jeudi 19 janvier 2012

DISCOURS DU PRESIDENT LEONEL FERNANDEZ A L'INAUGURATION DE L'UNIVERSITE HENRI CHRISTOPHE

Haïti: Discours du président Leonel Fernández à l'inauguration de l'Université Henri Christophe Lors de l'inauguration du campus Universitaire, offert à Haïti par la République dominicaine, le 12 janvier 2012 à Limonade, le président de la République dominicaine, Leonel Fernández, dans son discours, a mentionné avec beaucoup d'intelligence ce qu'Haïti avait de meilleur, en évitant toute forme de paternalisme et avec un profond respect pour la nation haïtienne. Un succès incontestable de la diplomatie dominicaine, qui a su faire oublier, ce jour-là, les nombreuses difficultés que rencontrent nos compatriotes vivant sur le territoire dominicain. Mesdames, Messieurs les invités, Il y a exactement une semaine, à 5 h 30 minutes du matin, un séisme de magnitude 5,6 sur l'échelle de Richter a bouleversé la République dominicaine. Cet événement a affecté les différentes parties du pays, et il a réveillé plus tôt que d'habitude une grande partie de notre population. C'est ainsi que j'ai été tiré de mon sommeil profond par un bruit et par le mouvement des objets autour de moi. Fort heureusement, nous n'avons eu à déplorer aucune perte en vies humaines. Aucun bâtiment ne s'est effondré et nos infrastructures sont restées intactes. Il reste que ce séisme a provoqué une grande peur et une immense anxiété. Il nous a permis d'imaginer ce qui s'est passé ici, en Haïti, il y a exactement deux ans. Il y a deux ans, 250,000 frères haïtiens ont trouvé la mort. Il y a deux ans, l'équivalent de 120 % de la richesse nationale a été annihilé. Il y a deux ans, des milliers d'étudiants ont disparu, des centaines d'enseignants ont été ensevelis sous les décombres, et près de 80 % des infrastructures universitaires ont été détériorées. Il y a deux ans, le territoire d'Haïti a été dévasté, provoquant détresse, confusion et incertitude. Au nom du peuple dominicain, permettez-moi, une fois encore, de vous apporter le témoignage de notre solidarité avec le peuple haïtien à l'occasion du deuxième anniversaire de cet événement, qui a mobilisé l'attention du monde entier et l'a profondément ému. Pour le peuple dominicain, la tragédie haïtienne a fourni l'occasion de montrer ce qu'il y a de meilleur en lui. Les travailleurs, les entrepreneurs, les membres des professions libérales, les étudiants, les artistes et jusqu'aux plus modestes employés de maison ont manifesté leur ferme volonté de contribuer à atténuer l'impact de cette situation sans précédent sur leurs frères et sœurs haïtiens. Notre gouvernement a ressenti comme un honneur de servir de canal et de catalyseur du désir collectif de la société dominicaine de voler au secours d'un peuple frère confronté à d'indescriptibles situations de peine, de tristesse et de désolation. Dans notre pays, nous n'oublierons jamais la photo d'une mère de famille dominicaine, Sonia Marmolejos, s'offrant à allaiter un enfant haïtien qui venait de perdre ses parents. Pour autant, force est de constater que le drame haïtien ne date pas du 12 janvier 2010. C'est une tragédie qui a commencé à s'écrire dès le moment où ses dirigeants les plus éminents, tels Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines, Alexandre Pétion et Henri Christophe, ont non seulement annoncé au monde entier la naissance d'une Haïti indépendante, mais où, de surcroît, ils ont eu l'audace de briser les chaînes de l'esclavage. Aucun peuple de la région n'avait jusqu'alors fait preuve d'une telle audace, d'un tel courage, en combinant lutte pour l'indépendance et abolition de l'esclavage. Cet incroyable exploit, quasiment surréaliste du point de vue des puissances esclavagistes de l'époque et cet hymne éternel à la liberté constituent paradoxalement, les causes fondamentales de la difficile trajectoire historique du peuple haïtien. C'est sa lutte pour l'émancipation, et surtout l'exemple que son action héroïque représentait pour les peuples voisins, d'où la crainte des puissances coloniales de voir l'abolition de l'esclavage se répéter ailleurs, qui entraînèrent l'isolement international du peuple haïtien et, par voie de conséquence, son processus progressif d'appauvrissement. Cette situation, cette douleur et cette angoisse ont duré au-delà de ce qui