Habitation Beauduy Pernier. Elle dépend de la section communale de Bellevue Charbonnnière, commune de Tabarre. La maison appartient à la dame Marie Elianne MOUSSIGNAC, identifiée au numéro de sa Carte d'Identification Nationale 08-01-1949-04-00038. Elle l'a achetée du sieur Ronald APOLLON, identifié au No 003-818-698-4 qui agissait alors en qualité de mandataire des héritiers de feu Jeanty ELOI savoir, Levy JEANTY, Dieudonné JEANTY, Roland MASSENAT, Mathieu DESULME, Levelt VILVERT, sur la base d'un mandat enregistré, daté du 9 août 2001. La vente a eu lieu en 2011 et est inscrite le 20 avril 2011 dans le registre des déclarations du Notaire Public Me Romuald ETIENNE, dont l'étude est située à Delmas 19, Rue Léonard # 10. Selon un contrat de bail, Marie Elianne MOUSSIGNAC loue sa maison au sieur Ricot PIERRE-VAL pour la somme de cent cinq mille (105.000) gourdes pour une période de six (6) mois, allant du 8 octobre 2012 au 7 avril 2013. Au moment de la transaction, Ricot PIERRE-VAL s'est identifié par les numéros de sa carte d'identité et de son passeport, 004-988-964-7 et PP2663732. La transaction est faite par l'entremise de Rodfort JOSEPH alias Wilfort car, la propriétaire habite à Jérémie. Elle est la présidente de l'orphelinat Centre Perpétuel Secours, situé non loin du Commissariat de la ville. Il convient de noter que Marie Elianne MOUSSIGNAC est mère de Johnny MOUSSIGNAC, un ancien policier qui a été tué par balles le 28 octobre 2006 non loin de cette maison. De plus, la maison dont il s'agit est aussi utilisée pour les entrainements du gang. V. Dénonciations et aveux dans le cadre de ce dossier Les dénonciations et aveux consentis dans le cadre de ce dossier sont accablants. • Le gang dirigé par Clifford H. BRANDT opère depuis plusieurs années et compte au moins treize (13) victimes. • Certains individus arrêtés affirment qu'ils étaient au nombre de six (6) sur le coup alors que d'autres parlent de préférence d'une association de huit (8) individus. Ricot PIERRE-VAL ainsi que Jean BERNARD étaient chargés de surveiller les victimes. Ils ont été contactés par Clifford H. BRANDT. Ce dernier leur a déjà donné cinq cents (500) dollars américains et a promis de leur verser à chacun vingt mille (20.000) dollars américains après le versement de la rançon. • A aucun moment, Clifford H. BRANDT ne comptait libérer ses victimes de peur que ces dernières ne puissent fournir les informations sur leur enlèvement et le lieu de leur séquestration. Il était donc planifié de les éliminer une fois la rançon empochée. • L'association de Clifford H. BRANDT est impliquée aussi dans le trafic d'armes à feu. En ce sens, il envoie régulièrement de l'argent aux Etats-Unis d'Amérique pour l'achat de nouvelles armes qu'il fait entrer au pays à l'intérieur de grands haut-parleurs. • Carline RICHEMA a livré à la PNH un pistolet Zastava, de couleur noire et grise, modèle 99, calibre 9 mm, de série 13477 qui lui a été confié par son concubin, Ricot PIERRE-VAL. L'arme ainsi que d'autres documents ont été enterrés par Carline RICHEMA dans la maison de sa soeur, sise à la zone de Château Blond. VI.Instruction du dossier par l'appareil judiciaire - Le dossier est transféré au Cabinet d'Instruction de la Juge Pierre Gabrielle DOMINGUE. Si la plupart des individus arrêtés dans le cadre de ce dossier sont transférés aux Prisons Civiles de Port-au-Prince et de Pétion-ville, certains jouissent de traitements de faveur. En effet, le 25 octobre 2012, après avoir été auditionné par le Parquet près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, Clifford H. BRANDT est emmené au Commissariat de Carrefour avec, en sa possession, son portable. Le 3 novembre 2012, lui et trois (3) de ses complices, savoir, Franck SINTERINE, Junior CHARLES et Ernst PIERRE sont transférés à la Prison Civile de la Croix des Bouquets une prison à peine inaugurée, appelée à recevoir les individus jugés coupables des crimes qui leur sont reprochés. Le fait de placer ces quatre (4) présumés kidnappeurs à la Prison civile de la Croix des Bouquets semble banal. Mais pour ceux qui connaissent le système judiciaire haïtien, il s'agit là d'une situation troublante qui exige