vendredi 9 janvier 2009

LES HAITIENS SERONT PLUS DE 16 MILLIONS EN 2050

Les Haïtiens seront plus de 16 millions en 2050

La population haïtienne passera à quelques 16 millions 149 mille à l'horizon de 2050, selon les projections de l'Institut haïtien de statistique et d'informatique (Ihsi), présentées ce 16 décembre 2008 devant la presse, dont l'agence en ligne AlterPresse.

Cette population est estimée aujourd'hui à 9,8 millions habitants. Les pauvres, qui en représentent plus de la moitié, sont au nombre de 5,4 millions, selon le statisticien-démographe Jacques Hendry Rousseau.

« Estimation et projections de la population totale, urbaine, rurale et économiquement active », est le titre de cette présentation de l'Ihsi qui prévoit pour Haïti une population de plus de 16 millions d'habitants en 2050, dont 8,023,000 hommes et 8,126,000 femmes.

Ces projections, qui fournissent des informations sur la répartition de la population haïtienne, sont indispensables au processus de la planification du développement économique et social du pays, précise le ministre de l'Economie et des Finances, Daniel Dorsainvil.

« Avec ces statistiques, nous pouvons mieux planifier l'avenir et prévoir la taille de la population haïtienne en 2050 (...) Nous pouvons également nous faire une idée, de façon plus objective, des défis auxquels nous aurons à faire face : les écoles, les centres de santé à construire, les emplois à créer », affirme Dorsainvil.

Le gouvernement va se servir de ces projections pour « améliorer sa compréhension des dynamiques de croissance et prédire des changements qui sont suffisamment précis pour supporter de bonnes prises de décision », informe le ministre des finances

L'exercice de projections de la population haïtienne sur 2050 a été réalisé avec le soutien du Centre latino-américain de démographie (Celade)/Commission économique pour l'Amérique latine (Cepal) aux fins d'actualiser les perspectives démographiques du pays, explique Evens Joseph, directeur de l'IHSI

Cet exercice a permis notamment à l'Ihsi de projeter les quotients de mortalité par sexe et âge, les taux de fécondité par âge de la mère et un seuil de population migratoire par sexe et âge.

En attendant, le prochain recensement de population aura lieu en 2013. Le ministre Dorsainvil a déjà renouvelé l'engagement de l'Etat à faciliter la réalisation de ce recensement.

Jusqu'en 2050, la croissance de la population haïtienne sera assurée à un rythme annuel moyen, inférieur à celui observé au cours des 50 dernières années, précise le directeur de l'Ihsi.

A cet horizon, ajoute-t-il, plus de deux tiers de cette population vivraient en zones urbaines contre moins de la moitié actuellement. La différence d'effectifs entre les femmes et les hommes se maintiendra à 100 mille âmes, malgré un écart d'espérance de vie en augmentation
« Les projections, qui nous sont présentées, viennent combler des besoins urgents en information, elles permettent dès à présent de prévoir l'avenir avec plus de réalisme, de pertinence, et d'envisager des actions efficaces devant mettre en harmonie la distribution géographique de la population avec celle des infrastructures, notamment sociales et économiques », déclare, pour sa part, Francesco Gosetti di Sturmeck, chef de la délégation de l'Union européenne en Haïti.

Avec ces projections, Gosetti estime que les autorités haïtiennes auront également la possibilité d'orienter les processus de l'aménagement du territoire et de la décentralisation.

De 500 mille en 1804 à l'occasion de la l'Indépendance nationale, la population haïtienne - qui était de 3,221 millions en 1950, 9,293 millions en 2005 - passera à 11 millions en 2015.

Le pourcentage de la population urbaine est passé de 25% à 40% de 1982 à 2003.

Dans l'intervalle, la taille des villes a plus que doublé. Port-au-Prince absorbe plus d'un tiers, soit39%, de la population totale du pays, constate Francesco Gosetti.

La présentation de nouvelles données statistiques, sur l'évolution de la population, a été accueillie avec satisfaction par Joël Boutroue, coordinateur humanitaire et représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en Haïti.

Le fonctionnaire onusien parle d'un lien étroit entre ces données et le Document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSNCRP) et rassure que ces statistiques seront utilisées dans le cadre de suivi et de la mise en oeuvre du plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement pour la période 2009/2011.

Le problème d'Haïti, selon Joël Boutroue, ne réside pas dans sa densité de population ou son éventuelle explosion démographique.

« L'aspect population et ressources disponibles est aussi un élément extrêmement important qu'il faut garder à l'esprit. Cela dit, la population haïtienne n'est pas fractionnée par rapport à son territoire : en témoigne le taux relativement modéré de la densité de population particulièrement en région rurale », avance-t-il.

« Il n'y a pas en fait d'explosion démographique » en Haïti, caractérisée par une transition démographique avec une forte structure de population très jeune et « un taux de fécondité et de croissance démographique en baisse constante et régulière », soutient le coordinateur humanitaire du PNUD.

Boutroue exhorte les autorités haïtiennes à se servir des jeunes, à l'instar des pays asiatiques, pour dynamiser le marché du travail et soutenir une croissance économique forte dans le pays caribéen.

Ces projections de population seront, entre autres, utilisées par les officiels du gouvernement, les planificateurs publics et privés, les analystes de marchés pour atteindre des objectifs en termes de détermination des allocations de fonds au niveau national et régional, de la planification administrative, de la préparation des études descriptives et analytiques, de la fixation des dénominateurs utilisés lors du calcul de certains taux ainsi que du développement des indicateurs de marché, considère le directeur de l'IHSI.

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