est moralement et humainement supportable. Le temps est venu pour que de la tragédie surgisse l'espoir ; de la douleur, l'optimisme ; et de l'angoisse, la joie. Telle est bien la signification symbolique que nous souhaitons donner à l'inauguration de ce campus universitaire Henri Christophe. Il s'agit d'un don du peuple dominicain, d'un nouveau geste de solidarité de mes compatriotes, fruit de leur sensibilité et de leur désir de contribuer à la reconstruction d'Haïti. C'est enfin un acte d'amour et l'expression du vœu que le peuple frère haïtien surmonte ses difficultés et accède au bien-être. Ce campus universitaire est construit sur une superficie de 144 000 mètres carrés. Il pourra accueillir 10 000 étudiants dans ses quatre bâtiments, représentant un total de 72 salles de cours à raison de 30 étudiants par salle. Cette infrastructure comprend aussi une bibliothèque, des salles de réunion, des laboratoires scientifiques, des centres numériques, une infirmerie, un auditorium, une cafétéria, un bâtiment administratif et des installations universitaires et sportives, le tout équipé de matériels modernes et adaptés. Aujourd'hui, comme tout le peuple dominicain, je me réjouis que se concrétise l'engagement que nous avons pris de prendre en charge la construction de ce centre universitaire. Nous espérons que la communauté internationale aura à cœur, elle aussi, de tenir les promesses de reconstruction d'Haïti exprimées après le 12 janvier 2010. La jeunesse haïtienne avait besoin d'un espace pour travailler à l'amélioration de ses propres conditions de vie par l'enseignement, la recherche et l'innovation. La principale richesse d'Haïti, c'est son propre peuple, c'est sa jeunesse studieuse et talentueuse. Une jeunesse qui n'attend que l'occasion d'avancer et progresser. Haïti est une nation qui a beaucoup de raisons d'être fière de son histoire, de sa culture, de ses traditions, de ses grands artistes, poètes, romanciers et scientifiques. Quel pays n'éprouverait pas une grande fierté de compter Jacques Roumain parmi les siens ? Quel pays ne sentirait pas honoré d'avoir donné naissance à un Jacques Stephen Alexis ? Qui ne valoriserait pas l'œuvre scientifique de Jean Price Mars ? Ou le travail historiographique de Dantès Bellegarde ? Et que dire des figures contemporaines du courage d'un Lyonel Trouillot, d'un Dany Laferrière, d'un Franck Etienne, d'une Edwidge Danticat, pour ne citer que quelques noms ? Quel pays du monde ne s'enorgueillirait pas d'un Wyclef Jean ? Chers amis haïtiens, je suis ici en tant que chef d'État de la République dominicaine pour inaugurer avec vous cette université Henri Christophe. Il s'agit de la cristallisation de l'engagement de toute une génération d'aider Haïti à créer et à développer des capacités qui élèvent sa nation au niveau de la grandeur de son histoire. Ce campus universitaire se veut un espace de diffusion des connaissances, un espace de débats intellectuels, culturels et scientifiques. Il doit donner la possibilité à une nouvelle génération d'intellectuels, de chercheurs et d'universitaires haïtiens de cultiver leurs talents et de développer leurs potentialités créatives. Mes chers frères et sœurs haïtiens, je suis ici pour vous dire que l'avenir de nos nations repose sur la capacité de nos peuples de se doter des ressources humaines nécessaires pour garantir la croissance de nos économies, éradiquer la pauvreté et faire diminuer les inégalités. Je suis ici pour vous dire que nous devons renforcer nos relations en menant des actions plus directes en matière de coopération, d'échanges culturels, de sécurité, d'investissements et de commerce. Je suis ici pour vous dire que le peuple dominicain est avec vous. Qu'il a été présent immédiatement après le séisme pour vous aider. Qu'il a ensuite été présent dans l'étape initiale de la reconstruction. Qu'il sera demain à vos côtés pour célébrer vos nouvelles victoires. La victoire du maintien d'un État de droit. La victoire de la démocratie, de la liberté et de la justice sociale. La victoire du progrès et de la prospérité. Que vive la République d'Haïti ! Que vive la République Dominicaine ! Que vivent l'amitié et la solidarité entre nos peuples ! Merci beaucoup ! Mesi anpil En Haïti et la République Dominicaine, Se Pi devan nou prale ! » Président Léonel Fernandez

