samedi 20 octobre 2012

ENCORE UNE FOIS, LAURENT SALVADOR LAMOTHE A ASSASSINE L'EMPEREUR JEAN JACQUES DESSALINES

ACTUALITES Encore une fois, Laurent Salvador Lamothe a assassiné l’empereur Jean Jacques Dessalines. Par Herns Mesamours --- La cérémonie traditionnelle commémorant l'assassinat de Jean Jacques Dessalines, Fondateur de notre Patrie, a été, cette année, écorchée par le Premier ministre haïtien. Désinvolte, il n'a pas jugé utile de porter la tenue prescrite en la circonstance. Alors que le président, le cabinet ministériel, les représentants des autres pouvoirs, les fonctionnaires se sont conformés aux prescrits du cérémonial, Laurent Lamothe portait avec ostentation et fierté une « guyabera » en lieu et place du complet blanc et cravate noire exigés en la circonstance. Comme un enfant qui voulait jouer un mauvais tour à ses camarades, Lamothe riait, heureux de son espièglerie. Mais voilà, ce ne sont pas des affaires de petits copains dont il s'agit mais des affaires de la République. Il est difficile de comprendre un tel comportement. Quels sont les motifs d'un tel agissement ? A quoi riment tant de puérilités et de gamineries ? Un Premier ministre ne peut en faire à sa tête. L'Etat n'est pas une entreprise privée avec ses règles particulières émanant de son propriétaire. Ce fut une offense grave et un manque de respect certain aux Aïeux, à la Nation, au Chef de l'Etat, à l'administration en général et à la fonction de Premier ministre. La stupéfaction des uns et des autres a été à son comble en voyant le Président de la République serrer la main du Premier ministre en rupture de ban. Michel Martelly riait au lieu de lui demander simplement d'aller se conformer au protocole établi. Le Président Martelly n'a pas semblé comprendre que c'était une offense à sa propre personne, à son statut de Chef de l'Etat. Le Laurent Lamothe, l'ami et l'associé de Martelly dans la firme Global Voice, doit s'effacer devant les exigences de la fonction et doit se conformer aux règles et normes qui ne sont pas les siennes mais celles de l'Etat. Le temps de la camaraderie est révolu. Après avoir été renvoyé, il reprendra ses habitudes et continuera à jouer des tours à ses amis. Pour le moment, Premier ministre, il devrait avoir la posture d'un fonctionnaire de l'Etat nommé pour accomplir une mission et non être l'amuseur des uns et des autres. L'offense au Président, premier citoyen du pays, est surtout une gifle infligée à toute la Nation qui, en ce jour du 17 octobre, avait une pensée spéciale pour Jean Jacques Dessalines qui, avec tous les autres Aïeux, a mené une guerre implacable pour délivrer nos ancêtres des griffes de l'esclavage et du colonialisme. C'est toujours avec solennité que se déroule cette cérémonie à la mémoire du forgeur de notre Nation. Solennité reflétée dans le protocole établi par le service concerné du ministère intéressé. Lamothe, personnage à la nationalité douteuse, voulait-il marquer son mépris à Dessalines qui a chassé les étrangers de notre terre ? Ce fut une offense pour tous les participants à cette cérémonie qui, eux, se sont conformés aux prescrits du protocole. Ministres, députés, Sénateurs, fonctionnaires. Ce fut un mépris pour les fonctionnaires qui ont travaillé pour établir un protocole qu'ils pensaient être une tâche importante mais qui a été ravalé au stade d'un exercice inutile, dérisoire. Le Premier ministre Lamothe a raté l'occasion de montrer que le cabinet ministériel est une entité homogène. Il a prouvé que dans son gouvernement chacun en fait à sa tête, que personne n'est obligé de se plier aux règles qui devaient prévaloir pour tous. Il n'a pas su donner l'exemple à ses ministres qui désormais ont le droit, eux aussi, à en faire à leur tête alors qu'ils sont des fonctionnaires comme Lamothe, astreints aux