vendredi 11 avril 2008

HAITI:VIE CHERE/PROTESTATION: TENSION A OUANAMINTHE

Haiti/Vie chere/Protestation : Tension à Ouanaminthe
jeudi 10 avril 2008

Par Solidarite Fwontalye / Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants (Haïti)

Transmis à AlterPresse le 9 avril 2008

Tôt dans la matinée de ce mercredi 9 avril 2008, les tensions ont véritablement commencé à Ouanaminthe. Partout dans les rues et les quartiers, on voit brûler des pneus. Les flammes font peur et obligent presque toutes les écoles ainsi que les banques à fermer temporairement afin d’éviter d’être victimes d’actes de vandalisme et de pillage des groupes en colère.
La présence des agents de la PNH et de la MINUSTAH est remarquée dans certains endroits de la ville et spécialement devant les locaux abritant la douane de Ouanaminthe. La brigarde douanière semble ciblée par des membres de la population qui l’accusent de rendre difficiles les transactions douanières, alors qu’au fond, elle joue la carte de la corruption, déclarent-ils.
Une marchande déclare à Radio Power que des brigardiers ont déjà confisqué ses marchandises supposément interdites (oeufs, poules, et autres) pour les lui remettre après la fermeture du travail, c’est-à-dire le soir, loin des regards ou pour les négocier avec d’autres commerçants. Pour éviter le pire avec une population en colère, les agents de la PNH effectuent des patrouilles dans des zones sensibles.

À la base de cette situation : la montée vertigineuse des prix des produits de première nécessité. Cette situation qui règne actuellement à Ouanaminthe ne constitue pas un fait isolé, mais s’inscrit dans le cadre du soulèvement qui semble général dans le pays comme pour protester contre l’inaction du gouvernement sur la hausse des prix des produits de base pour la consommation.

Dans le Nord-est, la majorité des familles se trouve dans l’impossibilité de satisfaire ses besoins les plus élémentaires, comme la nourriture, les vêtements, etc.. La région a perdu depuis longtemps de sa potentialité en matière de développement agricole. Les paysans préfèrent vendre leurs forces de travail aux cultivateurs dominicains au lieu de travailler leurs petits lopins de terre. Ils sont découragés parce qu’ils ne trouvent aucun encadrement de la part des responsables de l’Etat. Et pourtant, nous ne cessons pas de dire qu’Haïti est un pays essentiellement agricole.

Et comme résultat : la population du Nord-Est dépend pour une grande part des produits que fournit la République Dominicaine. On se demande s’il existe une politique de développement agricole en Haïti ; si c’est le cas, quel rôle y joue le ministère de l’agriculture et quelles sont les actions concrètes qu’il a déjà entreprises pour augmenter la capacité du pays au niveau de la production ? Aujourd’hui, c’est un scandale qu’après plus de 200 ans de notre indépendance, les Haïtiens continuent de crier famine.

Si rien n’est fait dans l’immédiat pour palier à cette situation de misère et de détresse, le pays sera intenable. "Solidarite Fwontalye / Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants", organisation de droits humains siégant à Ouanaminthe, lance un appel à l’investissement à grande échelle dans le secteur agricole en vue de relancer la production nationale et de procéder à la création d’emplois à haute intensité. Cet appel est d’abord adressé aux responsables de l’Etat et du gouvernement, et ensuite à tous les entrepreneurs du secteur privé qui croient et veulent un développement durable pour Haïti.

Solidarite Fwontalye / Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants (Haïti) Communication de la Section Migration.

mardi 8 avril 2008

HAITI-SOCIETE-VIE CHERE: LES INGREDIENTS D'UNE CRISE GENERALE EN PERSPECTIVE

Haïti-Société-Vie chère : Les ingrédients d’une crise générale en perspective
lundi 7 avril 2008