UNE VERITE QUI FAIT MAL

Les rapports humains sont régis par des conditions, parfois tacites, auxquelles personnes ne peut échapper, sans se marginaliser. Les relations internationales sont encore plus complexes et plus déterminantes. Parfois on fait semblant de ne rien comprendre mais la camisole qu’on vous impose à dessein, vous identifie aux yeux de tous. Inutile de jouer à l'autruche en vous cachant la tête. Il est toujours conseillé de ne pas ignorer une maladie car la mort arrive plus vite et à coup sûr. L’inauguration de l’Université du Roi Henri Christophe par la République Dominicaine vient de couronner la décrépitude de l’État haïtien et le reniement d’une marque de fabrique fondamentale : la fierté nationale. En plein cœur du Royaume de Christophe Leonel Fernandez vient de camper un Cheval de Troie. Dans un élan d’orgueil et de dignité nationale le Roi du Nord, après avoir reçu en cadeau une voiture de la Reine d’Angleterre en visite à la Citadelle Laferrière, a commandé à ses techniciens de construire sa réplique beaucoup plus jolie qu'il a offerte en retour à la Couronne d’Angleterre. Qu’est-il advenu de cette race d’hommes qui nous ont affranchis de l’esclavage malgré la puissance de feu de l’Empire de Napoléon ? Le moment est venu pour nous rendre compte que nous sommes arrivés au dernier barreau de l’échelle avec la gifle dominicaine ! Oui c’est une gifle que nous a flanquée en plein visage Leonel Fernandez. L’empreinte de ses doigts demeurent indélébile dans cette nouvelle page d’histoire des relations haitiano-dominicaines. Le message est clair. En lisant entre les lignes, le Gouvernement Dominicain vient de confirmer l’impéritie de nos dirigeants et prouver leur incapacité à offrir à la jeunesse haïtienne les fruits de l’arbre de la science. Dans l'espace d'un an un Campus Universitaire, aux lignes architecturales bien définies, est implanté à Limonade. Nos dirigeants peuvent-il réaliser un tel record. sans aucune fuite de capitaux ? Nous en doutons. Il y a belle lurette que nos jeunes sont obligés de se rendre à Santo Domingo pour leur formation professionnelle faute de cadres adéquats en Haïti. D’ailleurs chez nous. le mot Université a perdu son sens étymologique. L’Agora qui constitue son épicentre est envahie par des oiseaux de tout acabit qui se parent de titres ronflants sans les études académiques adéquates. Les ramages de la plupart d’entre eux ne se rapportent nullement à leurs plumages. Sont-ils eux-mêmes des Universitaires ? N’importe qui enseigne n’importe quoi avec leurs yeux rivés sur leurs livres et pis encore dans un cahier jauni par le temps. La désuétude et même la faiblesse de leurs connaissances ne répondent plus au vagissement du Monde moderne. Alors comment voulez-vous que nos diplômés soient compétitifs sur le marché du travail. Quedense a casa! Restez chez vous ! Voilà le souhait le plus sincère de la République Dominicaine en faisant don aux Haïtiens d’une Université. On ne peut pas faire semblant de ne rien comprendre, sans honte et sans vergogne ! Disons tout de suite que partout dans le Monde la Construction des Universités a toujours été l’œuvre de la Hiérarchie Catholique et de l’aile progressiste de la bourgeoisie sous l 'égide de certains Chefs d’État éclairés. Par exemple l’Université d’Ottawa au Canada est l’œuvre des Jésuites. En Haïti, nous nageons dans un triangle de merdes. Peut-être que le clergé breton pourrait y arriver mais nous avons fait le triste constat de ce penchant grabataire des Evêques haïtiens. L’œuvre la plus spectaculairequ'ils ont réalisée c’est le déchouquage. En guise d'Université, ils ont instauré les TKL (Ti Komite Legliz) ou Communautés ecclésiales de base qui ont gâché les examens du baccalauréat sous l'ordre du tristement célèbre Evêque Rache Manyòk. Quant à la bourgeoisie haïtienne, nous comprenons bien leur indifférence par rapport à l’implantation des Universités en Haïti. Rien qu’en se basant sur leurs noms dores et déjà, on constate qu’on est en présence d’une bourgeoisie déracinée qui n’a aucune commune mesure avec les aspirations haïtiennes. Leurs enfants, ils les envoient dans leurs pays d’origine c’est à dire les Universités européennes. Pourtant en arrivant en Haïti leurs ancêtres n’avaient ni sou ni maille. Pour démêler les ficelles, faisons un petit