jeudi 29 octobre 2009

LE CENAREF ET LA DIASPORA HAITIENNE EN PARFAITE SYMBIOSE

Le CENAREF et la diaspora haïtienne en parfaite symbiose

Par Alexandra Jean-Baptiste

Première journée

Mieux qu’un parti politique, plus qu’une institution le Centre National de Recherche et de Formation plus connu sous son abréviation CENAREF, est en passe d’atteindre l’objectif que ses fondateurs avaient fixé il y a moins d’un an : dépasser le cadre d’une simple organisation non gouvernementale comme il en existe des centaines dans le pays. Nous disons mieux qu’un parti politique non pas pour réduire le rôle important que jouent ces organisations dans la société, loin de-là. Mais une façon de mettre en évidence le caractère particulier de ce nouveau Centre de recherche et de formation recherchant des solutions aux problématiques que confronte notre pays depuis plus d’un quart de siècle. Aussi bien, quand nous disons plus qu’une institution, il ne s’agit nullement de nier le bien fondé de nos institutions ou de celles à vocation internationale.
Nous savons pertinemment que toutes les institutions dans ce pays jouent, chacune dans leur champ de compétence, un rôle inestimable pour l’avancement démocratique et dans le développement de notre pays. En qui ce qui attrait au CENAREF, s’il n’est pas un parti politique, ses actions visent néanmoins à redonner une autre perspective à l’analyse ayant trait aux choses publiques. Etant une institution de recherche et de formation, il vise à intégrer dans ses visions de globalité, la complexité pour Haïti de trouver sa voie, de faire un choix, le choix juste et définitif comme nos voisins de la Caraïbe ou du continent, qui ont pu et su sortir du cadre de sous-développement avec un projet de société évolutif et adapté au monde global qui les entoure.
Ceci nous sert de passerelle et nous conduit à ces trois jours inoubliables que le CENAREF a permis à une grande partie de la société haïtienne de vivre en parfaite harmonie avec la diaspora haïtienne de tous les continents. En effet, en fort peu de temps, le CENAREF a déployé tout son savoir faire et les compétences disponibles en son sein pour monter un séminaire portant sur le thème : « Haïti et sa Diaspora ». Pendant trois jours, les 16, 17 et 18 octobre 2009, le Centre National de Recherche et de Formation dans un cadre agréable et une atmosphère conviviale a pu faire rencontrer les « deux mondes qui en vérité ne forment qu’un » comme nous l’a expliqué une des participants de cette exceptionnelle rencontre. Ouvert en grande pompe au Ritz Kinam II à Pétion-Ville, le vendredi 16 octobre 2009, devant un parterre de personnalités haïtiennes et étrangères et surtout en présence d’une foultitude de compatriotes venus de partout de la diaspora, le séminaire « Haïti et sa Diaspora » ne pouvait mieux commencer.
Les gens pour lesquels l’initiative a été prise étaient là, ces Haïtiens vivant à l’étranger. Ils venaient du Canada, des Etats-Unis d’Amérique, de France, de la Suisse, de l’Espagne, de la République Dominicaine, de la Jamaïque, bref de partout. Ils étaient là, non pas comme à l’ordinaire, pour faire du tourisme mais, chose la plus surprenante, pour travailler. Car, le but de leur voyage était justement de venir dans leur pays d’origine pour prendre part à un séminaire leur concernant. Et ce sont eux qui devaient plancher pendant deux jours consécutifs pour produire un document final devant intégrer un projet de société capable de sortir ce pays du marasme dans lequel nous vivons tous y compris eux étant les fils à part entière de cette terre léguée par nos Aïeux.
Comme il se doit, l’ouverture du séminaire se faisait sous la roulette de son coordonnateur principal, le professeur Jean-Joseph Moisset de l’université Laval au Québec. Charmeur et fair-play, le professeur Moisset avait trouvé le ton juste pendant tout le séminaire pour imposer un style simple en même temps sérieux ce qui a fait en partie le succès inattendu de cette première du genre pour le CENAREF.