la vigilance de tous les citoyens haïtiens. VII. Rappel sur le dossier de Stanley HANDAL - Le RNDDH souligne à l'attention de tous qu'un dossier similaire a débouché, en 2005, sur la libération des présumés kidnappeurs. En effet, en août 2005, le nommé Nathanaël GENELUS, employé de la succursale de la UNIBANK de Damien est arrêté par la PNH et conduit au sous-commissariat de police de Delmas 62. Il est depuis porté disparu. L'inspecteur de police James BOURDEAU, responsable alors de ce sous-commissariat et d'autres policiers sont arrêtés sous l'inculpation d'avoir organisé le kidnapping et la disparition du caissier de la UNIBANK pour le compte de Stanley HANDAL, un riche homme d'affaires. Ce dernier est aussi arrêté. Confié à un juge d'instruction alors président de l'Association Nationale des Magistrats Haïtiens (ANAMAH), ce dossier a rejoint le nombre d'affaires classées sans aucune mention. En effet, le Juge octroie le 30 décembre 2005, main levée du mandat d'écrou aux quatre (4) présumés kidnappeurs arrêtés dans le cadre de cet enlèvement suivi de disparition : • Stanley HANDAL • Wilfrid FRANÇOIS, A1 • Sony LAMBERT, A3 • Rénal CINEUS A4 A date, personne ne sait ce qu'il est advenu du dossier. Commentaires et Recommandations Les cas d'enlèvement et de séquestration contre rançon sont aujourd'hui monnaie courante dans le pays. Ils appauvrissent la population, notamment la classe moyenne et favorisent la fuite des ressources humaines vers des pays étrangers. En effet, de nombreuses victimes d'enlèvement suivi de séquestration contre rançon abandonnent le pays après leur libération. De plus, l'implication d'hommes d'affaires, avérée dans les dossiers de Nathanaël GENELUS et des frère et soeur MOSCOSO prouve que les enlèvements constituent des crimes hautement organisés avec des ramifications puissantes. En ce sens, le démantèlement complet et définitif du gang dirigé par Clifford H. BRANDT constitue une priorité et sera considéré comme un grand pas dans la lutte effective contre cette forme de criminalité qui ne cesse d'endeuiller la société haïtienne. Si les autorités du pays qui détenaient les informations relatives au gang de Clifford H. BRANDT avaient rapidement passé les instructions à la DCPJ pour intervenir, le numéro II, Edner COME connu aussi sous le nom de Jackson TRAVELINO ainsi que plusieurs autres membres du gang seraient aujourd'hui sous les verrous. Parallèlement, il est incompréhensible que seul le nom du Secrétaire d'Etat à la Sécurité Publique, Réginald DELVA ait été communiqué à l'institution judiciaire pour enquête alors que c'est lui-même qui a affirmé qu'une liste d'une vingtaine de personnalités haïtiennes à être enlevées et exécutées par le gang de Clifford H. BRANDT est en circulation. De plus, en Haïti, les noms de personnalités civiles et politiques sont associés au trafic de la drogue, au blanchiment d'argent et à la criminalité financière. Les autorités policières et judiciaires doivent tout mettre en oeuvre en vue d'enquêter sur tous les cas de suspicion d'implication des citoyens dans ces crimes. Et, plus que jamais, les signes de richesse extérieurs d'agents de la PNH et de tous les fonctionnaires de l'Etat doivent faire l'objet d'enquêtes sérieuses. Cette pratique d'autoriser les agents actifs de la PNH à s'adonner à des activités parallèles constitue un grand danger car, ils peuvent facilement être mis sous payroll de grands kidnappeurs et de grands chefs de gang. C'est aussi une situation sous le couvert de laquelle ils peuvent s'enrichir illicitement. Dans de telles circonstances, il est difficile d'assurer la moralité des troupes policières. Dans une société où la Justice est aussi décriée, tous les délinquants doivent être traités de la même manière. Clifford H. BRANDT, Franck SINTERINE, Junior CHARLES et Ernst PIERRE ne sont pas les premiers kidnappeurs présumés, arrêtés dans le cadre d'une enquête. Tous ceux qui l'ont été avant eux, sont placés à la Prison Civile de Port-au-Prince. C'est aussi la place de Clifford H. BRANDT et de ses acolytes. Ils ne peuvent en aucun cas, bénéficier de traitements de faveur car cet état de fait suscite déjà de nombreuses inquiétudes quant