P-au-P, 7 avril 08 [AlterPresse] --- Des signes évidents d’un malaise, notamment un ralentissement marqué des transports publics, sont perceptibles, lundi matin 7 avril 2008, en différentes municipalités de la zone métropolitaine de la capitale, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Après le Sud et l’Artibonite (Nord), les manifestations, par groupes, contre la vie chère commencent par gagner Port-au-Prince, et convergent en diverses directions, dont vers le Parlement (à l’ouest de la capitale) et le Bel Air (grande agglomération surplombant la place publique du Champ de Mars, non loin du palais présidentiel).
Une grève tacite, ou un arrêt de travail des chauffeurs de transport public, frappe l’attention dans la matinée du 7 avril. La circulation automobile est fluide sur les différents circuits de transport public, avec quelques bouchons en certains endroits.
Les activités commerciales sont affectées par l’atmosphère d’inquiétude qui plane sur la ville de Port-au-Prince, où des parents ont décidé de garder leurs enfants à la maison par crainte d’une tournure non contrôlée des événements en cours.
Des traces de pneus usagés incendiés sont remarqués sur certaines artères, tandis que des pierres sont lancées par des mains inconnues dans d’autres secteurs de la capitale.
A l’Ecole normale supérieure de l’Université d’Etat d’Haïti, des étudiants ont, de très bonne heure, dressé des barricades sur la chaussée. Arrivés sur les lieux, des agents de la police nationale ont tenté de rétablir le calme.
A rappeler que, depuis plus d’une semaine, les étudiants de la Faculté des sciences humaines (Fasch) ont entamé, au siège de la Faculté, un mouvement de protestation dénommé « Bat tenèb » (concert de casseroles).
Plusieurs d’entre eux ont marché dans des rues de la capitale, le vendredi 4 avril 2008, pour dénoncer la réalité dramatique de la population et appeler à la responsabilité des autorités concernées.
Sur la route de Carrefour (sortie sud de Port-au-Prince), ce 7 avril, des habitants ont investi les rues pour faire valoir leurs revendications par rapport aux problèmes de la vie chère. La circulation est quasiment paralysée dans ce secteur où des pare-brise de véhicule privé ont essuyé des jets de pierre.
Du nord au sud, de l’est à l’ouest de Port-au-Prince, plusieurs files de passagères et passagers attendaient de trouver un véhicule de transport en commun pour se rendre sur leurs lieux de travail. De nombreux écoliers et écolières ne savaient point s’ils allaient pouvoir parvenir à leurs établissements scolaires, tant il était difficile de trouver un tap tap (véhicule de transport en commun) assurant la desserte en différents endroits.
Plusieurs citoyennes et citoyens, qui s’apprêtaient à aller vaquer à leurs occupations coutumières, ont dû rebrousser chemin à cause de la situation d’incertitude qui plane sur la zone métropolitaine
Cette situation de vie chère, qualifiée de « Chlorox » par la population, interpelle de nombreux citoyens qui exigent des autorités gouvernementales la subvention des produits de première nécessité aux fins de réduire le coût élevé la vie.
La situation qui se développe a des répercussions sur la vie globale et sur la planification d’activités sectorielles.
Tension, anxiété, inquiétude, se lisent sur les visages de plusieurs personnes qui s’interrogent sur la couleur du temps, avec la hausse accélérée des prix de différents biens, dont les biens essentiels à la consommation, après le nouveau relèvement, fin mars 2008, des prix des produits pétroliers sur le marché national.
Des agents de la police nationale d’Haïti (Pnh) sont intervenus pour enlever des barricades de pierres érigées çà et là par des riverains. Des militaires de la Mission des Nations Unies de Stabilisation en Haïti (Minustah) campent, avec des véhicules blindés, devant certains édifices publics, comme la compagnie nationale des Télécommunications (Teleco).
Des dispositifs de sécurité semblent être renforcés devant le Palais national et à proximité du Bureau du Premier ministre.
C’est, à peu près, le même cas de figure dans la ville des Cayes (troisième ville du pays à 186 kilomètres au sud de la capitale), où les manifestations de rue gagnent en ampleur. Après un week-end plus ou moins calme, les protestations ont repris dans cette ville haïtienne qui a déjà pleuré au moins deux morts et plusieurs blessés lors des précédentes échauffourées avec les casques bleus uruguayens présents dans ce département géographique.
Le 4 avril 2008, le premier ministre Jacques Edouard Alexis a reconnu le droit des citoyens d’exprimer leur réprobation par rapport à la hausse du coût de la vie. Mais, il a pointé du doigt ce qu’il appelle l’implication de trafiquants de drogue et de contrebandiers dans le mouvement de contestation en cours.
Tout en admettant de possibles infiltrations dans la contestation en cours, des secteurs de droits humains critiquent le laxisme des dirigeants qui, au-delà des promesses non encore concrétisées, n’ont adopté aucune mesure immédiate pour prévenir une détérioration de la situation globale du pays. [do rc apr 07/04/2008 10:10]

HAITI/VIE CHERE...