mêmes exigences et servitudes de leurs fonctions. Ce n'est pas en violant les règles que l'on fait preuve de créativité. Etre créatif c'est travailler pour mettre en place les bases qui permettront à notre pays d'aller de l'avant, c'est de trouver les formules originales qui peuvent sortir notre République de l'ornière dans laquelle elle s'est embourbée. Quel exemple a-t-il donné à cette jeunesse confrontée chaque jour à la précarité, aux gangs, à la drogue, au visage grimaçant de la misère, cette jeunesse à qui il faut montrer à chaque minute les bénéfices des lois, des règles, des normes ? Chaque acte d'un gouvernement devrait avoir une portée pédagogique pour les gouvernés qu'il a la responsabilité de diriger et la jeunesse qu'il a la possibilité et l'opportunité de former par l'exemple pour que le pays puisse avoir des citoyens responsables, soucieux d'obéir aux règles et normes qui seules sont les garantes de la grandeur d'un pays. L'anarchie n'a jamais rien construit. Les étrangers, qui nous observent, ne nous prendront jamais au sérieux. Chez eux, ils observent les prescrits, les règles, les normes, les traditions, ayant la conviction que les dérogations conduisent à la ruine. Une photo du président Reagan s'étalant sur deux pages d'un numéro de Paris Match a fait le tour du monde. Devant assister à une cérémonie le président, dans la photo, était assis sur un grand sofa de la maison blanche en compagnie de sa fille qui devait l'accompagner en la circonstance. En face d'eux, un membre du service du protocole, debout, leur expliquait les moindres gestes à faire et les attitudes à adopter durant l'événement. Ce qui frappait c'était l'attention soutenue avec laquelle le président et sa fille suivaient les explications du fonctionnaire. Le président de la plus grande nation du monde se pliait au protocole que lui expliquait un fonctionnaire de second rang. C'est cela la grandeur ! Plus près de nous, a circulé dans la capitale haïtienne l'histoire d'un « incident » au cours duquel le président Jean Claude Duvalier est sorti de ses appartements du palais avec un complet marron pour assister à une cérémonie. Le chef du protocole, Yves Masillon, lui a simplement demandé de se changer car la tenue marron ne seyait pas aux cérémonies officielles. Jean Claude Duvalier a aussitôt rebroussé chemin pour se conformer aux exigences du cérémonial rappelées par le chef du protocole. Ce même chef du protocole avait renvoyé chez lui Guy Bauduy, ministre du gouvernement de Jean Claude Duvalier qui ne portait pas la tenue exigée par le protocole prévu en la circonstance. Bauduy savait qu'il ne pourrait défier le fonctionnaire chargé au respect des normes. La femme du Président Magloire, accompagnant le chef de l'Etat, en visite dans une ville du pays, avait porté un chapeau pour assister à un Te-deum. La première dame a dû changer de couvre-chef quand le chef du protocole lui a expliqué qu'en la circonstance c'était la capeline qui était recommandée. Certains diront : Quelle importance tout cela a-t-il ? C'est le respect de ces petits riens qui font les grandes nations. C'est le respect de ces détails qui aident à construire un moule dans lequel un pays se fond pour se diriger vers de hautes cimes. Ce n'est pas en défiant les règles qu'on fait preuve de personnalité et de caractère. C'est au contraire en s'y conformant. Le déclin continu de notre Nation est la résultante de ces négligences, de ces désinvoltures, de ce manque de rigueur qui font de notre pays un état failli. Ce dicton emprunté des Américains doit être pour nous tous un sujet sérieux et permanent de réflexion : The devil is in the details. Une autre Haïti est possible, ensemble construisons-la ! Herns Mesamours Chicago, USA (229) 364-8330

mardi 16 octobre 2012

DISCOURS DU PERE FONDATEUR DE LA NATION HAITIENNE

