lundi 1 octobre 2012

MARTELLY PEUT-IL SAUVER SON MANDAT - Par Marc-Arthur Pierre Louis - Soumis à Tout Haïti ce 1er Octobre 2012 - Je n'ai pas supporté le renversement d'Aristide en 2004, ce n'est pas aujourd'hui que je vais supporter aucune tentative qui viserait à renverser le président Martelly malgré toutes les irrégularités qui facilitèrent son ascension à la première magistrature de l'état. Comme je le dis toujours, la démocratie c'est défendre les droits de l'autre comme si sa vie en dépendait, comme s'ils étaient les siens. Le démocrate que je suis, veux que le président achève son mandat. C'est ce qui serait mieux pour notre frêle démocratie. Renverser Martelly n'est pas, de loin, ce dont le pays a besoin en ce moment. Cependant le capital politique que Martelly a amassé à son arrivée a été dilapidé, effrité, pulvérisé. Cela est nettement visible dans les trois plus grandes métropoles du pays qui l'ont propulsé au palais national. Les Cayes qui furent le fer de lance de son élection se soulevèrent en premier et cela était un très mauvais signe que ses bases commencèrent à le lâcher. Lorsque le Cap qui le porta en apothéose lors de ses tournées entra en éruption en deux occasions et annonce une grève générale pour le premier Octobre et que Port-au-Prince s'embrasa aujourd'hui tout en scandant des slogans anti-Martelly et en réclamant son départ du pays les choses se corsent et n'augurent rien de bon pour le pouvoir en place. Il semble que Martelly n'a pas apprécié la dynamique de la grande majorité du peuple Haïtien qui ne chérit pas les idéaux démocratiques par ce que justement personne ne les lui a enseigné. Cependant tout comme St Thomas d'Aquin disait qu'il faut un minimum de bien-être pour exercer la vertu, les vertus démocratiques réclament un minimum de bien-être, un strict nécessaire. Dans presque tous les pays du monde si le peuple ne mange pas à sa faim et si les services les plus élémentaires sont hors de sa portée on peut s'attendre à des émeutes et à des chamboulements. Ce qui va exacerber la situation c'est la présence de ses ennemis politiques qui profitent du moindre faux-pas pour capitaliser et creuser votre tombe politiquement. Le gouvernement Martelly parle d'un laboratoire de déstabilisation. Il est quasi certain que ce laboratoire existe. Cependant ce gouvernement lui a rendu la tache absolument plus facile. Si à ce laboratoire de déstabilisation le gouvernement n'oppose que son propre laboratoire de crises tous azimuts alors le mélange devient caustique, volatile, et peut exploser à tout moment. Il est évident que le schéma du pouvoir tel qu'il se découpe dans la pensée du chef d'état est rétrograde par ce que calqué sur le modèle duvalérien ou le leader est un chef suprême qui prend des décisions auxquelles ses subalternes s'empressent de donner une couverture légale la majeure parties des cas au prix des grandes contorsions et gymnastiques dénaturées. Cependant ces manœuvres ne sont plus à l'ordre du jour dans la période post 1987. La peur qu'inspiraient les hommes de main des gouvernements passés n'existant pas aujourd'hui il est extrêmement difficile de faire avaler des couleuvres au peuple comme ce fut le cas dans le passé. Ce n'est pas que les hommes du pouvoir n'ont pas essayé mais la stratégie s'est retournée contre eux toutes les fois. On n'a qu'à consulter les incidents Bélizaire, Apaid et Morno et Sénatus pour se rendre compte de la nouvelle fragilité de l'exercice des manœuvres d'antan extrêmement efficaces à museler l'opposition. Il n'est pas trop tard à Martelly de sauver son mandat cependant il ne devra pas commettre les erreurs de ses prédécesseurs et surtout il devra dompter sa propre capacité à créer des situations explosives. Dans la situation actuelle ou il se trouve, en plus des vautours qui l'entourent qui ont le potentiel de le ruiner complètement, l'ennemi le plus farouche de Martelly est le Sweet Micky dynamique, polémiste hors pairs et qui va constamment au devant des défis, provocations et bagarres de toutes sortes et qui fait fi des lois établies ou cherche toujours le moyen de les contourner, en d'autres mots l'aura du bandit légal. Si Martelly veut réussir son mandat il devra commencer à se conduire complètement en chef d'état. Il n'est pas impossible de projeter cette image mais il lui sera extrêmement difficile car l'ennemi qui est dans son sein peut frapper mortellement à un moment ou l'on s'y attendait le moins. Il doit d'abord pacifier les foules. Un discours de grande envergure à la nation ou il peut en faire une livraison ininterrompue qui prendra tout le talent des rédacteurs de discours pour trouver