Haïti/Vie chère : 1 mort et 4 blessés par balles dans des protestations tendant à se généraliser Bilan partiel d’une quatrième journée de manifestations
lundi 7 avril 2008

P-au-P, 7 avr. 08 [AlterPresse] --- Des violences ont été enregistrées à Port-au-Prince et dans certaines villes de province au cours d’un mouvement de protestation, initialement contre la cherté de la vie qui frappe toutes les couches de la population depuis octobre 2007, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
1 mort, 4 blessés par balles (dont 2 aux Cayes, ainsi qu’un étudiant et un policier à Port-au-Prince), plusieurs pare-brise de véhicules brisés (dont 2 de la chaîne privée Télé Haïti à Martissant – banlieue sud - et à l’avenue John Brown à Port-au-Prince, un nombre indéterminé de véhicules incendiés, la résidence de la famille du sénateur Jean Gabriel Fortuné saccagée aux Cayes, troisième ville du pays, jets de pierres contre plusieurs édifices publics et privés, barricades de pneus usagés enflammés, divers incidents çà et là : c’est le bilan non exhaustif des casses opérées pendant une quatrième journée de protestation nationale ce 7 avril.
Non satisfaits de l’absence de réponses concrètes du gouvernement aux desiderata de la population et déplorant le problème de communication chez les dirigeants, notamment contre la hausse accélérée du coût de la vie, des manifestants ont usé d’actes violents pour faire passer leurs revendications.
Ils s’en prennent non seulement au Premier ministre Jacques Edouard Alexis et au reste du gouvernement, mais aussi au président René Garcia Préval, dont ils réclament la démission pour « absence de vision » et « de réponses immédiates concrètes » à la misère et à la faim, lot d’une grande partie de la population ces derniers mois.

Un sénateur en difficulté
La résidence de la famille du sénateur du Sud Jean-Gabriel Fortuné a été pillée, ce 7 avril 2008, dans la ville des Cayes (à 186 kilomètres au sud de Port-au-Prince), par des manifestants en colère, apprend AlterPresse.
Intervenant sur des stations de radio de la capitale haïtienne, le parlementaire estime que ce mouvement de protestation serait manipulé par des trafiquants de drogue et des militants du parti Fanmi Lavalas.
Fortuné signale la présence de « Ti Pistòl », de son vrai nom Lucien Angela, parmi les manifestants. « Ti Pistòl » était un membre influent des organisations populaires Lavalas avant la chute du régime de Jean-Bertrand Aristide.
« Il s’agit d’un mouvement purement politique. Ils [ces manifestants] cherchent à résoudre avec moi des problèmes politiques », déclare sur Radio Métropole Jean-Gabriel Fortuné.
L’élu du Sud interprète ce mouvement comme une « revanche de la Fanmi Lavalas et des trafiquants de drogue ».
« Ce sont des gens qui profitent des revendications légitimes de la population », insiste Gabriel Fortuné qui appelle à l’arrestation de tous les fauteurs de trouble. Le parlementaire a toutefois indiqué que la police est impuissante face aux manifestants qui se montrent de plus en plus violents.
La famille Fortuné est pour l’heure sous le choc. Margareth Fortuné, responsable de l’Association des femmes victimes de la faillite des coopératives, s’inquiète du sort qui pourrait être réservé à son frère, le sénateur Jean-Gabriel Fortuné.
Larmes aux yeux, Margareth Fortuné demande au pouvoir exécutif de prendre les mesures nécessaires pour garantir la sécurité de son frère, en difficulté.
Sur les ondes de Signal FM, Margareth Fortuné demande pardon aux manifestants pour les multiples déclarations du sénateur Fortuné relatives à ce mouvement de protestation.
Dans la foulée, une personne a été tuée par balles portant le bilan à au moins 4 morts par balles aux Cayes, depuis le lancement de cette levée de boucliers le 3 avril 2008.
Ce nouveau décès s’est produit non loin de la résidence du sénateur Jean Gabriel Fortuné, objet d’attaques de la part de certains manifestants.