Après le discours du Président du Conseil d’Administration du CENAREF, l’ambassadeur Hermogène Durand expliquant le pourquoi de ce séminaire sur la diaspora et avec la diaspora, il était venu le moment de passer la parole au fondateur et Coordonnateur général du Centre National de Recherche et de Formation, l’ancien Premier ministre, Jacques Edouard Alexis de prononcer sa Conférence d’ouverture du séminaire. Dans son allocution générale, il a mis l’accent sur les maux qui rongent ce pays. M. Alexis n’a pas oublié de rendre un hommage appuyé aux apports et aux contributions de plus de deux millions d’haïtiens vivant à l’étranger dans le développement global du pays.
Pour le Fondateur du CENAREF, ce premier séminaire organisé par son institution revêt d’un caractère particulier dans la mesure où l’Etat ne peut plus oublier la participation des membres de la Diaspora dans la mise en place d’une vraie politique publique à tous les niveaux. Il se réjouit de la présence à ce séminaire d’un nombre élevé d’Haïtiens de différents milieux, de disciplines intellectuelles et socioprofessionnelles différentes. Naturellement, il s’en est félicité que d’autres acteurs locaux et de la société civile aient pu répondre sans hésitation à venir apporter leurs contributions à cette démarche citoyenne à la recherche de solutions pour le bien de notre patrimoine commun.
En ce premier jour du séminaire, il n’y a pas eu beaucoup d’interventions outre l’intervention clé de l’ancien Premier ministre. Un représentant du ministère des Haïtiens vivant à l’étranger (MHAVE), devait intervenir brièvement sur l’enjeu de ce séminaire sur la diaspora et en a profité pour rappeler aux membres présents de la diaspora qu’ils étaient chez eux en Haïti. Enfin, avant de donner rendez-vous à l’assistance au siège du CENAREF à Pacot, le lendemain, pour les travaux pratiques proprement dits, le maître de cérémonie, le très sympathique professeur Moisset, invitait le public à un Cocktail où, autour d’un verre de l’amitié et de la fraternité, les Haïtiens du dedans et ceux du dehors ont pu faire de plus amples connaissances tout en échangeant leurs cartes de visites.

Deuxième journée

Le deuxième du jour du séminaire était un jour spécial. Nous étions le samedi 17 octobre 2009 rappelant à tous les Haïtiens, d’où qu’ils se trouvent, l’anniversaire de l’assassinat du fondateur de l’Etat haïtien, l’Empereur Jean-Jacques Dessalines. Avant même l’ouverture des travaux à la salle plénière, une minute de silence a été observée en mémoire de notre libérateur. En suite, ce fut la reprise des activités avec une succession d’interventions, toutes faisant référence au thème du premier panel s’intitulant : Vision, quel projet de société pour Haïti ? Les trois panélistes étaient des membres dirigeants du CENAREF, M. Jean-Joseph Moisset, l’ambassadeur Raymond Valcin et M. A. Azaël. Ces trois interventions ont été suivies des débats assez enrichissants. Le débat devait se poursuivre dans les ateliers repartis en trois groupes distincts où, à la fin des discutions, une synthèse devait être tirée de chacun des trois groupes dirigés par un Président et un secrétaire-rapporteur.

Après la pause déjeuner, les travaux devaient reprendre toujours sur le même principe. Le thème du deuxième panel avait pour titre : Les attentes de la diaspora. Cette séance plénière était extrêmement chargée avec pas moins de neuf intervenants représentant les quatre grandes régions du monde où se repartît la diaspora haïtienne. Pour le Canada l’on avait MM. Guy Laroche et Milose Jean-Baptiste, les Etats-Unis étaient représentés par Mme. Kettlen Félix et le Dr Jean-Baptiste Charlot. Pour l’Europe c’est M. Romel Louis-Jacques qui a représenté la Communauté haïtienne de France et des Antilles françaises. M. M.A. Archer pour l’Espagne et pour la Confédération Helvétique (Suisse) M. C. Ridoré. Enfin, la région Caraïbe s’était distinguée par Mme. Désulmé, la fille du feu Thomas Désulmé pour la Jamaïque. Quant à la plus grande communauté haïtienne derrière les USA, la République Dominicaine, elle était représentée par l’un des plus actif et des plus connus militants de ladite communauté, le père Edwin Paraison.
Il faut dire que l’assistance ne pouvait être mieux servie. Ce fut le gratin de ces communautés qui avaient fait le déplacement au nom de leurs compatriotes expatriés pour venir dire leurs attentes à nos dirigeants, aux élus nationaux, locaux et au pays en général. Tous ont su brillamment et dans une cohérence et unanimité à la limite d’une concertation préalable, défendre et apporter les arguments et les propositions afin que demain plus rien ne sera comme avant. Ils ont mis l’accents sur beaucoup de choses et posent en premier lieu la reforme de notre diplomatie qui, selon eux, est quasi inexistante depuis des lustres. Ces interventions ont aussi suscité beaucoup de débats lors des ateliers qui ont suivi la plénière. Les conclusions de pratiquement tous les ateliers de cette thématique des attentes de la diaspora ont toutes portées sur une plus grande responsabilité de nos politiques pour changer l’image du pays à l’extérieur.