les mots justes est une nécessité impossible à contourner. Ce discours devra assumer toutes les erreurs commises avec des promesses certaines de correction et comme gages des mesures immédiates garantes de sa bonne volonté. Il faudra une assurance que les dépenses inutiles vont cesser avec un assainissement de son entourage et démontrer sans équivoques des mesures d'austérité au sein de la présidence même pour une parcimonie des deniers publics qui indique que le chef de l'état sent la souffrance des masses et fait preuve d'empathie avec elles. Avec cela l'annonce de mesures visant à contrecarrer la cherté de la vie devra être faite de sitôt. Certains arrêtés controversés devront être rappelés et cela montrerait une volonté ferme de redémarrer. La promesse de meilleures relations avec le parlement et une visite extraordinaire effectuée dans l'enceinte de ce corps avec un discours conciliateur empreint d'humilité et une main tendue à ses adversaires politiques sera un grand pas dans la bonne direction et un événement rare qui enverrait un signal positif au pays aussi bien qu'a ses amis. Il sera nécessaire de travailler à l'affermissement des relations du département de liaison avec le parlement et surtout un remaniement des protocoles qui gèrent ces relations sera aussi un signe distinct de détente et un désir arrêté d'en finir avec les antagonismes caractéristiques de ce bras de fer en permanence entre les deux pouvoirs. Martelly devra en appeler à tous ses talents de communicateur pour gagner à sa cause ceux qu'il a perdu et surtout de créer une disposition chez les sceptiques à vouloir lui donner une chance de l'observer pendant une période de temps. Il devra aborder sa présidence comme s'il commençait maintenant et devra se défaire complètement de l'opinion du pouvoir avec laquelle il a pris le pouvoir car le peuple sent qu'il a été dupé. Il devra donner les signaux indubitables qu'il veut désormais et irréversiblement mettre les intérêts de la nation au dessus des siens et intimer à ses collaborateurs l'essence du nouveau programme et leur donner l'opportunité de se retirer s'ils pensent qu'ils n'ont pas la capacité de se soumettre au nouveau régime. Il fera la promesse de livrer une lutte sans merci à la corruption, au népotisme, au trafic des stupéfiants et surtout à l'insécurité avec des mesures tangibles montrant une intention nette d'œuvrer et de réussir dans ces domaines. Il devra en appeler à la conscience citoyenne de tous les fonctionnaires de l'état et surtout du parlement et inaugurer une ère nouvelle dans les relations avec les pouvoirs du pays. Martelly devra se rappeler qu'il avait fait des promesses qu'il n'a pas livrées. Notamment qu'il allait laisser Conille diriger après l'incident Bélizaire, qu'il allait faire une rupture complète avec les systèmes du passé, construire des universités, décentraliser le pays et tant d'autres. Un Martelly contrit et qui explique pourquoi il n'a pu tenir ses promesses et surtout qui fait état d'une volonté dure comme l'acier à changer de direction et à promouvoir une période de paix sur tout le territoire peut renverser la vapeur s'il est complètement honnête. Il devra se rappeler que les crises avec le parlement ne sont rien en comparaison avec les crises avec le peuple qui peuvent tout chambarder en un laps de temps très court et que jouer avec les sentiments du peuple est jouer avec un feu qui peut tout embraser et dévorer. Donc il n'aurait aucun intérêt à présenter une image au peuple qui ne serait pas la vraie. Qu'il se rappelle comme relaté plus haut que le peuple se soucie, malheureusement, guère des idéaux démocratiques et que des pays comme les Etats Unis vont l'abandonner à son sort et même lui demander de partir dès qu'ils perçoivent une volonté arrêtée du peuple de se débarrasser de lui. Qu'il se rappelle que la mesure d'un pays est souvent la mesure de son leader. Les destinées de Martelly sont entre ses mains. Qu'il se rappelle de cette pensée : Il y a des gens qui font l'histoire; il y en a que fait l'histoire. Ces derniers doivent lui rendre la réciprocité si le cycle de vie doit continuer. C'est en les créant que l'histoire se recrée. Mr. Martelly a été créé par l'histoire mais plus il oublie cette réalité plus il se met en position de nier la possibilité à l'histoire de se recréer sans des déchirures atroces. Mais s'il se dit qu'il a des redevances à l'histoire chaque fois qu'il se regarde dans un miroir alors il mettra tout en œuvre pour rendre à l'histoire sa réciprocité pour que le cycle de vie chez nous se préserve. Par Marc-Arthur Pierre Louis

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