Mobilisation à la capitale
Parallèlement, la mobilisation contre la vie chère tend à augmenter en intensité à Port-au-Prince et d’autres villes de province (Petit-Goâve, Jérémie, Cayes) où plusieurs milliers de personnes ont investi les rues pour exprimer leur ras-le-bol.
A Port-au-Prince, en fin d’après-midi du lundi 7 avril, un étudiant a été blessé par balle, dans des circonstances non élucidées, non loin de la Faculté des Sciences humaines et de l’Institut national d’administration, de gestion et des hautes études internationales (Inaghei), deux entités de l’Université d’Etat d’Haïti.
Très tôt, dans la capitale, ce 7 avril, plusieurs groupes de manifestants ont fait valoir leurs revendications. Des étudiants de l’Ecole normale supérieure ont entamé un mouvement en érigeant des barricades aux abords de cette entité de l’Université d’Etat d’Haïti.
Aux environs de la Faculté d’Ethnologie, des barricades de pneus enflammées ont été dressées. Mais la police faisait bonne garde.
La panique a gagné d’autres endroits de la capitale, notamment à Canapé-Vert et à l’avenue John Brown au niveau de Lalue. Des passants ont dû courir à toutes jambes pour éviter d’être victimes.
Plusieurs écolières et écoliers, ainsi que divers professionnels, ont dû regagner leur domicile devant les difficultés éprouvées pour trouver des véhicules de transport public, dont les chauffeurs ont observé un arrêt de travail sur différents circuits à Port-au-Prince.
D’autres villes rejoignent le mouvement

Après Gonaïves (Artibonite, Nord) et Cayes, Aquin, Cavaillon (Sud), ainsi que Petit-Goave (Ouest, direction sud du pays), d’autres villes d’Haïti tendent à rejoindre le mouvement orchestré la semaine dernière contre la cherté de la vie.

A Jérémie (Sud-Ouest), des rumeurs faisaient croire que des protestataires allaient même incendier la base régionale de la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (Minustah). Cinq personnes ont, à l’occasion, été appréhendées par la police.

A Petit-Goâve, à 68 kilomètres au sud de la capitale, un mouvement de protestation contre la vie chère a également eu lieu. Ecoles, centres commerciaux ont dû fermer leurs portes, tandis que la route nationale No 2 a été bloquée pendant une bonne partie de la journée au cours de la manifestation. A Miragoane (Nippes, Sud-Ouest), à quelques kilomètres de Petit-Goâve, les activités ont été paralysées par des jets de pierres et l’annonce d’un probable mouvement contre la vie chère.
A Léogane, à une trentaine de kilomètres au sud de Port-au-Prince, les activités ont été paralysées, notamment par des barricades de pneus usagés enflammés.

Les desiderata de la population
Outre les biens essentiels à la consommation (farine, pain, sucre, huile de cuisine, lait, riz et autres) qui connaissent une hausse sans précédent ces derniers mois, les prix d’autres biens stratégiques, comme les produits pétroliers, viennent de subir un relèvement à la fin de mars 2008. Ce qui porte les conducteurs de transports publics à exiger une variation à la hausse du tarif des transports publics.
Certains chauffeurs ont même donné un ultimatum au gouvernement [jusqu’au 11 avril 2008] pour l’adoption de mesures concrètes devant faire baisser le coût de la vie à tous les niveaux.
Ce lundi 7 avril 2008, des manifestants ont mis la détérioration de la situation nationale sur le compte des parlementaires, en particulier les députés qui avaient donné un vote de confiance au gouvernement Alexis en février dernier, malgré le peu de résultats obtenus par l’équipe au pouvoir depuis juin 2006. Une session des députés, sur les événements en cours, n’a pas pu se dérouler devant l’ampleur des manifestations par groupes à Port-au-Prince.
Des économistes ainsi que des secteurs du mouvement alternatifs stigmatisent la conduite des autorités qui s’adonnent tête baissée dans l’application des politiques néolibérales, dictées par les bailleurs de fonds internationaux comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, sans se soucier de dispositions appropriées pour affronter les éventuelles tensions sociales.
Au contraire, les dirigeants nationaux préfèrent associer la vie chère sur le marché national à une augmentation des prix au plan international. Les promesses de programme d’apaisement social (Pas) à celles de projets à impact communal (Pic) ne sont pas ressenties dans leur matérialisation par la population nationale.
Des dirigeants nationaux auraient évoqué un possible « tremblement de terre », c’est-à-dire une réalité d’agitation voire de bouleversements sociaux sur le territoire national dans les prochaines semaines, indiquent des milieux politiques dans la capitale haïtienne. [do rc apr 07/04/2008 14 :40]