mardi 27 août 2013

SI J'AI PECHE, PARDONNEZ-MOI SEIGNEUR... - PAR MICHAELLE JEAN

Si j'ai péché, pardonnez-moi Seigneur... Texte de Michaelle Jean - Le sous-développement d’Haïti est tellement évident qu’on lui conteste son épithète de Tiers-Monde pour le ranger de préférence dans la catégorie des pays du Quart-Monde c’est à dire parmi les pays les plus pauvres du Monde. Pourtant par un curieux paradoxe, Haïti est l’un des plus grands exportateurs de matière grise proportionnellement à la taille de sa population. Nos techniciens brillent dans les plus grandes Universités du Monde comme professeurs, chercheurs. etc. Ils occupent des positions d’avant-garde dans les Organisations Internationales, les Services Gouvernementaux des pays étrangers et dans certaines Entreprises Privées Internationales. Ils s’acquittent de leurs responsabilités avec brio et se distinguent par l’éminence de leur personnalité sans avoir besoin de s’agenouiller au pied d’un quelconque baron de la politique. Ils se font apprécier de tous par l’excellence de leurs services. - Michaelle Jean Gouverneure Générale du Canada - L’éventail des compétences de la diaspora haitienne est vraiment large et la gamme très variée. Nous comptons des Docteurs ès lettres, ès sciences politiques, ès sciences économiques, des Docteurs en droit, sociologie, médecine, des ingénieurs en Agronomie, Génie, Electricité, Electronique, Mécanique, Electro-mécanique, Communication, Géologie, Environnement, des Gestionnaires, des Administrateurs, des Comptables agréés, d’élégants Diplomates qui ont déjà fait l’honneur de la Chancellerie Haitienne par la finesse de leur touche, des Infirmières chevronnées qui performent dans les Hopitaux en Amérique et en Europe, des Travailleurs Sociaux qualifiés etc.. Dans une levée de boucliers de la diaspora haïtienne des USA, du Canada, de la France etc. Haïti pourrait bénéficier d’un apport substantiel et appréciable de ses fils et de ses filles, mais à certaines conditions.- *Dr Jean Claude Fouron Dr Jean Claude Fouron, Haitien d'origine, cardiologue émérite , chercheur et professeur titulaire au Département de Pédiatrie de l'Université de Montréal a reçu le Prix québécois de la citoyenneté , le 11 mai à la salle du Conseil Législatif à l’hôtel du Parlement* D’un côté certains techniciens qui vivent à l’étranger doivent se dépouiller de leurs complexes. Souvent ils débarquent en Haïti, comme en pays conquis, avec la tête enflée, trop fier de leur diplôme universitaire et de leurs expériences étrangères. Ils sont trop exigeants et souvent méprisent leurs homologues haïtiens qui, déjà sur place, connaissent les aspérités de la topographie du milieu de travail. En conséquence, ils peuvent aussi apprécier mieux qu’eux l’application de certaines données ou l’adéquation de certains concepts. Souvent certains collaborateurs frustrés leur glissent des pelures de banane pour causer leurs échecs. *Ralph Gilles* Ralph Gilles fierté de la communauté haïtienne en Amérique du nord, aux USA comme au Canada, un designer automobile américain, vice-président de Jeep & Truck design chez Chrysler Group. Gilles est devenu célèbre pour avoir dessiné la Chrysler 300 en 2005 (ci-contre). *Chrysler 300 dessiné par Ralph Gilles* De l’autre côté, en Haïti on manifeste une certaine répulsion envers les Cadres Etrangers. D’où l’épithète odieuse de "diaspora" sous laquelle on les désigne. Vue l’étroitesse du Marché du Travail haïtien on les considère comme des concurrents qu’il faut à tout prix éliminer. Déjà l’insécurité qui sévit en Haiti fait l’objet d’une grande peur chez les Haïtiens et les Haïtiennes vivant à l’étranger. De plus , compte tenu de la rareté des compétences à l’échelle gouvernementale, les Centres de décisions politiques manifestent une grande réticence et même une certaine crainte envers les éléments de la diaspora dont l’éclat ternit leur rayonnement. Dans une telle conjoncture, la colloboration est éprouvante et la forfaiture inévitable. Ce système d'abat-jour tend à faire briller les faibles lumières de certains acrobates de l'administration haïtienne et justifier l'ascension des hommes politiques de paille. *Patrick Gaspard*, *un Haïtien a la Maison Blanche* - President Obama's Political Director* - - Service Employees International Union local * En attendant, certains techniciens se portent très bien sur leurs terres d’accueil. Leurs familles sont bien implantées dans le milieu. Donc bon nombre d"entre eux ne retourneront plus en Haiti, en dépit de leur nostalgie. De zélés patriotes, bravant certains dangers, n’ont pas tardé à cracher leur grande déception. Les conditions de travail ne sont pas satisfaisantes et les commodités de la vie courante manquent. Sans le respect, sans eau courante ni électricité et un climat d’insécurité ahurissant, il faudrait à la fois du fiel et du corazòn. Par ailleurs les