Troisième journée

Le dimanche 18, le dernier jour de ce très éducatif séminaire, s’est ouvert sur une autre thématique titrée : Les attentes du pays et de ses dirigeants. Là aussi, salle comble. Devant un auditoire attentif, les quatre panelistes ont été à la hauteur de l’attente des organisateurs et du public. En premier lieu, l’ambassadeur Hermogène Durand du CENAREF, parlait en homme d’expérience pour dire ce que le pays devait attendre de ses ressortissants vivant à l’étranger. Vint ensuite le professeur Rosny Desroches au nom de la Société civile. En tant qu’homme politique, il a mis les pieds dans le plat pour dire le rôle et la responsabilité des dirigeants haïtiens et ce que ces derniers et le pays doivent attendre de la diaspora. Quant à l’économiste en chef de la Sogebank, M. Pierre-Marie Boisson prenant la parole au nom du Secteur productif haïtien, par une magistrale démonstration et sans pédantisme et de manière très pédagogique, il a réalisé l’exploit de mettre tout le monde d’accord sur la nécessité de changer le « Paradigme » économique du pays.
Dans un exercice de politique économique comparative vis-à-vis de notre voisin dominicain durant ces vingt dernières années (1988-2008), le résultat est peu flatteur pour Haïti. Enfin, c’était autour du professeur Jacky Lumarque, Recteur de l’université Quisquéya de fermer ce troisième et dernier panel représentant le Secteur universitaire. Dans une intervention assez élaborée englobant la gestion politique et sociale, sans oublier de poser la problématique de l’université en général et celle d’Haïti en particulier relatif à la crise que traverse cette dernière, M. Lumarque a en quelque sorte débuté le débat qui devrait s’ouvrir dans ce domaine. Ces quatre importantes contributions, comme l’on s’y attendait, avaient donné le top départ pour les trois ateliers portant sur les attentes du pays et de ses dirigeants vis-à-vis de la diaspora.
Là encore, il n’y a pas eu de surprise sur les rapports des ateliers. Tous font état de la mauvaise gouvernance des choses publiques et réclament un changement en profondeur quant à l’application de la politique publique. Après une courte pause, tout le monde devait entrer en salle plénière pour entendre les synthèses de chaque atelier durant les deux jours de travaux axés sur le nouveau rapport que devrait avoir l’Etat d’Haïti envers ses deux millions d’Haïtiens vivant en terre étrangère. C’est le coordonnateur du séminaire, le professeur Jean-Joseph Moisset, qui devait, par une longue résumée des différents rapports d’ateliers, mettre en contexte l’attente des deux partenaires : CENAREF-Diaspora et le but réel d’une telle démarche. Brillamment synthétisé, l’ensemble des débats a été mis en lumière suivant les recommandations, les propositions et les attentes de part et d’autres des acteurs.
Enfin, le discours clôturant ces trois jours de travaux au Ritz Kinam II et au siège national du Centre National de Recherche et de Formation devait être prononcé par le Fondateur du CENAREF, M. Jacques Edouard Alexis qui, dans une allocution à forts accents politiques, laisse entendre que le moment était venu pour qu’on arrête de jouer avec l’avenir d’Haïti. Selon le Coordonnateur général, en tant que citoyen, il prendra la place qui lui revient pour engager le pays sur la voie du changement véritable.
Il prône une autre approche de la gestion publique et politique restant le levier moteur pour toute action allant dans le sens du progrès. Cette première grande manifestation socioculturelle publique du CENAREF demeurera certainement dans les annales de la diaspora. Certes, ce n’est pas la première et certainement pas la dernière conférence de ce genre qui soit organisée au nom de la diaspora, ce qui fait la particularité de celle-ci c’est l’implication concrète et effective des gens ayant pris part à ce séminaire qui fera toute la différence. Signalons pour finir, que toutes les contributions relatives à ce séminaire donneront lieu à une publication spéciale sous le titre : les actes du séminaire Haïti et sa Diaspora qui paraîtra bientôt.

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