lundi 23 novembre 2009

LA MALTRAITANCE DE NOS RESSOURCES NATURELLES

18 Novembre, 2009

La maltraitance des ressources naturelles et l’agonie de la production alimentaire en Haïti

Dr. Harry-Hans François, Ph.D., N.D., Dip-CFC, CNC., LMHC
Janvier 2009

La république d’Haïti a connu pendant toute son histoire de peuple libre de nombreuses périodes de difficultés financières, des cas béants de famine ou de sous-alimentation, de multiples formes du despotisme non-éclairé et surtout de divers moments de levées sociales conduisant souvent à des émeutes et à des brûlures de plusieurs édifices publics et privés; des événements clairement destructifs et contradictoires à la marche du progrès individuel ou collectif. On comprend aussi que cette première république noire du nouveau monde a su forger ses propres costumes de flottement et les a toujours utilisés pour nourrir ses habitants moyennant jusqu' au milieu des années 80’s. Ceci dit, le pays a toujours été un récipient de divers programmes d’assistance étrangère et s’enorgueillissait parfois même d’une abondante contribution de produits agricoles locaux tels que la patate, le café, le cacao, le manioc, l’igname, le riz montagneux ou celui du lagon, la banane, le mango, le cochon noir (culturel) et tant d’autres animaux qui seraient naturellement nourris ou élevés. Pourtant, on trouve dans l’Haïti contemporain des cas béants de famine qui seraient supportés par la rareté de produits alimentaires et la cherté de la survie quotidienne. Et on appréhende tout de suite que la situation actuelle dans ce pays a été aggravée par une maltraitance prolongée de l’agriculture haïtienne, le passage du tsunami aux Gonaïves durant l’année 2004 et aussi par les derniers dégâts enregistrés durant la saison cyclonique de l’année 2008. En effet, ces récentes inclémences naturelles, supplantées par quelques politiques anomiques nationales et internationales qui ont été implantées durant les années 80’s, 90’s et 2000’s, semblent répandre un peu de lumière sur les problèmes actuels du pays.

En essayant d’assimiler les problèmes actuels de la sous-production alimentaire au pays, il importe d’être imbu ou de se familiariser avec quelques démarches politico-économiques qui ont été implantées et même imposées aux malheureux haïtiens par la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International et autres durant les années 80’s. Et voici quelques abstracts qui ont été publiés là-dessus. Un rapport, axant sur les problèmes de la malnutrition et de sous-alimentation à travers le monde et couvrant au moins une période de 11 années (1991-2002) de sphère et qui a été publié par l’Organisation des Nations Unies, fait mention de la nécessité d’un programme sérieux de nutrition en faveur du peuple haïtien. Ce rapport situe les haïtiens et les mozambiquiens en tête de la liste des gens, consécutivement 1er et 2ième, qui ne reçoivent pas quotidiennement le niveau minimal de calorie recommandé par les experts mondiaux en nutrition; approximativement un chargement journalier de 2.500 jusqu'à 3.000 calories selon l’âge et les activités quotidiennes de la personne en question. Ce même rapport met à jour le pourcentage de la population qui serait affecté par cette situation endémique. Ainsi, il nous fournit ces chiffres alarmants sur le cas d’Haïti : un total de 65,3% pour l’année 1991, suivi d’un total de 59,4% pour l’année 1996 et finalement un total de 47,2% pour l’année 2002 (milleniumindicators.un.org/unds.mifre/m_results.asp). Cette situation, qu’on le saisisse ou pas, nous informe clairement de l’actuel cas de déploration au pays.

En parlant du cas haïtien, le journal dominicain, « Dominican Today », a été plus explicite et même plus objectif se référant aux rentrées financières de la république voisine qui seraient provenues de ses échanges d’exportation avec Haiti. Ils osent même parler, et ceci sans sentiments de crainte ou de réticence, d’une situation de dépendance de survivance trouvée dans l’Haïti d’aujourd’hui et qui serait fondée sur l’incapacité d’Haïti de produire ses propres besoins quotidiens. Ainsi, le journal supporte la pensée dominicaine sur une très forte importation quotidienne d’Haïti provenant de la République Dominicaine, des Etats-Unis d’Amérique et du Taiwan. Ce journal ainsi fait cas sur le processus d’une élimination graduelle de la manufacture des produits de base en Haïti, et ceci depuis l’année 1986. « Haïti reste notre troisième pays exportateur durant l’année 2006… Plus de cent quarante sept millions de dollars américains (USD $147,000.000) ont été pompés dans l’économie dominicaine par ce pays voisin durant cette même année », ajoute ce journal (Dominican Today, January 2009).