tour d’horizon : - Les premiers arrivés trainaient avec une boite sur les galeries des grands magasins qu’ils ont fini par acquérir jusqu’à leur Manufacture de vêtements. - Les autres n’avaient qu’un petit garage à la Grand‘rue au départ pour monter une manufacture de chaussures, une fonderie et une Chaine de production industrielle. - Les derniers arrivés ont pris le train de la mondialisation pour acquérir au rabais, à la faveur de la privatisation, les Entreprises d’Etat : Minoterie d’Haïti, Ciment d’Haïti, Banques privées etc. Au décomple le prix de la livre de farine et de ciment a quintuplé. Sans feinte et sans rancune, ils doivent tous admettre, exception faite de rares entrepreneurs, que leur participation à l’œuvre de construction nationale est nulle, que dire de la reconstruction ! Pour mieux les convaincre nous leur adressons ce questionnaire : 1. Combien d’écoles primaires, secondaires privées ou publiques ont-ils construit ? Zéro ! Pourtant la Fondation Digiciel qui ne milite pas longtemps, après le séisme du 12 janvier 2010, a engagé 6 millions de dollars et construit 50 écoles en Haiti pendant 540 jours. 2. Combien de Collèges ou d’Universités ont-ils bâti pour la formation professionnelle de la jeunesse haïtienne ? Zéro ! Ce sont les intellectuels de la Classe Moyenne qui, avec leurs ongles, tentent de meubler l'esprit de nos jeunes. Chapeau! 3. Combien d’hôpitaux publics ou privés ont-ils construits en Haïti à l’instar des Juifs qui maitrisent le secteur médical aux USA ? Zéro ! Quand ils sont malades ils appellent un avion ambulance tant pis pour les laissés-pour-compte. 4. Quelle somme ont-ils investi dans l’Industrie de la Construction en vue de permettre à la population de se loger dans une maison modeste ? Zéro ! La plus grande tragédie dérive du fait que la Droite haïtienne n’est pas la seule à se comporter ainsi. Il est étonnant de rencontrer parmi la Gauche la réplique de cette bourgeoisie pesée succée.Ils s'enrichissent aux dépens de la Doctrine qu'ils foulent aux pieds. Tant pis pour les camarades qui crèvent! Dans tous les pays du monde, ce sont les élites qui donnent le ton. Avec une bourgeoisie salope qui se contente de la sous-traitance et de la pitance qu’elle reçoit des grandes chaines de production internationales, ce n’est pas nécessaire de former des universitaires. Les ingénieurs sont casés dans les pays riches. La main-d’œuvre servile est recrutée dans les pays pauvres comme Haïti pour travailler dans les Zones Franches. Avec des socialistes caviars qui se comportent en de véritables collabos, même lorsqu’ils ont leurs représentants au Parlement, les revendications de la classe ouvrière n’auront aucune suite. Le salaire minimum ne bougera pas. Comme le lion nous préférons regagner le fond des bois pour y mourir au lieu de nous faire humilier par le don de l’Université de Limonade. Qui pis est, ils n’ont aucun budget ni structure organisationnelle, ni cadre compétent pour assurer le suivi. Remettre les clés au Rectorat de l’Université d’État d’Haïti, sans aucun budget de fonctionnement, c’est un déni de responsabilité. Partout dans le monde ce sont les Grandes Firmes qui patronnent les Universités et accordent aux étudiants des bourses déductibles d’impôt. Le Gouvernement Martelly Conille doit employer cette méthode de financement pour faire fonctionner le Campus Universitaire de Limonade. L’échec sera encore plus cuisant et la honte plus profonde si on n’arrive même pas à ouvrir ses portes. Les matériels et ses mobiliers seront volés. En filigrane, c’est le grand défi que nous lance le Gouvernement dominicain. Le Président Leonel Fernandez vient de mettre le Gouvernement haitien le dos au mur tout en prouvant au monde entier que les Haitiens auront une vie meilleure sous son protectorat. Une vérité qui fait mal. Jean Erich René erichrene@bell.net 19 Janvier 2012

mardi 17 janvier 2012

I HAVE A DREAM - MARTIN LUTHER KING JR.