à l'aboutissement du dossier à un procès juste et équitable. Il convient de souligner que les dossiers de Clifford H. BRANDT et de Stanley HANDAL se ressemblent drôlement. En effet, dans les deux (2) cas, deux (2) hommes d'affaires sont à la tête de bandits lourdement armés dont des policiers en activité de service ainsi que d'anciens policiers. Ces gangs sont spécialisés notamment dans l'enlèvement suivi de séquestration contre rançon, le blanchiment d'argent, etc. En ce sens, le RNDDH redoute la réédition de l'affaire Stanley HANDAL dans le traitement de l'affaire BRANDT. Enfin, le RNDDH met en garde les autorités politiques contre toutes démarches devant aboutir à la libération de Clifford H. BRANDT et de ses complices. Fort de tout ce qui précède, le RNDDH recommande aux autorités judiciaires de : 1. Donner suite à l'enquête menée par la PNH ; 2. Démanteler une bonne fois pour toutes, le gang dirigé par Clifford H. BRANDT ; 3. Traduire par devant la juridiction de jugement tous les membres de ce gang ainsi que tous ceux qui sont impliqués dans l'enlèvement suivi de séquestration de Nicolas MOSCOSO et Coralie MOSCOSO ; 4. Instruire tous les dossiers criminels équitablement ; 5. Rouvrir l'enquête judiciaire sur le dossier de Stanley HANDAL et juger tous ceux qui étaient impliqués dans l'enlèvement suivi de la disparition de Natanaël GENELUS ; 6. Mettre fin dans la pratique des activités parallèles des policiers actifs. RNDDH: Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH

samedi 20 octobre 2012

ENCORE UNE FOIS, LAURENT SALVADOR LAMOTHE A ASSASSINE L'EMPEREUR JEAN JACQUES DESSALINES

ACTUALITES Encore une fois, Laurent Salvador Lamothe a assassiné l’empereur Jean Jacques Dessalines. Par Herns Mesamours --- La cérémonie traditionnelle commémorant l'assassinat de Jean Jacques Dessalines, Fondateur de notre Patrie, a été, cette année, écorchée par le Premier ministre haïtien. Désinvolte, il n'a pas jugé utile de porter la tenue prescrite en la circonstance. Alors que le président, le cabinet ministériel, les représentants des autres pouvoirs, les fonctionnaires se sont conformés aux prescrits du cérémonial, Laurent Lamothe portait avec ostentation et fierté une « guyabera » en lieu et place du complet blanc et cravate noire exigés en la circonstance. Comme un enfant qui voulait jouer un mauvais tour à ses camarades, Lamothe riait, heureux de son espièglerie. Mais voilà, ce ne sont pas des affaires de petits copains dont il s'agit mais des affaires de la République. Il est difficile de comprendre un tel comportement. Quels sont les motifs d'un tel agissement ? A quoi riment tant de puérilités et de gamineries ? Un Premier ministre ne peut en faire à sa tête. L'Etat n'est pas une entreprise privée avec ses règles particulières émanant de son propriétaire. Ce fut une offense grave et un manque de respect certain aux Aïeux, à la Nation, au Chef de l'Etat, à l'administration en général et à la fonction de Premier ministre. La stupéfaction des uns et des autres a été à son comble en voyant le Président de la République serrer la main du Premier ministre en rupture de ban. Michel Martelly riait au lieu de lui demander simplement d'aller se conformer au protocole établi. Le Président Martelly n'a pas semblé comprendre que c'était une offense à sa propre personne, à son statut de Chef de l'Etat. Le Laurent Lamothe, l'ami et l'associé de Martelly dans la firme Global Voice, doit s'effacer devant les exigences de la fonction et doit se conformer aux règles et normes qui ne sont pas les siennes mais celles de l'Etat. Le temps de la camaraderie est révolu. Après avoir été renvoyé, il reprendra ses habitudes et continuera à jouer des tours à ses amis. Pour le moment, Premier ministre, il devrait avoir la posture d'un fonctionnaire de l'Etat nommé pour accomplir une mission et non être l'amuseur des uns et des autres. L'offense au Président, premier citoyen du pays, est surtout une gifle infligée à toute la Nation qui, en ce jour du 17 octobre, avait une pensée spéciale pour Jean Jacques Dessalines qui, avec tous les autres Aïeux, a mené une guerre implacable pour délivrer nos ancêtres des griffes de l'esclavage et du