interférences de la militance politique sont incompatibles avec les décisions scientifiques et les applications techniques. En Haiti les désirs les plus fantaisistes et les plus irrationnels du Chef sont des ordres. L’empiètement des profanes qui, par un heureux hasard détiennent les leviers du pouvoir, n’est pas acceptable et jure avec le code d’éthique. Ce conflit peut conduire à la révocation arbitraire de l’intervenant qui est obligé de retourner à l’étranger et repartir à zéro. *Dumarsais Siméus* Dumarsais Siméus , paysan de Pont Sondé - Industriel implanté à Mansfield, Texas, USA - Certains hommes d"affaires haïtiens réussissent très bien à l’étranger. Nous pouvons citer l’exemple de Thomas Désulmé dans l’industrie hotelière à Kingston, Jamaïque où il est mort. Dumarsais Siméus, actuellement fait preuve d’une capacité entrepreneuriale extraordinaire dans l’industrie alimentaire au Texas avec ses deux usines. En Haiti il se serait déjà heurté à la sempiternelle politique de deux camps: - Noir/Mulâtre -Nègre la ville/Nègre en dehors -Estimiste/Magloiriste défavorable aux Noiristes -Magloiriste/Duvaliériste défavorable aux Mulâtres étiquetés Camoquins -Duvaliériste/ Lavalas Prévalas aux Noirs dénommés Macoutes - Avec Martelly , est-ce que çà va changer? Il est étonnant de constater que les paysans n'étaient pas invités au Gala Présidentiel à l'enseigne *"Réponse Paysan". * Ces luttes politiques ne sont pas platoniques puisqu’elles se soldent souvent dans le sang. En un clin d’oeil nous avons vu disparaitre, un lundi à Jérémie en 1969 le Magasin et les maisons d'habitation de Pierre Sansaricq à la Place Dumas, la Boulangerie de Louis Droin à la Rue Sténio Vincent et les résidences des familles Vildroin à Bordes. Depuis lors la ville de Jérémie ne s'est pas réveillée de sa léthargie. - Marcel Numas et Milou Droin attachés à un poteau pour être exécutés - - Mr et Mme Pierre Sansaricq Adrien Sansaricq* et d'autres membres de leurs familles ont été fusillés. - Les mêmes scénarios sont répétés à diverses époques de notre histoire dans d’autres villes d’Haiti. Selon Michèle Montas de Radio Haiti Inter, au cours du mois d’octobre 1999, 40 commerçants haïtiens ont dû fermer boutique et laisser le pays. Le 17 octobre 1999, Georges et Serge Brierre, deux commerçants de la Place, ont été abattus par des zenglendos. Notons que la plupart des crimes sont le plus souvent commandités par des concurrents ambitieux pour se procurer une plus grande part de marché. *Dany Laferrière* - Dany Laferrière, un écrivain haitien vivant au Canada. L'encre de sa plume est indélebile* Inviter la Diaspora Haïtienne à participer au développement économique et social d’Haiti est une initiative très louable. Cependant il faut passer de l’esthétique émotionnelle au pragmatisme rationnel. Pour libérer le potentiel tiel haïtien étranger et bénéficier de ses connaissances scientifiques et de sa vocation entrepreneuriale il faut: - une politique de performance globale c’est à dire axée sur la compétence non sur la militance, excluant la couleur de la peau, le népotisme des clubs d'amis, - un régime de libre entreprise encouragé par un état organisateur mais non une bourgeoisie mafieuse qui finance les élections pour avoir l’aval du pouvoir afin d'échapper au filet du fisc et importer des produits alimentaires qui concurrencent la production nationale. *Dr Samuel Pierre* Dr Samuel Pierre un savant originaire d'Haïti-Membre de l'Académie Canadienne du Génie-Maitre de Thèse Université Paris -7-Ecole Polytechnique de Lausanne-Auteur de plusieurs ouvrages scientifiques Les faux remèdes, les médecines jalapes proposés par les charlatans gynécologues qui ont accouché, tout au cours de notre histoire, les dictatures populistes et sanguinaires ne font qu’aiguiser les ridicules antagonismes de classe basés sur la couleur de la peau et accentuer le sous-développement d’Haiti. Personne ne détient le monopole de la violence. Est-il possible pour un membre de la Diaspora de laisser un environnement stable et sécuritaire pour s’exposer aux caprices des dieux de la politique haïtienne associés à des hommes d’affaires cupides et sans scrupule. Les dirigeants haïtiens, dans leur appel insistant à la diaspora, ne doit pas seulement poser comme appât, la double nationalité. Ils doivent offrir des garanties en aménageant un climat de sécurité non seulement pour les têtes calées mais surtout pour les têtes bien faites. La couleur de la peau n’est pas un critère de compétence ni de supériorité raciale. Pourtant en Haïti, mine de rien, ce clientélisme, de nature purement épidermique, sert encore de carte de visite. En Haïti, le développement économique et la paix sociale doivent être inaugurés sous le signe de la méritocratie. - En posant les conditions de participation de la diaspora à la modernisation d’Haïti, si j’ai péché, pardonnez-moi Seigneur