I am happy to join with you today in what will go down in history as the greatest demonstration for freedom in the history of our nation. Five score years ago, a great American, in whose symbolic shadow we stand today, signed the Emancipation Proclamation. This momentous decree came as a great beacon light of hope to millions of Negro slaves who had been seared in the flames of withering injustice. It came as a joyous daybreak to end the long night of their captivity. But one hundred years later, the Negro still is not free. One hundred years later, the life of the Negro is still sadly crippled by the manacles of segregation and the chains of discrimination. One hundred years later, the Negro lives on a lonely island of poverty in the midst of a vast ocean of material prosperity. One hundred years later, the Negro is still languishing in the corners of American society and finds himself an exile in his own land. So we have come here today to dramatize a shameful condition. In a sense we have come to our nation's capital to cash a check. When the architects of our republic wrote the magnificent words of the Constitution and the Declaration of Independence, they were signing a promissory note to which every American was to fall heir. This note was a promise that all men, yes, black men as well as white men, would be guaranteed the unalienable rights of life, liberty, and the pursuit of happiness. It is obvious today that America has defaulted on this promissory note insofar as her citizens of color are concerned. Instead of honoring this sacred obligation, America has given the Negro people a bad check, a check which has come back marked "insufficient funds." But we refuse to believe that the bank of justice is bankrupt. We refuse to believe that there are insufficient funds in the great vaults of opportunity of this nation. So we have come to cash this check — a check that will give us upon demand the riches of freedom and the security of justice. We have also come to this hallowed spot to remind America of the fierce urgency of now. This is no time to engage in the luxury of cooling off or to take the tranquilizing drug of gradualism. Now is the time to make real the promises of democracy. Now is the time to rise from the dark and desolate valley of segregation to the sunlit path of racial justice. Now is the time to lift our nation from the quick sands of racial injustice to the solid rock of brotherhood. Now is the time to make justice a reality for all of God's children. It would be fatal for the nation to overlook the urgency of the moment. This sweltering summer of the Negro's legitimate discontent will not pass until there is an invigorating autumn of freedom and equality. Nineteen sixty-three is not an end, but a beginning. Those who hope that the Negro needed to blow off steam and will now be content will have a rude awakening if the nation returns to business as usual. There will be neither rest nor tranquility in America until the Negro is granted his citizenship rights. The whirlwinds of revolt will continue to shake the foundations of our nation until the bright day of justice emerges. But there is something that I must say to my people who stand on the warm threshold which leads into the palace of justice. In the process of gaining our rightful place we must not be guilty of wrongful deeds. Let us not seek to satisfy our thirst for freedom by drinking from the cup of bitterness and hatred. We must forever conduct our struggle on the high plane of dignity and discipline. We must not allow our creative protest to degenerate into physical violence. Again and again we must rise to the majestic heights of meeting physical force with soul force. The marvelous new militancy which has engulfed the Negro community must not lead us to a distrust of all white people, for many of our white brothers, as evidenced by their presence here today, have come to realize that their destiny is tied up with our destiny. They have come to realize that their freedom is inextricably bound to our freedom. We cannot walk alone. As we walk, we must make the pledge that we shall always march ahead. We cannot turn back. There are those who are asking the devotees of civil rights, "When will you be satisfied?" We can never be satisfied as long as the Negro is the victim of the unspeakable horrors of police brutality. We can never be satisfied, as long as our bodies, heavy with the fatigue of travel, cannot gain lodging in the motels of the highways and the hotels of the cities. We cannot be satisfied as long as the Negro's basic mobility is from a smaller ghetto to a larger one. We can never be satisfied as long as our children are stripped