colonialisme. C'est toujours avec solennité que se déroule cette cérémonie à la mémoire du forgeur de notre Nation. Solennité reflétée dans le protocole établi par le service concerné du ministère intéressé. Lamothe, personnage à la nationalité douteuse, voulait-il marquer son mépris à Dessalines qui a chassé les étrangers de notre terre ? Ce fut une offense pour tous les participants à cette cérémonie qui, eux, se sont conformés aux prescrits du protocole. Ministres, députés, Sénateurs, fonctionnaires. Ce fut un mépris pour les fonctionnaires qui ont travaillé pour établir un protocole qu'ils pensaient être une tâche importante mais qui a été ravalé au stade d'un exercice inutile, dérisoire. Le Premier ministre Lamothe a raté l'occasion de montrer que le cabinet ministériel est une entité homogène. Il a prouvé que dans son gouvernement chacun en fait à sa tête, que personne n'est obligé de se plier aux règles qui devaient prévaloir pour tous. Il n'a pas su donner l'exemple à ses ministres qui désormais ont le droit, eux aussi, à en faire à leur tête alors qu'ils sont des fonctionnaires comme Lamothe, astreints aux mêmes exigences et servitudes de leurs fonctions. Ce n'est pas en violant les règles que l'on fait preuve de créativité. Etre créatif c'est travailler pour mettre en place les bases qui permettront à notre pays d'aller de l'avant, c'est de trouver les formules originales qui peuvent sortir notre République de l'ornière dans laquelle elle s'est embourbée. Quel exemple a-t-il donné à cette jeunesse confrontée chaque jour à la précarité, aux gangs, à la drogue, au visage grimaçant de la misère, cette jeunesse à qui il faut montrer à chaque minute les bénéfices des lois, des règles, des normes ? Chaque acte d'un gouvernement devrait avoir une portée pédagogique pour les gouvernés qu'il a la responsabilité de diriger et la jeunesse qu'il a la possibilité et l'opportunité de former par l'exemple pour que le pays puisse avoir des citoyens responsables, soucieux d'obéir aux règles et normes qui seules sont les garantes de la grandeur d'un pays. L'anarchie n'a jamais rien construit. Les étrangers, qui nous observent, ne nous prendront jamais au sérieux. Chez eux, ils observent les prescrits, les règles, les normes, les traditions, ayant la conviction que les dérogations conduisent à la ruine. Une photo du président Reagan s'étalant sur deux pages d'un numéro de Paris Match a fait le tour du monde. Devant assister à une cérémonie le président, dans la photo, était assis sur un grand sofa de la maison blanche en compagnie de sa fille qui devait l'accompagner en la circonstance. En face d'eux, un membre du service du protocole, debout, leur expliquait les moindres gestes à faire et les attitudes à adopter durant l'événement. Ce qui frappait c'était l'attention soutenue avec laquelle le président et sa fille suivaient les explications du fonctionnaire. Le président de la plus grande nation du monde se pliait au protocole que lui expliquait un fonctionnaire de second rang. C'est cela la grandeur ! Plus près de nous, a circulé dans la capitale haïtienne l'histoire d'un « incident » au cours duquel le président Jean Claude Duvalier est sorti de ses appartements du palais avec un complet marron pour assister à une cérémonie. Le chef du protocole, Yves Masillon, lui a simplement demandé de se changer car la tenue marron ne seyait pas aux cérémonies officielles. Jean Claude Duvalier a aussitôt rebroussé chemin pour se conformer aux exigences du cérémonial rappelées par le chef du protocole. Ce même chef du protocole avait renvoyé chez lui Guy Bauduy, ministre du gouvernement de Jean Claude Duvalier qui ne portait pas la tenue exigée par le protocole prévu en la circonstance. Bauduy savait qu'il ne pourrait défier le fonctionnaire chargé au respect des normes. La femme du Président Magloire, accompagnant le chef de l'Etat, en visite dans une ville du pays, avait porté un chapeau pour assister à un Te-deum. La première dame a dû changer de couvre-chef quand le chef du protocole lui a expliqué qu'en la circonstance c'était la capeline qui était recommandée. Certains diront : Quelle importance tout cela a-t-il ? C'est le respect