mardi 15 avril 2008

HAITI-CRISE: L'APPLICATION DE LA POLITIQUE NEOLIBERALE...

Haïti-Crise : L’application de la politique néolibérale, remise en question par les secteurs sociaux
lundi 14 avril 2008 par Djems Olivier

P-au-P, 14 avril 08 [AlterPresse] --- A la faveur des émeutes de la faim de la deuxième semaine d’avril 2008 en Haïti, les secteurs sociaux remettent à nouveau en question les modes d’application, depuis 1986, de la politique néolibérale par les gouvernements qui se sont succédé sur le territoire national,
Dans différentes prises de positions, acheminées à l’agence en ligne AlterPresse, ces secteurs sociaux nationaux souhaitent la poursuite de la mobilisation, par la population haïtienne, pour mettre fin à la « politique néolibérale et encourager des initiatives visant à l’amélioration des conditions de vie dans le pays.

L’organisation féministe Kay Fanm (La Maison des femmes), la Solidarité des femmes haïtiennes (Sofa), Batay Ouvriye (Luttes ouvrières), les prêtres jésuites d’Haïti, ainsi que le Mouvement démocratique et populaire (Modep) figurent parmi les organisations ayant exprimé des revendications pour un plan de développement soutenu, reflétant une vision basée sur l’intérêt collectif national.

Ces différentes organisations et/ou institutions demandent au peuple haïtien d’amplifier leur mobilisation en vue de forcer les autorités concernées à mettre un terme à la « politique néolibérale » appliquée dans le pays depuis plus d’une vingtaine d’années.
Pour ces secteurs sociaux, les récentes levées de bouclier de la population haïtienne sont la conséquence de la politique néolibérale mise en oeuvre dans le pays.
Signalant que la politique néolibérale est appliquée, sans les mêmes conséquences, dans d’autres pays des Caraïbes, certains économistes haïtiens voient ailleurs les causes des émeutes de la faim, comme celles enregistrées la semaine dernière dans diverses villes du pays.

D’autres économistes estiment que les dirigeants haïtiens vont, en général, trop loin dans la politique néolibérale, offrant aux institutions internationales l’opportunité de prendre des mesures beaucoup plus drastiques que celles préconisées.
Aujourd’hui, le tarif douanier pratiqué en Haïti sur les importations de biens de consommation courante s’avère le plus bas de toute la région, en moyenne 2.9%.

Pour sa part, la Solidarité des femmes haïtiennes opte pour l’application de politiques capables d’aboutir à des solutions durables. Des dispositions doivent être prises au niveau de l’Etat pour augmenter l’assiette fiscale et pour permettre à la population de mesurer les impacts visibles de ces politiques de développement durable.

La présidence de la République, selon Sofa, doit prendre des mesures urgentes et appropriées, en liant le geste à la parole, pour soulager la misère du peuple haïtien.
Une note, en provenance de la Faculté des Sciences humaines de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh), suggère la fixation du salaire minimum à 300 gourdes [Ndlr : US $ 1.00 = 37.75 gourdes aujourd’hui, la monnaie nationale], la baisse des prix de l’essence dans les stations-services et celle des produits de première nécessité.

Tout en souhaitant, par ailleurs, le départ du pays de la Mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah). les signataires de cette note plaident pour la fin des révocations massives à la compagnie nationale de téléphonie (Téléco). Ils demandant également au gouvernement de cesser d’investir des sommes mirobolantes dans les voyages à l’étranger ainsi que dans l’achat de voitures.

Le Kolektif solidarite idantite ak libète (KSIL) – Collectif de solidarité, d’identité et de liberté – croit important de décréter l’état d’urgence, durant une période de six mois en Haïti, et de former un gouvernement restreint, composé de personnalités conscientes des desiderata de la population.
La stabilité politique, préconisée par l’équipe au pouvoir, avait pour objectif, selon KSIL, de satisfaire les caprices de la communauté internationale, représentée par la Minustah.
Toute politique, qui ne vise pas les revendications de la population, est vouée à l’échec, selon ce collectif de citoyennes et citoyens.

Face à la situation socioéconomique désastreuse du pays, les masses populaires haïtiennes doivent assumer leurs responsabilités historiques, selon l’organisation Chandèl dans un communiqué.

De leur côté, les prêtres jésuites de l’église catholique romaine estiment que le peuple haïtien doit « continuer d’appeler, de crier et de convoquer ceux et celles que tu avais choisis pour te servir » tout en l’invitant à choisir la voie de « la non-violence organisée et soutenue ».
Pour les prêtres jésuites, cette situation de misère qui prévaut en Haïti relève, entre autres, de « l’incapacité totale de la majorité de nos gouvernants à faire face aux problèmes fondamentaux de la société » et de « l’absence totale d’une opposition politique constructive, susceptible de contrôler et de stimuler l’action gouvernementale au bénéfice de la nation ».
Cette situation de misère, ajoutent les prêtres jésuites, découle également de « l’annihilation totale de la fonction politique du Parlement au moyen de procédés malhonnêtes, tels que les pots de vin, la corruption ».

Cependant, ces secteurs invitent la population à manifester pacifiquement contre la hausse du coût de la vie.
« Le peuple doit rester mobilisé pacifiquement, sans se laisser intimider par des individus malintentionnés s’adonnant à des actes de vandalisme et de pillage », indique l’organisation Kay Fanm dans sa note de presse.
D’autres organisations sociales partagent toutes ces positions, exprimées par des secteurs vitaux de la société haïtienne, tout en espérant la poursuite des mobilisations contre la cherté de la vie.
Les émeutes de la faim, survenues en Haïti au cours des dernières semaines, ont fait au moins 6 morts, plusieurs blessés ainsi que d’importants dégâts matériels.
Ces tensions sociales ont occasionné le renvoi du gouvernement de Jacques Edouard Alexis, sanctionné par un ensemble de 16 sénateurs, lors d’un vote d’interpellation tenu le samedi 12 avril 2008.
Un nouveau premier ministre doit être désigné sous peu par le président René Garcia Préval, en accord avec les présidents des deux chambres du corps législatif.
Entre-temps, des rumeurs circulent quant aux noms de personnalités « premiers ministrables ».

Est-ce à dire que des solutions durables à la crise seront à la fois économiques et politiques pendant les semaines à venir...[do rc apr 14/04/2008 19:00]

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