Liberté, ou la Mort. - ARMÉE INDIGÈNE, - Le général en chef, au peuple d'Haïti. - Citoyens, Ce n'est pas assez d'avoir expulsé do votre pays les barbares qui l'ont ensanglanté depuis deux siècles. Ce n'est pas assez d'avoir mis un frein aux factions toujours renaissantes qui se jouaient tour à tour du fantôme de liberté que la France exposait à vos yeux. Il faut, par un dernier acte d'autorité nationale, assurer à jamais l'empire de la liberté dans le pays qui nous a vus naître. Il faut ravir au gouvernement inhumain qui tient depuis longtemps nos esprits dans la torpeur la plus humiliante, tout espoir de nous réasservir. Il faut enfin vivre indépendant, ou mourir ! Indépendance, ou la Mort ! Que ces mots sacrés nous rallient, et qu'ils soient le signal des combats et de notre réunion ! - Citoyens, mes compatriotes, j'ai rassemblé dans ce jour solennel ces militaires courageux qui, à la veille de recueillir les derniers soupirs de la liberté, ont prodigué leur sang pour la sauver. Ces généraux qui ont guidé vos efforts contre la tyrannie n'ont point encore assez fait pour votre bonheur. Le nom français lugubre encore nos contrées ! Tout y retrace le souvenir des cruautés de ce peuple barbare; nos lois, nos mœurs, nos villes, tout encore porte l'empreinte française. Que dis-je? Il existe des Français dans notre île, et vous vous croyez libres et indépendants de cette République, qui a combattu toutes les nations, il est vrai, mais qui n'a jamais vaincu celles qui ont voulu être libres! Eh quoi ! Victimes pendant quatorze ans de notre crédulité et de notre indulgence, vaincus, non par des armées françaises, mais par la pipeuse éloquence des proclamations de leurs agents : quand nous lasserons-nous de respirer le même air qu'eux ? Qu'avons-nous de commun avec ce peuple bourreau ? Sa cruauté comparée à notre patiente modération, sa couleur à la nôtre, l'étendue des mers qui nous séparent, notre climat vengeur, nous disent assez qu'ils ne sont pas nos frères, qu'ils ne le deviendront jamais, et que s'ils trouvent un asile parmi nous, ils seront encore les machinateurs de nos troubles et de nos divisions. - Citoyens indigènes, hommes, femmes, filles et enfants, portez vos regards sur toutes les parties de cette île. Cherchez-y, vous, vos femmes ; vous, vos maris; vous, vos frères ; vous, vos sœurs : que dis-je ? Cherchez-y vos enfants, vos enfants à la mamelle. Que sont-ils devenus ! Je frémis de le dire: La proie de ces vautours. Au lieu de ces victimes intéressantes, votre œil consterné n'aperçoit que leurs assassins, que les tigres dégouttant encore de leur sang, et dont l'affreuse présence vous reproche votre insensibilité et votre coupable lenteur à les venger. Qu'attendez-vous pour apaiser leurs mânes? Songez que vous avez voulu que vos restes reposassent auprès de ceux de vos pères, quand vous avez chassé la tyrannie. Descendrez-vous dans leurs tombes sans les avoir vengés ? Non ! Leurs ossements repousseraient les vôtres. Et vous, hommes précieux, généraux intrépides qui, insensibles à vos propres malheurs, avez ressuscité la liberté en lui prodiguant tout votre sang; sachez que vous n'avez rien fait, si vous ne donnez aux nations un exemple terrible, mais juste, de la vengeance que doit exercer un peuple fier d'avoir recouvré sa liberté, et jaloux de la maintenir. Effrayons tous ceux qui oseraient tenter de nous la ravir encore : commençons par les Français ! Qu'ils frémissent en abordant nos côtes, sinon par le souvenir des cruautés qu'ils y ont exercées, du moins par la résolution terrible que nous allons prendre, de dévouer à la mort quiconque né Français, souillerait de son pied sacrilège le territoire de la liberté. Nous avons osé être libres, osons l'être par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Imitons