de ces petits riens qui font les grandes nations. C'est le respect de ces détails qui aident à construire un moule dans lequel un pays se fond pour se diriger vers de hautes cimes. Ce n'est pas en défiant les règles qu'on fait preuve de personnalité et de caractère. C'est au contraire en s'y conformant. Le déclin continu de notre Nation est la résultante de ces négligences, de ces désinvoltures, de ce manque de rigueur qui font de notre pays un état failli. Ce dicton emprunté des Américains doit être pour nous tous un sujet sérieux et permanent de réflexion : The devil is in the details. Une autre Haïti est possible, ensemble construisons-la ! Herns Mesamours Chicago, USA (229) 364-8330

mardi 16 octobre 2012

DISCOURS DU PERE FONDATEUR DE LA NATION HAITIENNE

Liberté, ou la Mort. - ARMÉE INDIGÈNE, - Le général en chef, au peuple d'Haïti. - Citoyens, Ce n'est pas assez d'avoir expulsé do votre pays les barbares qui l'ont ensanglanté depuis deux siècles. Ce n'est pas assez d'avoir mis un frein aux factions toujours renaissantes qui se jouaient tour à tour du fantôme de liberté que la France exposait à vos yeux. Il faut, par un dernier acte d'autorité nationale, assurer à jamais l'empire de la liberté dans le pays qui nous a vus naître. Il faut ravir au gouvernement inhumain qui tient depuis longtemps nos esprits dans la torpeur la plus humiliante, tout espoir de nous réasservir. Il faut enfin vivre indépendant, ou mourir ! Indépendance, ou la Mort ! Que ces mots sacrés nous rallient, et qu'ils soient le signal des combats et de notre réunion ! - Citoyens, mes compatriotes, j'ai rassemblé dans ce jour solennel ces militaires courageux qui, à la veille de recueillir les derniers soupirs de la liberté, ont prodigué leur sang pour la sauver. Ces généraux qui ont guidé vos efforts contre la tyrannie n'ont point encore assez fait pour votre bonheur. Le nom français lugubre encore nos contrées ! Tout y retrace le souvenir des cruautés de ce peuple barbare; nos lois, nos mœurs, nos villes, tout encore porte l'empreinte française. Que dis-je? Il existe des Français dans notre île, et vous vous croyez libres et indépendants de cette République, qui a combattu toutes les nations, il est vrai, mais qui n'a jamais vaincu celles qui ont voulu être libres! Eh quoi ! Victimes pendant quatorze ans de notre crédulité et de notre indulgence, vaincus, non par des armées françaises, mais par la pipeuse éloquence des proclamations de leurs agents : quand nous lasserons-nous de respirer le même air qu'eux ? Qu'avons-nous de commun avec ce peuple bourreau ? Sa cruauté comparée à notre patiente modération, sa couleur à la nôtre, l'étendue des mers qui nous séparent, notre climat vengeur, nous disent assez qu'ils ne sont pas nos frères, qu'ils ne le deviendront jamais, et que s'ils trouvent un asile parmi nous, ils seront encore les machinateurs de nos troubles et de nos divisions. - Citoyens indigènes, hommes, femmes, filles et enfants, portez vos regards sur toutes les parties de cette île. Cherchez-y, vous, vos femmes ; vous, vos maris; vous, vos frères ; vous, vos sœurs : que dis-je ? Cherchez-y vos enfants, vos enfants à la mamelle. Que sont-ils devenus ! Je frémis de le dire: La proie de ces vautours. Au lieu de ces victimes intéressantes, votre œil consterné n'aperçoit que leurs assassins, que les tigres dégouttant encore de leur sang, et dont l'affreuse présence vous reproche votre insensibilité et votre coupable lenteur à les venger. Qu'attendez-vous pour apaiser leurs mânes? Songez que vous avez voulu que vos restes reposassent auprès de ceux de vos pères, quand vous avez chassé la tyrannie. Descendrez-vous dans leurs tombes sans les avoir vengés ? Non ! Leurs ossements repousseraient les vôtres. Et vous, hommes précieux, généraux intrépides qui, insensibles à vos propres malheurs, avez ressuscité la liberté en lui prodiguant tout votre sang; sachez que vous n'avez rien fait, si vous ne donnez aux nations un exemple terrible, mais juste, de la vengeance que doit exercer un peuple fier d'avoir recouvré sa liberté, et jaloux de la maintenir. Effrayons tous ceux qui oseraient tenter de nous la ravir encore : commençons par les