of their selfhood and robbed of their dignity by signs stating "For Whites Only". We cannot be satisfied as long as a Negro in Mississippi cannot vote and a Negro in New York believes he has nothing for which to vote. No, no, we are not satisfied, and we will not be satisfied until justice rolls down like waters and righteousness like a mighty stream. I am not unmindful that some of you have come here out of great trials and tribulations. Some of you have come fresh from narrow jail cells. Some of you have come from areas where your quest for freedom left you battered by the storms of persecution and staggered by the winds of police brutality. You have been the veterans of creative suffering. Continue to work with the faith that unearned suffering is redemptive. Go back to Mississippi, go back to Alabama, go back to South Carolina, go back to Georgia, go back to Louisiana, go back to the slums and ghettos of our northern cities, knowing that somehow this situation can and will be changed. Let us not wallow in the valley of despair. I say to you today, my friends, so even though we face the difficulties of today and tomorrow, I still have a dream. It is a dream deeply rooted in the American dream. I have a dream that one day this nation will rise up and live out the true meaning of its creed: "We hold these truths to be self-evident: that all men are created equal." I have a dream that one day on the red hills of Georgia the sons of former slaves and the sons of former slave owners will be able to sit down together at the table of brotherhood. I have a dream that one day even the state of Mississippi, a state sweltering with the heat of injustice, sweltering with the heat of oppression, will be transformed into an oasis of freedom and justice. I have a dream that my four little children will one day live in a nation where they will not be judged by the color of their skin but by the content of their character. I have a dream today. I have a dream that one day, down in Alabama, with its vicious racists, with its governor having his lips dripping with the words of interposition and nullification; one day right there in Alabama, little black boys and black girls will be able to join hands with little white boys and white girls as sisters and brothers. I have a dream today. I have a dream that one day every valley shall be exalted, every hill and mountain shall be made low, the rough places will be made plain, and the crooked places will be made straight, and the glory of the Lord shall be revealed, and all flesh shall see it together. This is our hope. This is the faith that I go back to the South with. With this faith we will be able to hew out of the mountain of despair a stone of hope. With this faith we will be able to transform the jangling discords of our nation into a beautiful symphony of brotherhood. With this faith we will be able to work together, to pray together, to struggle together, to go to jail together, to stand up for freedom together, knowing that we will be free one day. This will be the day when all of God's children will be able to sing with a new meaning, "My country, 'tis of thee, sweet land of liberty, of thee I sing. Land where my fathers died, land of the pilgrim's pride, from every mountainside, let freedom ring." And if America is to be a great nation this must become true. So let freedom ring from the prodigious hilltops of New Hampshire. Let freedom ring from the mighty mountains of New York. Let freedom ring from the heightening Alleghenies of Pennsylvania! Let freedom ring from the snowcapped Rockies of Colorado! Let freedom ring from the curvaceous slopes of California! But not only that; let freedom ring from Stone Mountain of Georgia! Let freedom ring from Lookout Mountain of Tennessee! Let freedom ring from every hill and molehill of Mississippi. From every mountainside, let freedom ring. And when this happens, when we allow freedom to ring, when we let it ring from every village and every hamlet, from every state and every city, we will be able to speed up that day when all of God's children, black men and white men, Jews and Gentiles, Protestants and Catholics, will be able to join hands and sing in the words of the old Negro spiritual, "Free at last! free at last! thank God Almighty, we are free at last!"