l'enfant qui grandit : son propre poids brise la lisière qui lui devient inutile et l'entrave dans sa marche. Quel peuple a combattu pour nous ? Quel peuple voudrait recueillir les fruits de nos travaux ? Et quelle déshonorante absurdité que de vaincre pour être esclaves? Esclaves! Laissons aux Français cette épithète qualificative : ils ont vaincu pour cesser d'être libres. Marchons sur d'autres traces; imitons ces peuples qui, portant leurs sollicitudes jusque sur l'avenir, et appréhendant de laisser à la postérité l'exemple de la lâcheté, ont préféré être exterminés que rayés du nombre des peuples libres. Gardons-nous, cependant, que l'esprit de prosélytisme ne détruise notre ouvrage; laissons en paix respirer nos voisins ; qu'ils vivent paisiblement sous l'égide des lois qu'ils se sont faites, et n'allons pas, boute-feu révolutionnaires, nous érigeant en législateurs des Antilles, faire consister notre gloire à troubler le repos des îles qui nous avoisinent. Elles n'ont point, comme celle que nous habitons, été arrosées du sang innocent de leurs habitants : ils n'ont point de vengeance à exercer contre l'autorité qui les protège. Heureuses de n'avoir jamais connu les fléaux qui nous ont détruits, elles ne peuvent que faire des vœux pour notre prospérité. Paix à nos voisins ! Mais Anathème au nom français ! Haine éternelle à la France ! Voilà notre cri. - Indigènes d'Haïti, - Mon heureuse destinée me réservait à être un jour la sentinelle qui dût veiller à la garde de l'idole à laquelle vous sacrifiez. J'ai veillé, combattu, quelquefois seul, et si j'ai été assez heureux que de remettre entre vos mains le dépôt sacré que vous m'avez confié, songez que c'est à vous maintenant à le conserver. En combattant pour votre liberté, j'ai travaillé à mon propre bonheur. Avant de la consolider par des lois qui assurent votre libre individualité, vos chefs que j'assemble ici, et moi-même, nous vous devons la dernière preuve de notre dévouement. - Généraux, et vous chefs, réunis près de moi pour le bonheur notre pays : le jour est arrivé, ce jour qui doit éterniser notre gloire, notre indépendance. S'il pouvait exister parmi nous un cœur tiède, qu'il s'éloigne et tremble de prononcer le serment qui doit nous unir ! Jurons à l'univers entier, à la postérité, à nous-mêmes, de renoncer à jamais à la France, et de mourir plutôt que de vivre sous sa domination ! De combattre jusqu'au dernier soupir pour l'indépendance de notre pays ! - Et toi, peuple trop longtemps infortuné: témoin du serment que nous prononçons, souviens-toi que c'est sur ta constance et ton courage que j'ai compté, quand je me suis lancé dans la carrière de la liberté pour y combattre le despotisme et la tyrannie contre lesquels tu luttais depuis quatorze ans. Rappelle-toi que j'ai tout sacrifié pour voler à ta défense, parents, enfants, fortune, et que maintenant je ne suis riche que de ta liberté; que mon nom est devenu en horreur à tous les peuples qui veulent l'esclavage, et que les despotes et les tyrans ne le prononcent qu'en maudissant le jour qui m'a vu naître. Et si jamais tu refusais ou recevais en murmurant les lois que le génie qui veille à tes destins me dictera pour ton bonheur, tu mériterais le sort des peuples ingrats. Mais, loin de moi cette affreuse idée. Tu seras le soutien de la liberté que tu chéris, l'appui du chef qui te commande. Prête donc entre ses mains le serment de vivre libre et indépendant, et de préférer la mort à tout ce qui tendrait à te remettre sous le joug. Jure enfin de poursuivre à jamais, les traîtres et les ennemis de ton indépendance. Fait au quartier-général des Gonaïves, le premier janvier mil huit cent quatre, l'an premier de l'indépendance. Signé : J. J. DESSALINES Source: Beaubrun Ardouin, Etudes sur l’Histoire d’Haïti, pages 26-27-28-29