Une chercheuse, jugée très imbue de la situation, choisit d’être plus objective sur le sujet et a même établi un lien puissant entre cette pénurie de production en produits alimentaires et quelques démarches politico-économiques entreprises par les gouvernements haïtiens durant ces dernières vingt huitièmes (28) années d’histoire. Georges (2004), dans un cas d’étude intitulé « Echanges et disparition du riz haïtien », conclut que, depuis les années 70’s, le riz importé (riz Miami) a gagné du terrain sur la production du riz domestique… Haïti, pendant l’année 2000, a importé un total de deux cent dix neuf mille (219.000) tonnes métriques de riz américain pendant que sa production locale se fixe au total de cent trente mille (130.000) tonnes métriques pour la même année -- une baisse de soixante quatre mille (64.000) tonnes métriques en production locale comparable à l’année 1985. Et on comprend tout de suite que les chiffres d’importation pour l’année 2008 ne sont pas encore disponibles au moment de la composition de ce texte. Georges a aussi argué que cette situation a causé le déplacement des fermiers haïtiens, des commerçants, des meuniers et des cultivateurs de grains et de vivres alimentaires dont les opportunités d’emploi ont été au préalable extrêmement limitées. Selon Georges, deux grands facteurs, les plus signifiants d’ailleurs, restent et demeurent les causes motrices du déclin de la production agricole du riz haïtien. Et elle cite en tout premier lieu l’Adoption des Politiques de Libération d’Echanges, puis ensuite la Dégradation ou la Maltraitance de l’Environnement. « Aujourd’hui le riz importé inonde le marché haïtien pendant que les États-Unis continuent à jeter ses riz (du riz Miami, en jargon populaire) sur Haïti… Les conséquences du déclin de la production du riz haïtien restent dévastatrices sur la population rurale, pourtant très pauvre au préalable », elle insiste.

Un autre chercheur-économiste très connu de l’intelligentsia haïtienne, William Steif, et qui a travaillé pour la Banque Mondiale pendant les années 80’s, a choisi lui-même de voir le marasme haïtien sous une optique politico-endémique que tout simplement économique. Dans un article titré « Haitian Hell … A government gone awry » et qui a été publié en l’année 1985 dans le Multinational Monitor, il s’exprima en ces termes : « l’agriculture a lentement et inexorablement détérioré en Haïti durant ces trente (30) dernières années … Ainsi, la production agricole per capita subit régulièrement un déclin… En plus de tout cela, les coûts de la haute production montent en raison des ces observations suivantes : espaces non-utilisés, une pauvre gestion des terres cultivables, l’usage des équipements surannés, le manque de compétition globale, les difficultés d’exportation ou même celles de revendre sur le terroir leurs propres récoltes… Tout cela a procrée, en retour, une dépendance outrageuse sur l’importation des produits intermédiaires ou de survivance dont les consommateurs haïtiens en ont tant besoin chaque jour (Steif, Haitian Hell, the Multinational Monitor, 1985).

Le problème haïtien n’est pas unique en son genre, et l’on comprend pourquoi aujourd’hui un bon nombre d’experts dans ce domaine voit d’un œil douteux les démarches entreprises par les bailleurs de fonds étrangers. Ces experts vont même plus loin en prônant une théorie d’exploitation conçue par les pays riches du monde aux dépens des pays du tiers-monde. Les recherches, publiées à ce sujet, ainsi démontrent que presque toutes les pauvres familles des pays du tiers-monde ont été tout simplement mystifiées et abusées par les intentions des courtiers internationaux. Ils postulent que ces courtiers ont malicieusement construit des programmes d’aide visant primordialement à conquérir les marchés étrangers, et ensuite les pousser dans la gorge des gouvernements des pays pauvres, moyennant à l’exemple d’Haïti, de l’Amérique Centrale, de l’Afrique, et ceux de L’Asie de l’Est, afin d’en tirer grandement profit.

En effet, ils instituent et cèdent à un prix moyennant convenu leurs politiques d’aide alimentaire tels que le PL 480 Title I, II, II aux petits pays pauvres. Ces genres de programme sont concus sur des crédits à termes faciles qui seraient livrés aux compagnies locales fournisseuses de viandes-volailles, de pates alimentaires, du blé, de l’huile de cuisine, etc. dans le but de vendre leurs produits aux clients des pays participants. Et la nécessité d’un Mariage de Convenance entre le USAID et le gouvernement des pays participants, les obligeant à instaurer des changements ou de nouvelles démarches politiques en leur faveur, doit être signée afin d’embellir le deal aux visages des observateurs non imbus.

Lappé, Collins et Rosset, comme presque tous les autres experts dans cette affaire de famine à travers le monde et d’aide alimentaire fournie aux pays pauvres, questionnent sérieusement la praxis de ces bailleurs de fonds. Ils arguent que le programme de Title I a procréé des marchés immédiats pour les entrepreneurs américains pendant qu’il instille automatiquement un climat de dépendance psychologique chez la population des pays-récipients. « En encourageant la croissance des fermes-volailles, des meuneries, des savonneries étrangères et huileries végétales, les pays-récipients parviennent à se dépendre de ces fournisseurs étrangers. Pl 480 a grandement contribué au cas de Dépendance Structurelle fondée sur des Importations Continues… Le programme de Title I, version aide alimentaire, enrichit au prime abord les caisses des meuneries géantes telles que Cargill et autres, qui d’abord s’engagent continuellement dans le business de fournir et d’expédier ces produits nécessiteux, ensuite supportent les producteurs des entreprises de style-volailles pendant qu’elles contribuent en tout dernier lieu à la déprogrammation alimentaire culturelle axant antérieurement sur la consommation de grains ou de produits cultivés sur le terrain », contestent-ils (World Hunger, 12th myths, 1998, Lappe et al.).