lundi 16 janvier 2012

CHRISTOPHE!

Éditorial Christophe ! Haïti a perdu le nord. Jusqu’à son Nord historique. C’est à Limonade que le grand effondrement a eu lieu. Hémorragies. Aliénation. Un autre séisme du 12 janvier en stéroïde. Le roi Henri Christophe y a été victime d’une crise d’apoplexie le 15 août 1820. Puis, le suicide du 8 octobre. C’était encore le temps où de Grands Haïtiens se suicidaient quand la petitesse se proposait de les ravaler à de plates déchéances. 2012-01-13 17:29:38 Haïti a perdu le nord. Jusqu’à son Nord historique. C’est à Limonade que le grand effondrement a eu lieu. Hémorragies. Aliénation. Un autre séisme du 12 janvier en stéroïde. Le roi Henri Christophe y a été victime d’une crise d’apoplexie le 15 août 1820. Puis, le suicide du 8 octobre. C’était encore le temps où de Grands Haïtiens se suicidaient quand la petitesse se proposait de les ravaler à de plates déchéances. Limonade n’est plus, dans notre mémoire collective, ce haut lieu des réjouissances champêtres et des excursions royales. C’est là que l’héritage christophien vient d’expirer. Pour de bon. Arrêt cardiaque provoqué. Théâtralisé. Télévisé. En fait, terrassé sous les coups d’épées assassins et traîtres d’indignes héritiers. Comme du vieux tissu pourri, j’ai vu s’effilocher à la télé le bicolore haïtien. Les armoiries de la République, désormais, comme du bataclan des quincailleries. Un certain 12 janvier 2010 pour marquer l’écroulement massif par le béton. Un 12 janvier 2012, pour tout parfaire par les symboles. Et le roi Christophe s’est à nouveau suicidé. J’entends sa rage d’outre-tombe qui monte pour nous signifier notre indignité. Je vois ces poussières sépulcrales muées en perles de larmes et de sang pour souligner toute la violence et l’injustice d’un crime contre la mémoire. Kyrie Eleison ! La messe est dite. Dans la douleur. Les invocations d’ici semblent sonner plutôt lointaines pour un Ciel occupé ailleurs. Dieu, ma cause, mon épée ! C’était bien là votre devise, Altesse ! C’est par elle qu’Haïti fut. Et que notre Indépendance vous a survécu. Et c’est par elle que le Nord devint Grand. Et qu’une majestueuse Citadelle a pu s’ériger sur de hautes cimes pour dire la fierté, la bravoure d’un Peuple, d’une Race sur les terres du Nouveau Monde rendues inhospitalières par l’ancien. La raison n’est pas qu’hellène. Elle est d’abord christophienne. La raison pratique. Pragmatique. Visionnaire. Altruiste. Éclairée. La folie démissionnaire des héritiers du trône et de la République a tout pulvérisé. Une grande lessive. Les temps qui courent ? Du mauvais temps. Nulle cause ne nous projette vers d’autres cimes. Nulle ambition ne nous meut. Aucun dessein de grandeur ne travaille nos profondeurs. Nous vieillissons sous le poids de l’âge. De la misère. Mais les soucis sublimes ont cessé de creuser nos fronts. Dans le Nord, c’était, hier, Vertières. Aujourd’hui, ce n’est plus que Limonade. Le cadeau de la honte nous est venu de l’Est. Notre histoire a, désormais, pour sépulture une université. Un geste magnanime du peuple dominicain envers son voisin haïtien qui croupit dans l’indigence académique. Technique. Intellectuelle. Après plus de deux cents ans d’indépendance, la République dominicaine a doté Haïti de son premier campus universitaire. Une petite merveille construite en moins de dix mois, au