mardi 8 novembre 2011

DECLARATION DU CONSEIL DE L’UNIVERSITE SUR LES CONDITIONS ACTUELLES DE FONCTIONNEMENT DE L’UEH

Déclaration du Conseil de l’Université sur les conditions actuelles de fonctionnement de l’UEH Document soumis à AlterPresse le 6 novembre 2011 Le Conseil de l’Université d’État d’Haïti (CUEH) réuni en session extraordinaire les 21, 22 et 23 octobre 2011 a débattu des conditions matérielles de fonctionnement de l’UEH et a dressé le bilan suivant : 1. Depuis plus de 10 ans, le budget alloué à l’UEH déjà largement insuffisant, est en diminution constante en valeur réelle, entraînant une dégradation continue des structures existantes et l’impossibilité de mettre en œuvre une politique d’investissement pour le développement de l’UEH. Il s’en est suivi une dégradation accélérée des équipements mobiliers et immobiliers, la détérioration continue des supports académiques aux enseignements en particulier des laboratoires, des bibliothèques et des services de reproduction. Or dans le même temps, la pression des jeunes sortant du secondaire pour intégrer l’UEH augmente de manière exponentielle. Malgré le manque criant de moyens, les directions des entités de l’UEH à Port-au-Prince et en province ont fait des efforts considérables pour augmenter les effectifs et essayer d’apporter une réponse à l’accroissement de la demande sociale, en gardant l’espoir qu’un comportement plus responsable des autorités leur permettrait de continuer à progresser dans cette voie. 2. Aujourd’hui, le constat d’échec est évident. Au lieu d’accompagner l’UEH pour lui permettre d’améliorer l’offre de formation, les tenants des pouvoirs législatif et exécutif ont, année après année, confirmé leur désengagement de l’enseignement supérieur, allant même, pour des intérêts politiciens mesquins, à priver l’UEH d’importants fonds venant soit du Trésor Public, soit de la coopération externe au profit de leur chapelle politique ou d’établissements privés appartenant à leurs proches. Les conséquences de ce désengagement sur le fonctionnement quotidien de l’UEH ont atteint des limites qui ne sont plus supportables. Dans plusieurs facultés, les étudiants, le personnel, les enseignants évoluent dans un environnement à la limite de l’insalubrité. L’insatisfaction profonde des étudiants devant les conditions matérielles de fonctionnement alimente une hostilité qui prend parfois des formes violentes vis-à-vis des responsables des entités, voire même des enseignants accusés d’être indifférents à la situation, et ceci explique en bonne partie, les crises à répétition que connaît l’UEH. 3. Face à ce constat, le Conseil de l’UEH estime qu’il est de sa responsabilité de stopper cette descente vertigineuse aggravée de façon dramatique par les conséquences néfastes pour l’institution du séisme du 12 janvier 2010 qui a détruit la majeure partie de ses infrastructures physiques. Il faut aujourd’hui prévenir une implosion qui signifierait l’agonie de l’UEH. Dans un environnement où les mauvaises politiques publiques ont réduit à une peau de chagrin le principe républicain de l’égalité des chances d’accès à une éducation de qualité au niveau des enseignements primaire et secondaire, le Conseil prend l’engagement de lutter pour éviter que cette dégringolade n’emporte également l’UEH, privant ainsi le pays de cet outil majeur de formation au service d’un développement respectant les intérêts de la majorité de la population. Il est temps de sortir de la complaisante acceptation de l’inacceptable pour créer une dynamique de lutte visant à obtenir, dès cette année académique 2011-2012, les conditions minimales d’un fonctionnement décent de l’UEH. 4. Dans cette optique, les membres du Conseil de l’UEH prennent l’engagement de lancer une large concertation au sein des entités, à Port-au-Prince et en province, pour fixer dans l’unité, et de manière responsable, les priorités à retenir dans l’augmentation des budgets de fonctionnement et d’investissement ainsi que les voies et moyens qui doivent être adoptés pour amener les autorités actuelles du Parlement et de l’Exécutif à prendre leurs responsabilités dans le financement de l’UEH.