mercredi 16 avril 2008

UNE REVOLUTION AGRICOLE EN HAITI: LE CHANTIER DE L'AVENIR

Une révolution agricole en Haïti : le chantier de l’avenir !

mercredi 16 avril 2008

Article d’Agropresse [1]

Soumis à AlterPresse le 15 avril 2008

Le marché de riz en Haïti dépasse plus de 8 millions consommateurs. La production rizicole locale correspond à environ 20 % de la consommation nationale. Le reste – 80 % – est satisfait à partir des importations et de l’aide alimentaire. Le riz importé en Haïti provient d’une vingtaine de pays, parmi lesquels les États-Unis, avec 70 à 80 % des approvisionnements.

La production nationale, estimée à 125 000 tonnes métriques (TM) en 1985, est passée à environ 90 000 TM. 60 % de cette production proviennent de la Vallée de l’Artibonite et le reste (40 %) des autres périmètres du pays tels Maribahoux, Torbeck, St Raphael, Grison-Garde, etc.
En ce qui concerne la filière maïs, elle jouit d’une importance stratégique en Haïti compte tenu du nombre élevé de sous-produits auxquels le maïs donne lieu. De plus, cette denrée est cultivée par un nombre élevé d’exploitants agricoles. Les départements géographiques les plus concernés par cette culture sont : le Centre, le Sud, le Sud-Est et l’Artibonite.

La plaine des Cayes est l’un des plus grands centres de production de maïs dans le pays. Haïti aurait plus de 300 000 producteurs de maïs dont 10 % dans la plaine des Cayes. Les producteurs et leurs familles sont estimés à 1,5 million de personnes. Pour l’ensemble du pays, 240 000 tonnes métriques de maïs ont été produites en 2004.

L’augmentation de la production du riz et du maïs est essentielle pour réduire l’insécurité alimentaire, laquelle touche un segment important de la population haïtienne. Selon un rapport publié par la Plate-forme nationale de la sécurité alimentaire (PNFSA, 2005), il existe un déficit de 15,4 % au niveau de l’offre alimentaire en Haïti, laquelle comprend la production locale, les importations et l’aide alimentaire.
En raison du déclin de l’agriculture haïtienne, l’offre locale affiche une tendance à la baisse. La filière céréale, à travers la production de riz et de maïs, illustre très bien la situation de décroissance de la production nationale.

La baisse de la production nationale, particulièrement le riz, s’est produite parrallèlement à l’accroissement des importations de céréales. Depuis 1986, les aliments importés occupent, en effet, une place de plus en plus importante dans la disponibilité alimentaire haïtienne. La capacité des exportations à financer les importations se détériore au fur et à mesure. De 70 % en 1970, cette capacité est passée à 54 % en 1991, à 35 % en 1996 et 32 % en 2006.

Insécurité alimentaire : des formes diverses
La situation d’insécurité alimentaire prévalant en Haïti se manifeste sous plusieurs formes. La dépendance du pays vis-à-vis des ressources externes en est une première forme.
Les importations de produits alimentaires sont financées dans une large proportion par des capitaux étrangers, provenant de l’aide internationale et des transferts de fonds des travailleurs haïtiens vivant à l’étranger.

Or, le pays ne maîtrise pas le mouvement de ces capitaux. À n’importe quel moment, une rareté de devises peut être créée. Par conséquent, les difficultés à financer les importations peuvent conduire à une hausse des prix sur le marché local. Les ménages en seraient fortement affectés dans leur possibilité de se procurer une ration alimentaire suffisante.

D’autres facteurs conduisent également à l’insécurité alimentaire, comme par exemple : l’instabilité politique, la mauvaise gouvernance économique, la faible structuration de la société civile, les inondations et les sécheresses, et un manque de vision en matière des politiques alimentaires (PNFSA, 2005). À ces facteurs, il faut ajouter la hausse des prix sur le marché international.

Les données disponibles montrent que l’insécurité alimentaire est massive et largement étendue en Haïti. Les 2,4 millions d’Haïtiens, vivant en situation d’extrême pauvreté (avec moins d’un dollar américain par jour), sont les plus exposés.
Selon les prévisions de l’Institut haitien de statistique et d’informatique (IHSI), la population d’Haïti passera à 17 millions d’habitants en 2030. Par conséquent, la demande en produits alimentaires continuera de s’accroître suivant un rythme soutenu. Ce qui conduit à la nécessité de renforcer les filières agricoles porteuses.

Le gouvernement haïtien annonce une réduction prochaine du prix de l’engrais. Cette mesure pourrait être inscrite dans une stratégie globale et de long terme pour favoriser l’accès à l’engrais. Parrallèlement d’autres mesures pourraient être envisagées. Il s’agit, entre autres, de l’amélioration des conditions de transformation des céréales, en particulier, et des produits alimentaires, en général.

Il y a lieu aussi d’apporter un soutien aux secteurs agricole et agro-industriel pour améliorer la qualité et la présentation des produits. L’ensemble des mesures pourraient être couronnées par un meilleur accès au crédit au bénéfice de la production nationale.

Une révolution verte en Haïti : un grand chantier à envisager

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