Par voie de conséquences, ces politiques de conquête et de reprogrammation culturelle profitent foncièrement aux grands barons des pays-récipients et surtout aux compagnies étrangères telles que les grands entrepreneurs agricoles américains, le Wall Street, l’IMF, Cargill, Alberto, etc. Ironiquement, le péché originel et le chantage ne restent pas toujours impunis. Des levées sociales ou des guerres de faction s’éclatent de temps à autre chez ces pays-récipients et à chaque fois que les choses ne marchent pas bien en faveur de ces bailleurs de fonds. Ainsi, un dernier recours devient automatiquement imminent, car il faut sauver la face et aussi trouver un agneau sacrificateur. Et en dernier scenario du montage, c’est toujours un ancien protégé politique de ces courtiers internationaux, souvent génialement portraituré par la presse internationale comme étant le « fils prodigue ou le seul politicien corrompu de l’affaire », qui va perdre sa face ou parfois même être expulsé du pouvoir qu’il chérissait tant.

Et on appréhende tout de suite les rationalités sur lesquelles se reposent l’élimination du « cochon noir haïtien », les politiques de changement du tarif gouvernemental et les liens entre la fermeture abrupte, pendant les années 80’s, du Ciment d’Haïti, de la Minoterie d’Haiti, des Huileries Nationales d’Haiti, de l’Aciérie d’Haïti, de la Beurrerie du Sud et de la HASCO (Haitian American Sugar Company) en rapport avec la rareté ou la cherté de produits de base alimentaires trouvés actuellement sur le marché haïtien. En effet, la grande majorité des haïtiens contemporains font aujourd’hui préférence des produits alimentaires étrangers, qu’ils soient frais ou gâtés, aux dépens des locaux. Les lieux de provenance de ces produits ne valent pas grande chose pourvu qu’ils ne soient pas haïtiens. C’est ainsi qu’on observe sur le marché actuel le remplacement ou l’élimination graduelle du « griot d’antan», préparé jadis avec du cochon culturel du terroir, par le cochon blanc qui se nourrit du son de blé. La même observation est aussi faite pour les autres volailles et viandes grasses, jadis abondamment trouvées en Haïti. Les poulets, les dindes et les beurres de cacahouète locaux ont été graduellement remplacés par les poulets et dindes cadavériques (congelés) et les beurres synthétiques de cacahouète nous venant de l’étranger. La présence du riz local est devenue aujourd’hui un peu rare, acre et même dégoûtée de certaines gens. L’actuelle production haïtienne de la banane, du café et du cacao n’est plus suffisante pour répondre aux demandes de consommation locale et étrangère. Exception est seulement faite pour les différents types de mango. Des diverses misérables qualités de hot dogs et de céréales envahissent le marché local et sont devenues de véritables points d’appui servant à éliminer toute une série de plats et de goûts locaux.

Et on comprend tout de suite pourquoi les pauvres fermiers, les consommateurs haïtiens et aussi les habitants des autres pays gênés du monde restent aujourd’hui piégés dans une boite timorée pendant qu’ils absorbent les hauts prix des produits agricoles importés et, en même temps, se forcent d’accepter les revenus dérisoires provenant de leurs propres récoltes. Ironiquement, tout cela se passe après qu’ils fussent eux-mêmes devenus hautement accoutumés avec les gouts exotiques et synthétiques clairement imposés par les divers courtiers internationaux travaillant toujours en complicité avec quelques partenaires locaux. Et le théâtre dramatique se poursuit jusqu’à ce que les leaders politiques, commerciaux et éducatifs du pays se décident à s’engager objectivement dans la recherche d’une meilleure approche à la crise haïtienne.

Ironiquement dans cette petite république libre noire des iles caraïbes, les problèmes de rareté de provisions alimentaires se joignent fermement les mains, et parfois même dangereusement, avec les conséquences des sempiternelles bévues de l’état, le coût de la survie quotidienne et les sentiments chimériques éprouvés à l’égard du haut niveau de chômage. Ainsi, j’en déduis que ces deux derniers dérivés, supplantés par une litanie de désastres naturels dont le pays subit continuellement, amplement contribuent à l’état de marasme actuel. Et comme les ventres affamés n’ont pas toujours d’oreille, on doit aujourd’hui se mettre d’accord pour conclure qu’Haïti, et ceci à l’exemple des autres pays gênés du monde, continuera à faire face à des levées sociales qui seraient classées dans la logique des soucis politico- économiques de ses habitants, surtout si on n’implante pas de meilleures démarches socio-économiques profitant aux masses déshéritées. A bons entendeurs, salut !

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