coût raisonnable d’à peine 50 millions de dollars. Une belle leçon d’humanité des élites dominicaines aux élites haïtiennes en déficit d’humanité envers leur propre peuple. Nos ancêtres ont fait la campagne de l’Est. De légitimes motifs géostratégiques sous-tendaient nos percées militaires sur le versant oriental de l’île. Tout au long du XIXe siècle, les intentions françaises n’ont jamais été saines par rapport à son ancienne « Perle des Antilles ». Il fallait leur montrer que nous étions prêts à rendre toute l’île invivable pour eux s’ils osaient mettre leurs velléités de reconquête à exécution. Les Haïtiens n’ont pas à avoir mauvaise conscience par rapport à cette tranche d’histoire. Il y a, cependant, lieu de regretter cette brutalité qui accompagnait nos efforts de guerre. Et nos entreprises de puissance occupante en terre voisine. Nous avions transformé, là-bas, une université en caserne. L’obscurantisme de nos chefs dans ses dégâts transfrontaliers. De l’inacceptable. L’épanouissement de l’humain doit être au centre de toute entreprise humaine. C’est là que nos voisins dominicains nous ont battus. L’éducation est, chez eux, une des préoccupations majeures des élites gouvernantes. C’est par elle, et l’économie, qu’elles ont pris leur revanche historique sur nous. Une revanche douce, intelligente, patiente, savamment orchestrée et bien méritée sur un voisin au passé brutal et encore sous la coupe d’un État bossale et d’élites égoïstes et caverneuses. Elles ont accueilli par milliers, dans leurs universités, ces cohortes de jeunes haïtiens que notre système d’enseignement supérieur n’a pu absorber. En fait, l’éducation de masse a toujours été le cadet des soucis des débonnaires qui nous ont gouvernés. Ce sont les continuateurs heureux de l’ordre colonial français. La revanche est aussi d’ordre militaire. Le jeudi 12 janvier 2012, l’espace aérien haïtien a été le théâtre d’un ballet d’hélicoptères militaires dominicains. Leonel Fernandez et tout l’establishment politique, religieux, militaire, économique dominicain, en gentils et généreux conquistadors sur des terres haïtiennes désertées par leur passé et livrées par leurs dirigeants au leadership étranger. C’était une journée de deuil pour les Haïtiens. Ç’aura été avant tout et surtout une journée historique de fiesta pour les Dominicains dans leur conquête de la partie occidentale de l’île. L’histoire à rebours. Haïti à l’envers. Nos campagnes de l’Est bâclées ont fait place à leurs campagnes de l’Ouest réussies. Toute honte bue, il y a lieu, malgré tout, de dire merci au bienfaiteur dominicain. À l’ami Leonel ! Un grand esprit qui nomme, à leur approche, des intellectuels haïtiens par leurs prénoms. S’il a pu être la cause du deuxième suicide du roi Henri Christophe, Préval et Martelly en sont les vrais fautifs. Ils ne nous ont rien montré le 12 janvier 2011, ni le 12 janvier 2012 en termes de grandes œuvres haïtiennes de reconstruction postséisme. Au premier anniversaire, la commémoration a été marquée par la Digicel qui avait reconstruit le Marché en fer. Au second, c’est Leonel Fernandez, l’acteur central, par le don de son premier campus universitaire à Haïti. Espérons, pour 2013, et contre tout réalisme, la fin du miserere collectif haïtien. Et une vraie résurrection christophienne au Palais national. Et dans nos têtes. Daly Valet