Français ! Qu'ils frémissent en abordant nos côtes, sinon par le souvenir des cruautés qu'ils y ont exercées, du moins par la résolution terrible que nous allons prendre, de dévouer à la mort quiconque né Français, souillerait de son pied sacrilège le territoire de la liberté. Nous avons osé être libres, osons l'être par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Imitons l'enfant qui grandit : son propre poids brise la lisière qui lui devient inutile et l'entrave dans sa marche. Quel peuple a combattu pour nous ? Quel peuple voudrait recueillir les fruits de nos travaux ? Et quelle déshonorante absurdité que de vaincre pour être esclaves? Esclaves! Laissons aux Français cette épithète qualificative : ils ont vaincu pour cesser d'être libres. Marchons sur d'autres traces; imitons ces peuples qui, portant leurs sollicitudes jusque sur l'avenir, et appréhendant de laisser à la postérité l'exemple de la lâcheté, ont préféré être exterminés que rayés du nombre des peuples libres. Gardons-nous, cependant, que l'esprit de prosélytisme ne détruise notre ouvrage; laissons en paix respirer nos voisins ; qu'ils vivent paisiblement sous l'égide des lois qu'ils se sont faites, et n'allons pas, boute-feu révolutionnaires, nous érigeant en législateurs des Antilles, faire consister notre gloire à troubler le repos des îles qui nous avoisinent. Elles n'ont point, comme celle que nous habitons, été arrosées du sang innocent de leurs habitants : ils n'ont point de vengeance à exercer contre l'autorité qui les protège. Heureuses de n'avoir jamais connu les fléaux qui nous ont détruits, elles ne peuvent que faire des vœux pour notre prospérité. Paix à nos voisins ! Mais Anathème au nom français ! Haine éternelle à la France ! Voilà notre cri. - Indigènes d'Haïti, - Mon heureuse destinée me réservait à être un jour la sentinelle qui dût veiller à la garde de l'idole à laquelle vous sacrifiez. J'ai veillé, combattu, quelquefois seul, et si j'ai été assez heureux que de remettre entre vos mains le dépôt sacré que vous m'avez confié, songez que c'est à vous maintenant à le conserver. En combattant pour votre liberté, j'ai travaillé à mon propre bonheur. Avant de la consolider par des lois qui assurent votre libre individualité, vos chefs que j'assemble ici, et moi-même, nous vous devons la dernière preuve de notre dévouement. - Généraux, et vous chefs, réunis près de moi pour le bonheur notre pays : le jour est arrivé, ce jour qui doit éterniser notre gloire, notre indépendance. S'il pouvait exister parmi nous un cœur tiède, qu'il s'éloigne et tremble de prononcer le serment qui doit nous unir ! Jurons à l'univers entier, à la postérité, à nous-mêmes, de renoncer à jamais à la France, et de mourir plutôt que de vivre sous sa domination ! De combattre jusqu'au dernier soupir pour l'indépendance de notre pays ! - Et toi, peuple trop longtemps infortuné: témoin du serment que nous prononçons, souviens-toi que c'est sur ta constance et ton courage que j'ai compté, quand je me suis lancé dans la carrière de la liberté pour y combattre le despotisme et la tyrannie contre lesquels tu luttais depuis quatorze ans. Rappelle-toi que j'ai tout sacrifié pour voler à ta défense, parents, enfants, fortune, et que maintenant je ne suis riche que de ta liberté; que mon nom est devenu en horreur à tous les peuples qui veulent l'esclavage, et que les despotes et les tyrans ne le prononcent qu'en maudissant le jour qui m'a vu naître. Et si jamais tu refusais ou recevais en murmurant les lois que le génie qui veille à tes destins me dictera pour ton bonheur, tu mériterais le sort des peuples ingrats. Mais, loin de moi cette affreuse idée. Tu seras le soutien de la liberté que tu chéris, l'appui du chef qui te commande. Prête donc entre ses mains le serment de vivre libre et indépendant, et de préférer la mort à tout ce qui tendrait à te remettre sous le joug. Jure enfin de poursuivre à jamais, les traîtres et les ennemis de ton indépendance. Fait au quartier-général des Gonaïves, le premier janvier mil huit cent quatre, l'an premier de l'indépendance. Signé : J. J. DESSALINES Source: Beaubrun Ardouin, Etudes sur l’Histoire d’Haïti, pages 26-27-28-29